Si les conclusions de cet examen s’avèrent pertinentes, c’est-à-dire s‘il ne subsiste aucun doute raisonnable quant à la désignation du vainqueur, elles permettraient alors de dégager la responsabilité de ce dernier, et par conséquent d‘imputer la principale responsabilité du déclenchement du conflit au perdant. S’il est vrai que la réalité n’est pas aussi manichéenne, que la vérité est sans doute moins tranchée et plus complexe, cette approche présenterait l’avantage de poser le problème sur une base claire et simple, mais permettant néanmoins d’obtenir un premier niveau d’appréhension cohérente de la situation globale. Elle permettrait également d’éviter le piège d’une combinatoire infinie de causes et d’effets conduisant au dilemme de la poule et de l’oeuf, ou ne conduisant à aucune vision concrète en noyant la perception des vrais enjeux dans un fatras de considérations toutes relativisées. Cette première étape de la réflexion est indispensable et fondamentale pour deux raisons :
Lorsque cela est possible, il est toujours préférable d’établir sans ambiguïté la réalité des faits ayant entraîné comme dans le cas de cette crise, des conséquences importantes en termes de souffrances humaines et de destruction matérielle. Il est important de pouvoir identifier les responsabilités et désigner les vrais coupages, afin d’être ensuite en mesure d’entamer un processus de cicatrisation des blessures et de réconciliation. En ce sens la commission Vérité et Réconciliation mise en place en Afrique du Sud à la sortie de la période d’apartheid a été une formidable thérapie, qui a sans doute permis une transition à peu près maîtrisée et apaisée, et évité une guerre des races.
Des conclusions de cette première étape de l’analyse, découle d‘abord la légitimité de la prétention de l‘un ou l‘autre des candidats à la victoire ; dépend ensuite également l‘appréciation de l’opportunité de l’intervention de la communauté internationale ; dépendent enfin les conséquences possibles de l’issue de ce conflit sur le contexte politique en Afrique pour les prochaines années.
Puis il s’agit d’examiner le rôle joué par les principales instances africaines, en particulier l’Union Africaine et la CEDEAO, ainsi que par les principaux pays africains dont le Nigeria et l’Afrique du Sud etc.…, pour trouver une issue à ce conflit. L’attention est portée sur ce qui a pu apparaître comme insuffisant dans les initiatives entreprises par ces acteurs majeurs, afin de dégager quelques facteurs pouvant rendre leur incidence plus décisive si de tels conflits viennent à se reproduire en Afrique.
Enfin il convient d’examiner la position de l’élite intellectuelle africaine sur ce conflit, à la lumière de la conscience critique, courageuse et éclairée qu’elle a le devoir d’incarner, afin de servir de modèle et de guide pour combattre la mauvaise gouvernance, pour défendre la justice et le faible, et pour contribuer à l’éveil des consciences africaines à la démocratie et à une défense intelligente des intérêts de l’Afrique.
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