Partout où il y a eu des conflits en Afrique, les Nations Unies ont joué un rôle déterminant dans les processus de transformation des conflits. C‘était les cas de la Sierra Leone, du Libéria, de la RDC, etc. et tout récemment de la Côte d‘Ivoire. Non seulement les Nations Unies ont accompagné les acteurs nationaux à consolider la paix mais aussi à s‘engager dans des processus électoraux qui puissent permettre de tourner définitivement les pages des conflits politiques et d‘asseoir de nouvelles institutions de la République désormais auréolées de légitimité qui est en fait un facteur et un moteur de motivation nationale et du développement national.
Plusieurs observateurs ayant suivi le processus électoral pourront certifier que les élections présidentielles de 2010 en Côte d‘Ivoire étaient l‘une des meilleures en Afrique à l‘instar de celles organisées en RDC en 2006. Meilleures en termes de mobilisation de ressources financières, matérielles, humaines etc.… Et d‘ailleurs selon les accords entretenus pour sortir de la crise ivoirienne, les Nations Unies ont eu même les attributions de la certification des résultats : une mission d‘arbitre et du juge sensée départager les acteurs nationaux car c‘était prévisible qu‘on arrive là. L‘issue de ce bras de fer engagé entre le pouvoir ivoirien et la communauté internationale déterminerait l‘avenir démocratique en Afrique.
En d‘autres termes, si Laurent Koudou Gbagbo gagnait ce duel, cela ferait école dans l‘anale de l‘histoire électorale en Afrique. Laurent Gbagbo, aurait très bien assimilé les cours sur la fraude et la corruption électorales que lui aurait inculquée son doyen en la matière lors de sa dernière visite au Togo. Il savait depuis cette visite, que le peuple ivoirien pouvait contester les résultats, les institutions internationales pouvaient condamner les manoeuvres dolosives entretenues, ce qui compte puisque la même méthode a toujours marché dans presque tous les pays d‘Afrique, notamment au Zimbabwe, au Kenya, au Togo, au Gabon, au Burundi, au Tchad, etc.… que seul le temps est le remède à ces contestations et le cap est de tenir mordicus sur le principe de la souveraineté.
Oubliant que c‘est le peuple qui donne et confère la souveraineté à travers justement des élections régulières et transparentes. Laurent Koudou Gbagbo savait que les Présidents des pays comme, le Zimbabwe, le Kenya, le Togo, le Gabon, le Burkina Faso, le Tchad, le Burundi, etc.… tiennent leur légitimité non pas de leur peuple mais cette même communauté internationale félicite ces Chefs d‘Etat pour leur détermination à s‘accrocher au pouvoir et à marcher sur le droit de leur peuple à choisir librement leurs propres dirigeants.
Cependant, si la communauté internationale gagnait ce duel, pas dans le temps mais dans un bref avenir cela ferait école aussi et servirait de jurisprudence électorale dans les pays africains où les Nations Unies pouvait être sollicitées pour certifier les résultats électoraux surtout dans un contexte où presque toutes les élections sont contestées en Afrique. Ce qui a été le cas.
Mais avant d‘en arriver là nous estimions qu‘il est grand temps que les Nations unies se refondent et choisissent soit de soutenir la démocratie partout dans le monde ou de contribuer à son sabotage d‘une manière sélective et au gré de la communauté internationale. Nous pensons que le rôle technique et central que joue les Nations Unies dans les processus électoraux peuvent leur conférer de facto le rôle de certificateur des résultats des élections dans un contexte où les cours et conseils constitutionnels sont souvent instrumentalisés au profit des plus forts. Les Nations Unies ont donc le choix judicieux de choisir entre la démocratisation et l‘optimisation de tous les moyens légaux devant contribuer à la consolidation dans tous les pays africains de la démocratie et la volonté de cautionner par un silence complice l‘arbitraire et la dictature en Afrique. La démocratie et ses valeurs sont des principes universellement connus même si ses pratiques sont spécifiques à chaque pays. Les mêmes valeurs qui font d‘une élection démocratique en France, ou aux Etats-Unis sont les mêmes partout dans le monde et en Afrique aussi et par conséquent les Nations Unies doivent s‘hisser au-delà de la mêlé pour jouer désormais de par son assistance technique et son assistance financière aux processus électoraux en Afrique le rôle de certificateur des élections en Afrique et dont les résultats reflètent véritablement la volonté exprimée dans les urnes. Ce faisant, la communauté internationale aide et contribue à la consolidation de la démocratie et des processus électoraux en Afrique.
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