Pour parler de l’évolution de l’immigration à Séville, nous avons essentiellement utilisé
les données de l’INE relatives à l’inscription municipale. Nombre des immigrés en Espagne la
sollicitent car par exemple, elle donne accès aux soins élémentaires de santé et à l’école
publique pour les enfants. Elle permet également de s’abonner au gaz, à l’électricité et au
téléphone. Cependant ce n’est pas un permis de séjour (délivré par le ministère de l’intérieur)
qui permet entre autres, de se déplacer sur le territoire et de changer de résidence avec peu de
difficultés. La limite de ces données vient du fait qu’elles ne comptabilisent pas les étrangers
en situations irrégulières, néanmoins elles restent une référence pour parler d’immigration.
Dans une enquête de 2008 de l’association ACOGE qui travaille dans trois domaines : le droit
citoyen, l’intégration sociale et la cohabitation interculturelle, les auteurs nous informent que
57% des étrangers ne sont pas régularisés.
Si nous observons la place des différentes nationalités dans la ville de Séville, les six
groupes majoritaires sont : les Marocains (3 681), les Boliviens (3 355) suivis des Équatoriens
(2 712), puis les Colombiens (2 564), les Chinois (2094) et enfin les Roumains (1967) (INE,
2009). L’importance des personnes d’origine bolivienne est assez récente. En effet, dans le
classement des groupes d’immigrés majoritaires dans la ville, les Boliviens sont passés en
2006 : “de la quinzième place à la seconde en 2008” (TORRES, 2011, p.55). Par ailleurs, le
poids des personnes originaires de Roumanie et du Maroc reste conséquent. Leur présence est
importante au sein de la ville et elle est plus ancienne que les arrivées relativement récentes
des personnes d’Amérique du Sud. Quant aux Chinois avec une augmentation
impressionnante entre 2000 et 2009 (de 382 à 2094 habitants), ils sont la cinquième
population d’immigrants la plus présente dans la ville, ce qui permet de comprendre l’essor
des épiceries et commerces bons marchés tenus par des personnes d’origine chinoise dans la
capitale régionale (Diaro de Sevilla, 2010).
Ensuite, concernant les immigrés habitant dans la ville de Séville, 46% d’entre eux ont
entre 25 et 35 ans (ACOGE SEVILLA, 2008). Cela induit une des caractéristiques de
l’immigration de cette ville. Cette tranche d’âge correspond à des personnes pouvant s’insérer
dans le monde du travail. Nous reviendrons sur ce point un peu plus loin.
Pour finir, comme nous l’avons soulevé, le poids de l’immigration est important dans la
ville de Séville. Bien que relativement récent, il n’en est pas moins un sujet majeur dans les
questions du « vivre ensemble ». Le nombre d’étrangers nous amène à nous intéresser à leur
répartition dans la ville, à savoir s’il y a des regroupements ou non, et si cela peut mener au
phénomène de ségrégation.