Notre travail est une contribution à la protection du patrimoine culturel et à la gestion efficiente de
l’environnement. Dans ce sens, nous envisageons une politique de protection de l’environnement au
sein duquel se trouvent le port de Loango et le domaine de M’bé. En effet, le tourisme et l’exploitation
irresponsables du site et de son patrimoine peuvent engendrer une dégradation du bien. Pour éviter
cela, des mesures de précaution, compensatoires et conservatoires seront mises en oeuvre et
évaluées pour limiter et compenser les impacts du tourisme sur la qualité de vie des populations
locales et sur l’environnement. Notre projet de protection et de valorisation fera application des trois
indicateurs composites définis par l’OMT et qui sont particulièrement bien adaptés à la mesure des
coûts et avantages écologiques de l’écotourisme. Il s’agit de :
– L’indicateur de capacité de charge qui permettra de déterminer le nombre maximum de
touristes par site en tenant compte de l’intensité d’utilisation en période de pointe.
– L’indicateur de perturbation de site qui permettra de réaliser une mesure composite des
niveaux d’impact sur le site compte tenu des particularités naturelles et écologiques.
– L’indicateur d’intérêt écologique qui sera un outil devant permettre de mesurer les
particularités écologiques du site qui le rendent attrayant pour l’écotourisme et qui peuvent
changer avec le temps et la fréquentation touristique.
Ces indicateurs ont pour rôle principal d’établir une surveillance des sites et de leur patrimoine sur le
plan écologique et environnemental(35). Pour y arriver, il faut donc sensibiliser la population résidente à
un effort d’assainissement en encourageant le développement d’initiatives privées entrepreneuriales de
traitement d’ordures et de déchets. En amont, un accent sera mis sur l’information des touristes quant
à l’interdiction de l’utilisation des déchets nocifs et toxiques dans et autour du site. De même seront
encouragés les visites guidées pédestres, le réseau de véloroutes et voies vertes afin de réguler
l’accès des touristes, de préserver l’intégrité des sites et de limiter les dégâts environnementaux.
Cependant, il faut noter la nécessité pour les deux Ministères (Culture et Environnement) de travailler
en transversalité afin que tous les aspects soient pris en compte.
Tableau 1 : Déroulement des activités sur 19 mois pour chaque site.
Il sied de noter qu’un accent particulier sera mis sur la sensibilisation de la population locale en vue de
la réussite du projet. Il conviendra pour nous de mettre d’accord tous les concernés et de convaincre
les plus sceptiques pour éviter les retards dans l’exécution des travaux et dans le financement. Cette
sensibilisation doit être permanente et elle va consister à expliquer à tous le bien fondé du projet. Ainsi,
une fois tous les partenaires associés, nous pouvons envisager de mettre en oeuvre notre projet.
Cependant, il faut préciser que ces travaux doivent être exécutés en vue de l’inscription des sites au
patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour cela, notre travail va contribuer à l’élaboration du dossier final
qui sera présenté à l’UNESCO pour l’inscription des sites au patrimoine mondial. Le travail
d’élaboration du dossier final portera sur le bien à inscrire lui-même ; il faudra donc procéder, pour les
deux sites à :
· L’identification pour donner une description géographique du pays et de la région et de la
localité dans lesquels se situe le bien ainsi que la délimitation de la zone d’inscription et de la
zone tampon évaluée en hectare. Elle est accompagnée des cartes, plans et nom du bien.
· La description du bien pour faire un état :
– Des conditions géologiques exceptionnelles et des enjeux économiques, humains et
politiques indispensables dans la vie quotidienne d’antan.
– De l’historique et du développement mettant en relief l’historique des sites et son état
actuel ;
· La justification de l’inscription pour exposer :
– Les critères selon lesquels l’inscription est proposée. En effet, le domaine royal de M’bé est
sur la liste indicative selon les critères (v) et (vi) et l’ancien port de Loango l’est selon le
critère (vi). Le critère (v) exige que le site soit « un exemple éminent d’établissement
humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit
représentatif d’une ou des cultures, ou de l’interaction humaine avec l’environnement,
spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l’impact d’une mutation
irréversible ». Le critère (vi) mentionne que le site « doit être directement ou matériellement
associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des
oeuvres artistiques et littéraires ayant une signification exceptionnelle universelle. L’ancien
port d’embarquement des esclaves de Loango possède, à ce jour, les principaux vestiges
qui témoignent encore de l’importance du site comme point d’embarquement des millions
d’esclaves. Le domaine royal de M’bé quant à lui illustre un exemple imminent de
l’interaction du peuple Téké avec son environnement, un mode de vie ayant résisté à
toutes les mutations.
– Le projet de déclaration de valeur universelle exceptionnelle qui expose l’importance que
revêt le site ; une importance d’amplitude chronologique au cours de laquelle a perduré les
deux cités royales. Cela est illustré pour le port de Loango par le fait qu’il a été témoin de
ce commerce inhumain qu’est la traite de nègres et pour le domaine de M’bé par des
croyances et traditions vivantes qui ont permis à cette entité de résister aux continuelles
mutations modernes.
– L’analyse comparative en référence à d’autres sites déjà classés patrimoine mondial ; en
l’espèce le port de Loango peut être comparé à la route de l’esclave de Ouidah au Bénin et
le domaine de M’bé aux palais royaux d’Abomey toujours au Bénin.
– L’intégrité et /ou l’authenticité du site qui doit faire ressortir l’état original actuel des sites et
détermine si ceux-ci ne sont pas affectés, menacés de destruction ou de disparition.
· L’état de conservation du bien pour constater la conservation actuelle et les facteurs affectant
le bien. Il faut, en effet noter, que le port de Loango est menacé par l’érosion marine et le
domaine de M’bé par la culture sur brûlis et la déforestation.
· La protection et la gestion du site est, à notre avis, le point sur lequel un accent particulier sera
mis ; celle-ci devra faire mention :
– Du droit de propriété dont dispose les communautés locales, renforcé par les différentes
protections de l’Etat depuis leur inscription sur la liste indicative.
– De la mise en place des Zones de Protection du Patrimoine qui délimitent un périmètre de
protection patrimoniale devant servir à l’élaboration de la zone tampon et de la zone à
inscrire pour l’UNESCO.
– De la protection des sites à titre de patrimoine national (loi n°8 et 9 du 26 juillet 2010
précitées) et leurs différents inventaires supplémentaires à ce titre. Les moyens
d’application des mesures de protection devant se référer à la législation en vigueur tant
au plan national qu’international. Aussi, il conviendra de mettre en oeuvre un plan de
gestion du bien, de tenir compte des enjeux de sauvegarde du patrimoine, de
développement et de l’environnement.
– Des compétences requises pour la conservation, la protection, la valorisation et l’entretien
du site qui relèveront des services de l’Etat qui en assureront le contrôle.
– De l’appel à partenariat dans le cadre du financement en vue d’obtenir l’engagement de
tous les partenaires.
– Des aménagements dans le site en vue non seulement d’améliorer les conditions
générales d’accueil des publics (panneaux de signalisation routière, espace de
stationnement, circuit et parcours touristiques…) mais aussi l’accueil en hébergement et
restauration autour des sites (hôtels, chambres d’hôtes, gîtes, camping…).
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