Les films de Miyazaki regroupent souvent un duo homme/ femme qui tiennent un rôle important et servent les messages véhiculés dans les œuvres.
Nausicaä et Asbel dans Nausicaä de la vallée du vent
Sheeta et Pazu dans le Château dans le ciel
San et Ashitaka dans Princesse Mononoké
Chihiro et Haku dans le Voyage de Chihiro
Ponyo et Sôsuke dans Ponyo sur la falaise
Nous retrouvons également un même schéma dans Nausicaä de la vallée du vent et Princesse Mononoké : Princesse Kushana est accompagnée par Kurotawa, son général, et Dame Eboshi a un second, Gonzo, qui est cependant beaucoup plus fidèle que ne l’est Kurotawa. Il est intéressant de constater que ces types de personnages sont très similaires, les femmes comme les hommes.
Le premier aspect important du rapport homme/femme que nous retrouvons dans ces duos, est celui de l’homme fasciné par la femme.
En effet, si Princesse Kushana et Dame Eboshi sont des personnages semblables, comme nous l’avons vu précédemment, de par leur statut social, leur caractère, leur pouvoir, leurs seconds le sont également. Notons que Miyazaki a choisi de placer des femmes dans la position de pouvoir dans ces deux films et de placer les hommes en position inférieure. Par une analyse plus approfondie de leurs caractères, nous pourrons également voir que ces hommes sont montrés comme soumis à l’autorité féminine mais aussi montrés comme étant plus faibles.
La mise en scène permet de constater que ces hommes sont effectivement en position d’infériorité par rapport à ces femmes. On trouve de nombreuses prises de vue montrant Princesse Kushana placée en hauteur par rapport à Kurotawa, comme sur l’image suivante :
Les deux plans ci-dessus sont extraits d’une même scène, durant laquelle le Général Kurotawa se laisse aller à la rêverie. Dans un premier plan, nous voyons Kurotawa plongé dans ses pensées, le regard se dirigeant hors-champ ; nous ne voyons pas encore ce qui le plonge dans cet état. Le second plan montre qu’il regarde Kushana au loin. Celle-ci est placée au centre du cadre, vue avec le regard de Kurotawa, placée à la distance exacte où il la voit. Cette mise en scène montre Kushana comme une icône : nous ne distinguons que sa silhouette ; sa posture élégante la montre également comme une figure presque irréelle, ressemblant à une statue. Kurotawa l’idéalise, l’admire.
Les autres hommes sont également tous animés par le besoin de protéger les femmes, ou tout simplement de les suivre, de les connaître, en raison de cette fascination qu’ils ont pour elles. Ainsi, Tombo, dans Kiki la petite sorcière, est fasciné par Kiki, avec qui il veut absolument devenir ami. Pazu, dans le Château dans le ciel, veut protéger Sheeta car sa première vision d’elle, flottant dans le ciel, baignée par une lumière bleue, l’a intrigué
profondément. Cette impression est d’ailleurs confirmée par une mise en scène montrant explicitement Pazu sous l’emprise de cette fascination pour Sheeta : le plan le montre en plongée, les yeux vers le ciel (vers Sheeta), soumis à cette vision.
Dans Princesse Mononoké, Ashitaka souhaite sauver San de sa haine envers les humains ; il est fasciné par ce personnage sauvage, et cherche plusieurs fois à la sauver, la protéger, au nom de cet amour. L’amour qu’il lui porte permettra à San d’être en paix avec elle-même, d’accepter ses faiblesses.
Dans Le Voyage de Chihiro, les deux héros tombent amoureux (d’un amour enfantin, plus proche d’un rapport frère/soeur) ; Haku aide Chihiro à survivre dans le monde surnaturel. En retour, celle-ci lui permet de retrouver son identité. De la même façon, Sôsuke aime Ponyo, dans Ponyo sur la falaise, ce qui lui permettra de devenir humaine.
Les femmes de pouvoir suscitent l’admiration des hommes. Lors de la scène durant laquelle Ashitaka dîne avec les hommes du village des forgerons, ces derniers font l’apologie de Dame Eboshi. Ils lui décrivent les batailles qu’elle a gagné et comment elle a crée le village. Leurs voix sont empreintes d’une forte admiration. Ils complimentent sa beauté, sa force, son courage. Le portrait qu’ils font d’elle, la façon dont ils vantent ses louanges, montrent qu’ils sont conquis par cette femme puissante, qu’ils sont prêts à tout pour elle et lui accordent toute leur confiance.
L’image ci-dessus illustre la victoire racontée par les hommes du village, vantant les mérites de leur maîtresse. Ici, Dame Eboshi est glorifiée par ses hommes. Le plan la montre de dos, admirant sa victoire, seule debout ; l’image, très guerrière, baigne dans une lumière de feu symbolisant sa conquête et sa violence.
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