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6.1. Le processus de reconstruction par l’Union Africaine : le Programme UA/NEPAD

Les conflits armés qui ravagent le continent africain depuis plus d’un demi-siècle(224) met en évidence la défaillance du système sécuritaire qui existe sur ce continent et, soulèvent la question sur la capacité des dirigeants africains à prévenir, gérer et résoudre les conflits pour assurer un avenir meilleur à leurs peuples. Les conflits inter ou intra étatiques qui se sont déclarés très tôt (pour des raisons faut-il le rappeler, politiques, socioculturelles ou économiques), encouragés par les rivalités de la période de la guerre froide, finissent par marquer l’esprit des autorités gouvernementales qui, à travers leurs organisations, se lancent à la conquête des voies et moyens pour reconstruire les pays en post conflit.

Elaborée dans le cadre d’un processus de consultation, facilité par le Secrétariat du NEPAD, le « cadre politique de reconstruction post-conflit en Afrique » (225), a pu identifier les aspects qui peuvent contribuer à sa mise en œuvre : la sécurité, la transition politique, la gouvernance et participation, le développement socio-économique, la justice, les droits de l’homme, la réconciliation, la coordination, la gestion et la mobilisation de ressources. Ce cadre politique a pour but d’encourager un état global de cohérence mutuelle entre les différents acteurs que sont l’UA/NEPAD et les organes subsidiaires, la société civile et la communauté internationale.

Dans sa vision et ses objectifs, le NEPAD reconnaît que « la paix, la sécurité, la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et une gestion économique saine sont des préalables au développement durables.» (226) Ainsi, l’UA et les organisations africaines participent à la réalisation de la mise en œuvre des objectifs qu’affiche la communauté internationale pour la reconstruction d’un pays sorti de crise. L’objectif recherché ici est de réduire la pauvreté et de conduire le pays sur la voie du développement.

C’est pourquoi, en tant que programme de l’UA, le NEPAD dispose de la responsabilité de veiller à l’application de ces mesures qui ouvrent la voie à un développement durable après une période de conflit. Pour capitaliser les résultats de ses actions sur le terrain, l’UA confie au NEPAD, mission de promouvoir les actions en faveur du développement au profit des pays en post conflit. Il est expressément mentionné que la commission du NEPAD chargé de la paix et de la sécurité puisse : « …… soutenir la reconstruction et le développement post conflit dans tous les pays touchés, y compris, la réhabilitation des infrastructures nationales, de la population ainsi que des réfugiés et des personnes à l’intérieur des pays…. soutenir les efforts pour promouvoir la démocratie, la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme par l’intermédiaire des réformes politiques et institutionnelles appropriées; et prendre part à la mobilisation de ressources pour le Fonds de l’Union africaine pour la paix.»(227)

La réussite d’une telle mission passe par la mise en place d’une « plate-forme », capable de formuler des projets et propositions viables afin de fournir aux pays africains, de réels outils, essentiels à la résolution des conflits. Cette démarche participe aussi de la mise en œuvre des programmes du NEPAD grâce à l’expertise, à la technologie et au soutien sur le plan de l’organisation institutionnelle »(228). Le NEPAD est idéalement situé pour élaborer des mécanismes de soutien en faveur des efforts de reconstruction post-conflit et, pour compléter les actions politiques, de pacification et de maintien de la paix engagées par l’UA.

6.1.1. Le NEPAD, cadre stratégique des Nations Unies pour la reconstruction post conflit

La Résolution 57/ 7, 2002 de l’Assemblée générale des NU, désigne le NEPAD comme cadre stratégique de coopération pour les programmes de l’ONU sur le continent africain en matière de reconstruction. Lors de la 4ème Consultation régionale des organismes de l’ONU accrédité en Afrique(229), il a été convenu que l’ONU apporte un appui aux plans d’action du NEPAD au niveau régional. Ceci peut se faire par la création des groupes de travail spécifiques à chaque thématique contenu dans les objectifs.

Des huit priorités que constitue le programme UA/NEPAD en matière de sécurité en Afrique(230), on note : l’amélioration du secteur de la sécurité et la capacité de bonne gouvernance, l’aide à mobiliser des ressources pour le Fonds de l’Union africaine pour la Paix et pour les initiatives régionales visant à prévenir, à gérer et à régler les conflits sur le continent. Ce carnet apparait comme le trait d’union entre l’UA/NEPAD et les partenaires internationaux pour la politique de gestion de conflits en Afrique.

