L’évaluation monétaire de l’environnement viendrait à considérer l’environnement comme un bien économique qui peut s’échanger sur un marché. En économie la notion de valeur est centrale. Affecter une valeur à l’environnement est donc indispensable pour sa parfaite prise en compte dans les équations. A ce titre l’environnement est un bien économique. Tout bien économique est un bien rare et ce serait un truisme de dire que la qualité de l’environnement est devenue « rare ».c’est –à –dire insuffisante par rapport aux besoins ou aux désirs que l’on éprouve à son égard. Il en résulte que l’environnement est manifestement un objet de raisonnement économique, à savoir celui de l’allocation judicieuse de ressources à affecter à sa protection et à sa gestion.
Le concept de bien-être en économie et par conséquence dans la pratique de l’économie appliquée, est une chose pas simple. Beaucoup de bons traités d’économie n’y consacrent qu’une attention superficielle ou alors dans des termes sans aucune liaison avec l’environnement.
Pourtant le traité d’économie pure de Maurice ALLAIS(13) traite les divers aspects de la notion de bien. Dès 1970, K. ARROW(14) (1974) et DEBREU(15) (1959) mettent au point un outil d’analyse qu’ils ont appelé l’espace des biens, chacun de ceux –ci étant défini par sa quantité, ses caractéristiques physiques, sa date et sa localisation. Cette formulation des choses à la fois simple et précise, n’est passée dans l’enseignement courant qu’avec les leçons de théorie micro-économique de MALINVAUD(16) parues en 1969.
Quoi qu’il n’y ait rien d’environnemental dans la formulation de l’espace des biens proposés par Arrow et Debreu, mais l’introduction du concept d’externalité comme un élargissement de ce même concept de bien, et l’incorporation de celui du bien collectif.
Les notions d’externalités et de biens collectifs sont évidemment antérieures à la classification D’ARROW et DEBREU. Mais c’est la représentation des biens que ces derniers ont fournie qui a pu être ensuite généralisée au cas des externalités et des biens collectifs. Ces deux étapes ont permis de faire entrer externalités et biens collectifs dans l’analyse des économies de marchés autant que de la planification (que développaient par ailleurs en parallèle ARROW et HURWICZ(17) (1930) ainsi que MALINVAUD).
La portée environnementale de l’extension du concept de bien aux externalités et aux biens collectifs est considérable d’une part, en ce qui concerne les externalités, celles-ci visent à rendre compte d’interdépendances entre agents économiques qui ne s’établissent pas par l’intermédiaire du système des prix. C’est ce qui se passe en présence des phénomènes de pollution : des quantités physiques d’objets dits polluants accompagnent l’activité productive et affectent d’autres agents de l’économie sans que ce phénomène ne soit justiciable d’une analyse en termes d’échanges. L’effet positif ou négatif est imposé au récepteur au lieu d’être le résultat d’une décision de sa part.
L’intuition fructueuse D’ARROW (1974) est d’y avoir néanmoins appliqué le concept de bien, et de le faire ainsi rentrer dans l’analyse des comportements économiques : comportements volontaires des auteurs des externalités et comportements passifs des récepteurs. Par cette démarche il permettrait d’appliquer aux premiers l’analyse classique des producteurs de n’importe quel bien tout en laissant à des analyses nouvelles les comportements passifs des récepteurs de ces biens indésirables.
Intervient alors le concept de bien collectif, modification de ce que S.KOLM(18) (1968) a justement appelé le « concernement » simultané de plusieurs agents économiques par l’existence ou la production de certains biens. Les phénomènes environnementaux sont non seulement des externalités, mais ils concernent plusieurs individus à la fois.
Le PV est déjà une composante du paysage urbain de la ville de Douala dont l’abandon ou l’aménagement influe et influera durablement sur son image. D’où la problématique de l’aménagement du territoire visant avant tout à bâtir dans les villes une armature spatiale durable qui doit intégrer une structure spatiale de préservation et de conservation de la nature sous formes de réserves naturelles, sites classés, forêts urbaines, espaces verts de haute valeur biologique.
13 Maurice Allais « Traité d’économie pure », publié avec le concours du Centre national de la Recherche scientifique ; 5 vol in 4°, 1952, 984 p.
14 Arrow K.J « Limited knowledge and economic analysis » American Economic Review; 1974.
15 Debreu G “Théorie de la valeur, trad. frse Dunod, Paris 1959.
16 Malinvaud E “ Leçon des théories microéconomiques » Dunod, Paris 1969 ; Pp 27.
17 Hurwicz “La Planification Economique Collectiviste”, 1930.
18 S.Kolm : « La théorie économique générale de l’encombrement » ;Paris,Futuribles,1968.
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