Un inventaire du patrimoine est nécessaire sur les deux sites car « on ne protège bien que ce que l’on
connaît bien » disait Albert Lucas, président de la Société pour l’Etude et la Protection de la Nature en
Bretagne dans les années 1960. Pour mieux protéger un patrimoine, il faut le connaître, c’est pourquoi
un inventaire du patrimoine culturel s’impose sur les deux sites. Cette action a pour but de recenser,
d’étudier et de faire connaître le patrimoine. La loi congolaise relative à la protection du patrimoine
national culturel et naturel est claire à ce propos ; elle oblige une inscription à inventaire pour assurer la
protection du patrimoine national(32). La méthodologie mise en oeuvre va consister à constituer pour
chaque pratique une masse documentaire homogène comprenant des dossiers descriptifs, des plans,
des photographies et une bibliographie au moyen d’une grille d’analyse et de vocabulaires normatifs.
Aussi, il sied de préciser qu’il est nécessaire, avant l’exécution de tout travail, de procéder à une
délimitation de la zone à inscrire et de la zone tampon de façon à circoncire le bien à inscrire sur la
liste du patrimoine mondial.
Le port de Loango est fortement menacé du fait qu’il borde la mer ; il est donc rongé par l’érosion
marine. La cause principale de l’érosion actuelle est due, selon toute probabilité, au blocage du transit
sédimentaire du sable du Sud vers le Nord par le port de Pointe-Noire et les activités de dragage qui y
sont menées. Pour lutter contre cela, la solution la plus évidente (et pas forcément la plus coûteuse si
elle était possible) sera donc de réinjecter de façon bien étudiée le sable, en suivant l’axe depuis la
Pointe indienne jusque devant le site et au-delà.
En même temps, il faudra rétablir le transit littoral à partir du port de Pointe-Noire en réinjectant les
sables dragués au niveau du port (tous les ans ou tous les deux ans) dans une zone de reprise du
sable au Nord. Il s’agit d’opérations courantes pour les spécialistes du dragage ; d’où la nécessité
d’ériger un important cordon littoral et contrer les effets des vagues par de lourdes chaussées. Il
conviendra donc de mettre en place une ceinture de sécurité physique pour sauver Loango. Pour cela,
il faudra protéger le littoral par des enrobements tout le long de la baie et mettre en place des épis
perpendiculaires entre les deux rangées.
D’autre part, il s’agira de réparer le débarcadère et d’aménager la zone portuaire ; ce qui constituera
une opération assez simple si déjà l’érosion marine est stoppée. Sur le site même, il est à noter que la
stèle qui est la place symbolique du départ des caravanes nécessite d’être restaurée ; il en est de
même pour les sentiers des esclaves. Ces travaux seront exécutés par la population locale qui aura
subi la formation en restauration et conservation.
Le cimetière de Loango, quant à lui, a presque disparu de moitié à cause des éboulements provoquant
des ravins ; il faut donc entreprendre des actions urgentes qui consisteront à remblayer les ravins et à
canaliser les eaux de pluies pour qu’elles n’atteignent plus le site de manière violente.
En outre, avec la collaboration des autorités administratives locales et des propriétaires fonciers, des
mesures seront prises au niveau communautaire pour renforcer les textes juridiques déjà existants : il
s’agira donc d’amener les autorités locales à prendre des arrêtés ou d’autres dispositions
contraignantes afin d’assurer une protection supplémentaire du site et de définir les zones tampons afin
d’avoir une meilleure protection des biens culturels. Dans le même sens, il conviendra de réglementer
les projets de développement urbain afin que ceux-ci n’affectent pas l’intégrité et l’authenticité du site.
Par ailleurs des travaux d’assainissement seront entrepris pour rendre le site plus accueillant, plus
accessible et plus visible.
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