Par le simple fait que Laurent Gbagbo se soit opposé à la France, puissance dont le colonialisme est tant honni, de nombreux Africains ont été tentés de l‘élever en héros intrépide dressé contre les oppresseurs de l‘Afrique, et l‘ont presque instantanément lavé de tout péché, y compris celui du refus du verdict des urnes, y compris celui d‘avoir bradé les intérêts économiques de son pays, y compris celui de favoriser le trafic d‘influence de groupes d‘intérêts aux motivations contestables (églises charismatiques, etc.).
S‘opposer ne signifie pas grand-chose en soi, s‘opposer n‘a de sens que lorsqu‘on a un projet de société valable, et surtout lorsqu‘on se donne les moyens de le mener à bien – ce dernier point est capital – pour le bonheur des populations qu’on gouverne. Sékou Touré s’est également opposé à la France en 1958, on a vu le désastre où sa mandature a conduit la Guinée. Il ne suffit pas d‘être « contre », il faut également et surtout être « pour » l‘excellence, apporter des solutions, proposer des pistes de solution réalistes en terme de timing et de chance de réussite.
En ce sens, le cas ivoirien est important pour l‘Afrique, il pourrait servir de jurisprudence pour les élections à venir.
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