Ce concept nouveau dans le lexique des Ivoiriens englobe l‘éventail des divers processus et mécanismes mis en oeuvre par une société, pour tenter de faire face à des exactions massives commises par le passé, en vue d‘établir les responsabilités, de rendre justice et permettre la réconciliation. Et ce, dans un contexte d‘institutions dévastées et/ ou en berne, de ressources nationales épuisées, de sécurité compromise, de populations traumatisées et divisées. Née de la recherche d‘un équilibre entre justice pénale ordinaire et les mécanismes traditionnels de réconciliation des communautés, l‘une des finalités de la justice transitionnelle, est de mettre en place des garanties de non répétition des violations graves des droits de l‘Homme et du droit humanitaire, commises dans le passé.
Cet outil privilégié de maintien de la paix et élément de lutte contre l‘impunité et le respect des droits de l‘Homme, s‘invite donc en Côte d‘Ivoire. Mais, qu‘est-ce que la justice transitionnelle ? Pourrait ainsi s‘interroger le citoyen lambda. De l‘avis de différents experts locaux que nous avons rencontrés, la justice transitionnelle, étape dans un processus de sortie de crise, est « un moment clé qui permet de passer de la contestation des pouvoirs dictatoriaux-fortement personnalisés auxquels est bien souvent associée la remise en cause des politiques économiques – à un régime politique stable, de liberté et d‟Etat de droit ». Taxée de gadget politique utilisé notamment par les organisations internationales à des fins de légitimation du déploiement de leurs actions en faveur de la restauration de la démocratie, la justice transitionnelle peut se réaliser à travers quatre axes majeurs.
A savoir les poursuites judiciaires des auteurs de crimes, les initiatives en faveur de la recherche de la vérité en vue d‘appréhender les violations commises par le passé, l‘octroi de réparations aux victimes et l‘exigence de non répétition par la mise en place de réformes institutionnelles, judiciaires et politiques. Tous ces mécanismes visent l‘apaisement et la réconciliation. La Côte d‘Ivoire s‘engage donc dans ce processus avec le désir et la volonté d‘éviter à l‘avenir ce qu‘elle a connu.
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