La fragilité des processus électoraux en Afrique serait due au double langage de diplomatie et de caution politique aux dirigeants postiches par la communauté internationale principalement le Système des Nations Unies à travers son Conseil de Sécurité et ses membres permanents qui au nom des intérêts divers ont souvent soutenu ce qu‘ils n‘admettraient jamais de voir se réaliser dans leur propre pays lorsqu‘il s‘agit des élections en Afrique.
La communauté internationale à travers le Système des Nations Unies devrait comprendre que le silence complice face à la corruption électorale, lorsqu‘il s‘agit des pays comme le Gabon, le Rwanda, le Togo, le Burundi etc.… ont conduit et continue de conduire l‘Afrique et ses dictateurs à se cacher derrière le principe de souveraineté pour entretenir en permanence des parodies électorales pendant que le PNUD est assurée que les élections étant périodiques dans presque tous les pays africains, la communauté internationale le chargerait toujours de coordonner des fonds et d‘assister techniquement les acteurs nationaux dans une aventure sans lendemain. C‘est un cycle et on reprend toujours le même scénario. Sans tenir compte des avancées démocratiques réelles.
C‘est parfois les fonctionnaires des Nations Unies qui défendent bec et ongle les bilans désastreux des élections en Afrique pour avoir géré des fonds inhérents à ces élections et surtout pour rassurer les bailleurs pour la mobilisation de nouveaux fonds à l‘occasion des élections futures. Soyons quand même sérieux pour reconnaître que cette méthode ne marche pas. Tout se passe comme si c‘était des deals aux fondements corrompus et dont le Système des Nations Unies se chargerait d‘embellir la face en certifiant des parodies électorales ça et là par son silence complice.
C‘est la diplomatie. Oui, c‘est la diplomatie, mais elle est vétuste et anachronique cette méthode. C‘est pour cela qu‘au-delà de la mise en danger de la vie des personnes par des révélations de Wikileaks, c‘est quand même un masque qui est tombé. La duplicité du langage diplomatique. Il faut revoir absolument la diplomatie et tenir un langage d‘honnêteté et de fermeté lorsque des intérêts partisans et mafieux conduisent les destinés des peuples à la perdition et à l‘égarement.
Une autre épreuve en la matière, la modification unilatérale des clauses électorales des constitutions des Etats africains sans que cela n‘émeut le Conseil de Sécurité des Nations Unies sachant pertinemment que ce sont des signes précurseurs à la corruption électorale. Blaise Compaoré par exemple sait qu‘il peut toujours et toujours gagner des élections à plus de 80% puis ensuite modifier unilatéralement la constitution de son pays; Paul Biya sait qu‘il meut modifier la constitution pour se représenter autant de fois. Idem pour Idriss Débi, Sassou Nguésso. Faure Gnassingbé sait qu‘il ne peut systématiquement s‘en sortir qu‘en comptant sur ses coups de force.
Tous auraient certainement des soutiens obscurs au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui les défendent en fonction de leurs intérêts. En témoignent l‘usage abusif des textes par la Cour Constitutionnelle du Togo, pour exclure abusivement des Députés qui n‘ont ni un mandat impératif mais qui tiennent leur légitimité des peuples après avoir cautionner sans vergogne la mascarade électorale du 04 Mars 2010 applaudie et saluée par la même Communauté internationale qui en même temps réclame dans le cas ivoirien le respect de la vérité des urnes. Est-ce à dire que Laurent Gbagbo manquerait de soutien au sein du Conseil de Sécurité ?
Mais il semblerait que les choses prennent de nouvelles dimensions au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies. En effet, le débat sur les récentes élections présidentielles en Côte d‘Ivoire donne l‘impression que le Conseil de Sécurité des Nations Unies s‘est maintenant rendu compte qu‘il a trop fait du mal à la démocratie en Afrique et qu‘il fallait en un moment y mettre fin à des cautionnements politiques qui ne diffèrent pas du tout des coups de force. Cet exemple fera école et servira à coup sûr de jurisprudence.
Il y a dans le cas ivoirien un élément qui a fonctionné et qu‘il fallait rééditer à l‘occasion de chaque élection en Afrique pour rassurer les électeurs du respect de leur vote et pour confirmer aux traditionnels bailleurs que les fonds alloués pour la consolidation des élections en Afrique servent bien évidemment à des élections transparentes. Cet élément est la certification des résultats par les Nations Unies.
En effet la culture de la contestation des élections en Afrique s‘enracine de plus en plus à cause de la méfiance des acteurs électoraux aux institutions de la République devenues de plus en plus des instruments partisans utilisés pour servir des intérêts égoïstes et partisans au détriment des intérêts nationaux. Or, non seulement les Nations Unies sont –ils des principaux artisans dans l‘ombre des élections que nous connaissons en Afrique à cause de leurs rôles pluridimensionnels dans les processus électoraux mais aussi pour avoir si souvent servi de coordonnateurs et de gestionnaires des fonds collectés par la communauté internationale en appui aux processus électoraux en Afrique.
Les Nations Unies peuvent et doivent aider à consolider les processus électoraux en Afrique. Elles sont bien placées à certifier les processus électoraux et doivent restés au –dessus de la mêlée pour jouer pleinement ce rôle et assumer son soutien à la démocratisation et à la tenue des élections crédibles en Afrique dans les pays à forte culture de contestation des résultats comme le Togo, le Gabon, le Tchad, le Cameroun, le Burkina Faso, la Gambie, le Nigeria et partout en Afrique, pour préserver la paix. Il faut que les Nations Unies parviennent à procéder dans une neutralité totale à la certification des résultats électoraux en Afrique.
Cependant, cette nouvelle disposition à prendre et à pérenniser par le Conseil de Sécurité des Nations unies doit se faire dans un contexte où tous les acteurs électoraux nationaux doivent pour chaque élection développer des stratégies et des mécanismes pour documenter l‘observation électorale afin de s‘assurer chacun à son niveau qui a véritablement gagné les élections. Ainsi donc, les partis politiques concurrents doivent pour chaque élection en Afrique, déployer autant de représentants des partis que de bureaux de vote ouverts. Il en est de même des Organisations de la société civile nationale qui doivent se fondre dans de vastes réseaux nationaux pour couvrir la totalité des bureaux de vote dans un esprit de volontariat et de patriotisme. Les acteurs médiatiques ne doivent pas du tout être du reste, ils pourront développer des stratégies similaires et coopérant étroitement avec les réseaux nationaux de la société civile pour faire manifester la vérité des urnes.
Tous ces efforts nationaux avec la mission de certification des résultats des Nations Unies permettront aux différents acteurs électoraux d‘auditer chacun à son niveau les résultats électoraux et de confirmer ou infirmer la validité des scrutins en Afrique. Cela permettra aux différents acteurs électoraux de se contrôler à tous les niveaux et d‘éviter à l‘avenir les hold-up électoraux en cours sur le continent.
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