Il existe une page sur le site Internet touristique de la Région Auvergne, dédiée à « Michelin, une épopée au coeur de l’Auvergne ». L’article y relate notamment de la manière suivante la place de la Maison de pneumatiques dans la région : « Pour les Français, et surtout pour les Auvergnats, [Michelin] est une source de fierté toujours renouvelée. La success story d’une multinationale portée par toute une région depuis plus de 100 ans »(90).
Si la Manufacture n’emploie « que » 13 000 personnes sur la région contre plus de 30 000 il y a moins de 25 ans, il est intéressant de noter que, en dépit des réductions d’effectifs, « la taxe professionnelle versée par Michelin à la ville a augmenté, du fait d’investissements importants qui compensent les suppressions d’emploi »(91). Cela signifie qu’en dépit « des pertes d’emplois, la richesse apportée par la manufacture à la ville de Clermont-Ferrand augmente »(92). Pierre-Antoine Donnet rapporte que dans un entretien accordé au quotidien La Montagne le 5 février 2005, Philippe Rousseau estime que « les retombées de la présence de Michelin dans le Puy-de-Dôme ‘’pèsent’’ 900 millions d’euros, l’équivalent de deux viaducs de Millau »(93). S’il est évident que Michelin pèse de tout son poids sur la vie économique sociale et même culturelle de la région et en particulier de l’agglomération clermontoise, il faut cependant nuancer le propos de M. Donnet dans la mesure où de nombreuses autres industries présentes autour de Clermont-Ferrand, comme le secteur pharmaceutique avec le laboratoire américain MSD (Merck & Co) ou celui de la chimie avec le suédois Trelleborg ou enfin celui de la sidérurgie avec la présence du canadien Rio Tinto Alcan (Alcan, Péchiney-Rhénalu), et des français Forgeal, Cegedur ou encore Interforge. Par ailleurs, des entreprises comme CapGemini ou IBM, ainsi que des laboratoires de recherche comme le Cemagref ou l’Inria, y ont en outre implanté d’importants bureaux.
Selon Pierre-Antoine Donnet, « sans Michelin, Clermont-Ferrand serait resté une petite ville de province, enclavée et loin de tout » Il rapporte même que selon une « étude du DATAR, l’impact économique de Michelin a permis à la ville d’être largement surclassée par rapport à sa taille en matière d’emplois qualifiés, de réseau bancaire et financier, de recherche et développement. Dans ces secteurs et bien d’autres, Michelin a clairement tiré la région vers le haut »(94). En effet, Manuel Armand poursuit dans ce sens : « Pour la région, Michelin est essentiel ! Michelin est ce qui permet à Clermont-Ferrand d’être une grande ville et surtout une grande ville moderne qui rayonne sur toute une région. (…) Pourquoi y a-t-il l’une des plus grosses implantations d’IBM à Clermont-Ferrand ? Parce qu’il y a Michelin ! Pourquoi y a-t-il autant d’activités à valeur ajoutée à Clermont-Ferrand ? Parce qu’il y a Michelin ! Idem pour ce qui est de la présence de gros cabinets de conseil à Clermont-Ferrand. Idem encore pour ce qui est de l’aéroport. C’est parce qu’il y a Michelin qu’il y a un aéroport à Clermont-Ferrand ! ». Pour nuancer les propos de M. Armand, nous rappellerons le fait que de nombreux autres entreprises, notamment du secteur industriel, sont présents à Clermont-Ferrand, n’est pas forcément du à la seule et unique présence de Michelin. De la même manière, il paraitrait étonnant qu’en 2010, une ville dont l’aire urbaine représente 450 000 personnes ne possède pas son propre aéroport. A titre comparatif, Limoges qui compte un peu moins de 200 000 habitants et Dijon (250 000 habitants) jouissent également d’un aéroport sans avoir de multinationale cotée au CAC 40 en leur sein.
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