Comme le laisse remarquer le diagramme d’Ishikawa ci-dessous, la cause extrinsèque (contextuel/situationnel) première du plagiat électronique, selon nos enquêtées, est l’indifférence des enseignants. Elle a en effet obtenu la moyenne de rangs la plus élevée (3.60) comme le montre le tableau 5.18 ci-dessous, accompagnant le diagramme.
Comparativement à la recherche menée par Dennis (2005) avec un échantillon (N=80), cette cause, selon le taux de fréquence, y tient la huitième place. Elle figue également comme l’une des causes majeurs dans la recherche de (Chen et Teresa Ku, op.cit.) avec un échantillon (n=235) où elle enregistre un taux de fréquence de 50%.
La facilité de faire du plagiat électronique, tient la seconde place dans le classement avec une moyenne de rangs de 2.99. Quoi que ne figurant pas sous forme de rang, l’étude de Wilkinson (2009) sur un échantillon de (N =245) d’étudiants, rapporte que trois étudiants sur cinq attribuent leur plagiat électronique à cette cause. Même résultat du côté de la recherche de Pupovac et al. (2008), avec un échantillon d’étudiants de (N =727) ; 70% la cite comme raison de leur plagiat.
Tableau 5.18 Répartition des causes extrinsèques du plagiat électronique organisées selon l’ordre d’importance accordé par les enquêtés
Figure 5.4 Diagramme d’Ishikawa (en arête de poisson)56, représentant les causes du plagiat électronique selon l’ordre arrêté par les enquêtés.
Le troisième rang revient à la cause (Pression des enseignants) avec une moyenne de 2.98. Des études telles que (Beute et al., 2008 en Afrique du Sud ; Sheard et al., 2002 ; Barrett, Malcolm, Cox et Lyon, 2006 en Grande Bretagne) ont également soulevé cette cause comme étant incitatrice au plagiat électronique.
Les causes, Pauvreté des bibliothèques et Tout le monde le fait (perception du comportement des pairs), occupent respectivement les quatrième et cinquième places dans le classement avec des moyennes atteignant 0.89 pour la première et 2.49 pour la dernière.
Force est de signaler que si la dernière cause (tout le monde le fait) est aussi répertoriée par de nombreuses recherches (Franklin-Stokes et Newstead, 1995, en Grande Bretagne ; Harris, 2003 en Jamaïque) comme étant significative quant au plagiat des étudiants, la cause (Pauvreté des bibliothèques) n’est que rarement citée dans la littérature. On en déduit que le problème de la pauvreté des bibliothèques ne se pose pas sous d’autres cieux, ou du moins, pas avec la même acuité.
Par rapport au causes intrinsèques (personnelles), du plagiat électroniques, nos enquêtés estiment, que c’est la non connaissances des règles de citation de sources qui en est la plus importante, comme le montre le tableau 5.19 Ci-dessous, avec une moyenne de 3.66. La modalité dominante comme le désigne le mode est (L’accord). Avec une moyenne de 3.42, la majorité des répondants sont d’accord que l’ignorance de ce qu’est le plagiat est aussi une cause du plagiat électronique. En revanche, ils sont fort d’accord que c’est par économie d’effort qu’ils le font.
Tableau 5.19 Répartition des causes intrinsèques du plagiat électronique
Par ailleurs, désirant connaître si les réponses à ces trois causes intrinsèques sont distribuées de façon similaire ou non dans les trois facultés, nous avons soumis les variables au test non paramétrique de Kruskal Wallis(57) dont les résultats sont comme suit :
Pour : Facultés et Ignorance de ce qu’est le plagiat (H = 11.647, ddl = 2, p = 0.003 )
Pour : Facultés et Non connaissance des règles de citation (H = 24.286, ddl = 2, p = 0.000 )
Et pour : Facultés et désire d’économie d’efforts (H = 8.276, ddl = 2, p = 0.016 )
On y voit que toutes les valeurs p sont inférieures au seuil de signification de 0.05, par conséquent, on en déduit une forte évidence statistique que la distribution des réponses aux causes du plagiat électronique n’est pas similaire dans les trois facultés. En d’autres termes, les causes du plagiat électronique sont affectées par l’appartenance à une faculté. Ce résultat corrobore en fait la corrélation assez forte que nous avons trouvé entre la faculté comme filière d’étude et les formes de plagiat électronique.
56 Diagramme d’ishikawa : appelé aussi « en arèté de poisson » ou encore « causses-effets », est une méthode de « reprsentation en groupe, de l’analyse des différentes cause aboutissant à un résutat insatisfaisant (donc au problème à traiter)…le plus souvent les « arètes » représetent les cinq catégories de cause les plus fréquentes qu’on appelle les cinq M : Méthodes, Matière, Milieu, Moyens, Main d’oeuvre ». (Meignant, 2004, p.158) Il est vrai l’outil vient du domaine industriel et démarches qualités, mais il est adaptable au domaine éducatif en y opérant un changement au niveau de la términologie et non au niveau des catétégories, ce que nous avons fait avec une certaine lattitude.
57 Kruskal Wallis test : C’est un test non paramétrique, équivalent à l’ANOVA univariée classique en cas de non normalité de la distribution, utilisé pour déterminer si trois échantillons indépendants et plus viennent de la même population. Les valeurs des échantillons indépendants doivent être sous forme d’échelles ordinales. En fait, il teste l’hypothèse nulle selon laquelle plusieurs population ont la même médiane. (Kazmier, 2004) Il se calcule non en se basant sur les scores mais sur les rangs des scores. Soit N le nombre