Deux tentations sont revenues de manière fréquente dans les articles parmi les plus commentés à propos de cette crise : La tentation de renvoyer dos à dos les protagonistes Ouattara et Gbagbo au motif que trop de sang a coulé. Par une argumentation technique parfois très sophistiquée, ces analyses ont tenté de proposer une issue qui aboutissait le plus souvent soit à l‘élimination des 2 prétendants pour privilégier une troisième piste, soit à la légitimation du verdict d‘institutions politiques (cour suprême notamment) dont il apparaissait à l‘évidence qu‘elles étaient inféodées à l‘une des parties.
Le soupçon systématique d‘une main invisible et omnisciente de la communauté internationale, de la France en particulier, qui imposerait de manière discrétionnaire tous les choix politiques et économiques en Afrique.
Renvoyer tout le monde dos à dos est irresponsable quant aux conséquences qui pourraient en découler (pourrissement de la situation, éternisassions de la confrontation, …). Un tel dénis de responsabilité rappelle Ponce Pilate qui, en renvoyant dos à dos un innocent, Jésus, et un coupable, le brigand Barrabas, aurait de fait condamné Jésus, que pourtant il ne croyait pas coupable, à la crucifixion. Renvoyer dos à dos parce qu‘il y a risque de sang versé, ou même parce qu‘il y a trop de sang versé, est une option dangereuse : elle revient à se laisser submerger par l‘émotion, Oh ! Combien compréhensible, suscitée par tant de souffrance humaine inutilement infligée, mais dont il faut savoir s‘affranchir et garder la tête suffisamment froide pour rechercher lucidement et trouver des solutions justes et durables.
Si une telle logique venait à triompher, il suffirait dorénavant à un adversaire malheureux de tout faire pour pourrir suffisamment la situation pour que la partie adverse cède et consente finalement à un partage du pouvoir. Tout le monde n‘a pas forcément tort lorsqu‘une situation est bloquée. Lorsqu‘il est possible d‘établir des responsabilités, il faut avoir le courage de désigner les coupables sans ambiguïté, la tergiversation favorisant le cafouillage dont tout le monde sort perdant.