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4.5.2 Les activités au domaine royal de M’bé

Ce domaine est menacé par les feux de brousse qui parfois tournent au tragique lorsqu’ils atteignent
l’habitat. En effet, les paysans pratiquent encore la culture sur brûlis qui détruit sérieusement le site
dans son authenticité. D’autre part, il faut souligner le déboisement des forêts sacrées par les
populations locales ; mais il faut tout de suite préciser que ces pratiques tendent à disparaître avec
l’entrée en vigueur du code forestier interdisant l’abattage des arbres et la culture sur brûlis. En effet,
pour ce qui est des feux de brousse et les incendies de forêts, l’article 138 du code forestier dispose
que : « quiconque aura, par imprudence, négligence, inattention ou inobservation des règlements pris
en application de la présente loi, causé un incendie dans le domaine forestier permanent, sera puni
d’une amende de 20.000 à 200.000 FCFA, d’un emprisonnement d’un an maximum ou d’une de ces
deux peines seulement »(33). L’article 140 du même code stipule que « quiconque aura déboisé ou
entrepris de déboiser, par quelque moyen que ce soit, une parcelle de forêt en violation des
dispositions de l’article 31 ci dessus ou des règlements pris en application de la présente loi, sera puni
d’une amende de 100.000 à 500.000 FCFA et/ou d’un emprisonnement d’un à six mois(34) ».

L’essentiel des activités va donc consister à sensibiliser la population locale sur les méfaits de la
pratique de culture sur brûlis et du déboisement qui, non seulement détruisent l’environnement, mais
aussi appauvrissent le sol. Il conviendra d’organiser des séances d’informations de façon régulière afin
de développer la conscience environnementale de la population locale sur la gestion des feux et de
renforcer l’application de la loi n°16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier. Toutefois, il faut
souligner que les résultats de l’entrée en vigueur de cette loi se font déjà ressentir.
Aussi, il nous a été donné de constater que l’habitat traditionnel qui caractérisait la culture Téké a
disparu. Des recherches visant à comprendre le mode d’occupation et d’organisation de l’habitat
traditionnel vont être initiées dans le but de le réintroduire. Les restaurations seront donc réalisées avec
des techniques traditionnelles de construction sur la case royale et les autres édifices encore
existants, présentant un intérêt architectural ; notre intervention va porter sur :

– La restitution des façades de l’époque et leur maintien dans l’état où elles se trouvent afin de
rétablir l’unité du bâtiment orignal ; ce qui va nécessiter la consolidation des sous bassements
et des charpentes existantes.
– La consolidation des structures qui va consister en un renforcement des éléments défaillants
sans rien détruire, dans le respect de l’intégrité du système structural original. Il conviendra
pour cette opération d’utiliser des matériaux et des techniques traditionnelles.
– La prise et la mise en application des mesures de conservation sur l’ensemble du site tant au
niveau local qu’au niveau national (arrêtés municipaux et préfectoraux).
– La reconstruction des parties manquantes sur les édifices sélectionnés en respectant au mieux
possible les matériaux d’origine.

Cependant, il faut noter que les études techniques préliminaires seront menées par un cabinet
d’experts spécialisé en architecture traditionnelle pour garder l’authenticité du bâti et ne pas dénaturer
les vieilles constructions. Il faudra donc s’appuyer sur une documentation historique pour procéder aux
restaurations. Dans ce sens, avec la collaboration du Gouvernement, des populations locales et du
pouvoir royal, il conviendra d’étudier la mise en place de pratiques culturales alternatives qui
permettront de mieux protéger les forêts et l’habitat traditionnel du domaine royal. De plus, la mise en
application effective de la loi 16-2000 du 20 Novembre 2000 portant Code forestier en République du
Congo va permettre de réduire fortement l’abattage des arbres dans le domaine royal.
En tout état de cause, qu’il s’agisse du domaine royal de M’bé ou de l’ancien port d’embarquement des
esclaves de Loango, il convient de mettre en place une véritable politique de conservation préventive
car les biens restaurés doivent être entretenus de manière professionnelle par la suite afin qu’ils
puissent résister à la dégradation naturelle et humaine.

Pour ce qui est du patrimoine immatériel sur les deux sites, Il nous appartiendra donc d’en assurer la
collecte, la conservation, la diffusion et la valorisation afin de le transmettre aux générations futures. Ce
travail se fera par la mise sous support (cassettes, écrits, CD, films…), la constitution des archives et
les enquêtes ethnologiques pour recueillir cette tradition orale et populaire, la pérenniser et la
perpétuer. Pour cela, nous allons procéder par :
– L’utilisation des supports d’informations modernes : disques compacts, bandes magnétiques ;
– Des techniques de restauration des supports d’informations modernes détériorés ou
endommagés.

Ce travail va être mené en collaboration avec des structures dynamiques de sauvegarde et de
promotion du patrimoine immatériel qui est une composante essentielle de la culture et donc de
l’identité locale. Dans ce sens, nous allons nous inspirer de l’expérience des structures comme le
Centre des Arts et du Récit de Grenoble (CARG), le Centre de Littérature Orale de Vendôme (CLIO) en
France ; la Maison des Contes de Namur (MCN) en Belgique, l’Institut du Patrimoine Culturel et le
Musée de la mémoire vivante au Québec. Il s’agira donc de nouer des partenariats avec ces structures.
Les Téké disposent d’une grande connaissance de la nature et de l’univers. C’est le cas de la
médecine traditionnelle (traitement des diverses maladies, la chirurgie traditionnelle, l’immunisation du
corps, etc.), la fabrication du sel, la fabrication des médicaments traditionnels à partir des ressources
forestières, etc. Il convient donc d’assurer une transmission du savoir et du savoir-faire Téké
notamment l’artisanat traditionnel et la tradithérapie dans le domaine royal de M’bé. Dans ce sens, il
convient de former les jeunes à la fabrication du raphia et de la peinture ainsi qu’à la production des
fixateurs pour la teinture à base des ressources naturelles.

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