6.1.2. Les phases de la reconstruction par le programme UA/ NEPAD

D’une manière générale, la reconstruction post-conflit commence avec la cessation des hostilités. C’est-à-dire, à l’annonce de cessez-le-feu ou d’accord de paix. Cette étape exige une planification multidimensionnelle cohérente et coordonnée, impliquant un éventail d’acteurs intérieurs (gouvernement, société civile, groupes armés, toutes les forces vives de la nation ainsi que les partenaires extérieurs. En émettant le programme de reconstruction, les acteurs entendent s’attaquer aux éléments causant le déséquilibre ayant basculé le pays dans la crise. Ensuite, sont répertoriées les conséquences du conflit à long terme avant de jeter les fondements de la justice sociale, de la paix et du développement durables. Dans l’immédiat, la reconstruction post conflit s’active à préserver la paix et, prévenir un retour dans le conflit. A terme, elle s’attaque aux causes profondes et lointaines des conflits afin de bâtir un cadre solide de justice sociale et de renforcement de la paix(231).

En pratique, la reconstruction post conflit se fait en trois phases :

– la phase d’urgence qui suit la cessation des hostilités, a une portée double, d’abord la création d’un environnement de sûreté et de sécurité, ensuite une réponse d’urgence aux conséquences immédiates sur les effets du conflit, par l’intermédiaire de programmes de secours humanitaires. C’est aussi pendant cette phase que l’on note l’afflux d’intervenants internationaux (militaires pour assurer la sécurité et humanitaires pour gérer les conséquences humanitaires),

– la phase de transition, d’un délai raisonnable et bref entre un gouvernement intérimaire et la fin d’un processus électoral, jette le fondement d’un nouvel ordre politique avec la tenue des élections libres et démocratiques ; cette phase concentre ses efforts sur le renforcement de capacité intérieure de l’Etat, la réhabilitation des services sociaux de base (santé, éducation), la reconstruction des infrastructures économiques , la création d’emplois par la mise en œuvre des travaux à haute intensité de main d’œuvre (THIMO) sans oublier le mécanisme de la bonne gouvernance(232). Au-delà de tout, le volet forces de défense et de sécurité (armée, gendarmerie et corps paramilitaires), doivent subir des réformes pour réadapter leurs rôles au contexte de post conflit.

– la phase de développement vise à soutenir le gouvernement mis en place à l’issue des élections et la société civile, en élaborant un programme d’aide destiné à favoriser la réconciliation, à stimuler la reconstruction socio-économique et à appuyer les programmes de développement en cours.

Toutefois, ces phases qui ne sont pas figées peuvent être modulées en fonction des situations spécifiques à chaque pays.

Pour atteindre son objectif tel que décrit, le programme UA/NEPAD de reconstruction post-conflit, doit être appuyé par les partenaires internationaux qui prospectent des sources de financement, développent un mécanisme de surveillance et d’évaluation qui fournit non seulement, l’information sur les progrès spécifiques et globaux du programme, mais aussi, encourage l’implication de tous les acteurs à une réelle coordination des projets, avec la participation des principaux bailleurs de fonds que sont les Nations Unies et l’Union Européenne .

224- Serge LOUNGOU, économies parallèles et pérennisation des conflits armés en Afrique subsaharienne, Institut de Stratégie Comparée, Commission Française, d’histoire Militaire, Institut d’histoire des conflits contemporains, 2005, www.stratisc.org
225- NEPAD, cadre politique de reconstruction post conflit, programme pour la gouvernance, la paix et la sécurité, secrétariat du NEPAD, juin 2005, p.6-26
226- Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), octobre 2001, p.14-16
227- Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), octobre 2001, p.14 – 16
228- NEPAD. 21 mars 2004. Plan stratégique 2004 – 2007.
229- Ibid.
230- UA, le plan stratégique de la Commission de l’Union Africaine, vol.1, vision d’avenir er mission de l’Union Africaine, mai 2004, p.20-22 – NEPAD. 21 mars 2004. Plan stratégique 2004 2007.
231- NEPAD, cadre politique de reconstruction post conflit, programme pour la gouvernance, la paix et la sécurité, secrétariat du NEPAD, juin 2005, p.6-26
232- UA/NEPAD, plan d’action de l’UA/NEPAD, mars 2008 pour le 10e Forum pour le Partenariat avec l’Afrique (FPA), Tokyo, Japon, 7 – 8 avril 2008, p.5-16 – « UN Grants Sierra Leone $35 million to Help It Build Up Institutions for Peace», UN News Service,1er mars 2007.

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