I. Le modèle outre-Atlantique
A. L’enjeu des retraites aux USA
Source : Voilà New York
Le système de retraite aux Etats-Unis comprend un pilier de base géré par le “Social Security” qui est un organisme de l’Etat fédéral. Le montant de ces pensions de base ne constitue pas un revenu suffisant pour vivre, c’est pourquoi les américains qui en ont les moyens cotisent à des fonds de pension privés qui leur permettent de compléter cette retraite de base. Ces fonds sont gérés en “capitalisation”.
Les citoyens américains n’ont aucune obligation de versement régulier sur ces fonds de pension, chacun verse de son propre chef les montants qu’il souhaite épargner et choisit les supports sur lesquels il souhaite investir.
Certains fonds privés, appelés 401 k (en référence au chapitre 401, alinéa k de l’Internal Revenue Service Tax Code), sont alimentés en partie par les salariés et par leurs employeurs. Ces cotisations bénéficient d’un avantage fiscal dans la mesure où elles sont déductibles du revenu imposable.
Les pensions de retraite du Social Security sont versées à partir de 65 ans, en fonction du salaire et du nombre d’année pendant lesquels les le citoyen a cotisé.
Si en France le régime de retraite par répartition est en danger, c’est parce qu’il est beaucoup plus généreux que le système américain. Cette “générosité” explique en partie les différences d’aversion aux risques entre américains et français en matière de retraite. Outre Atlantique, les investisseurs optent plus volontiers pour des produits risqués, leur permettant d’augmenter de manière significative leur retraite grâce à des rendements plus forts mais aussi plus risqués. Les rendements potentiels ont une plus grande importance aux yeux des investisseurs américains qui ont à compléter une retraite de base plus faible.
De ce fait, les unités de compte sont plus recherchées que les supports sécurisés, supposés moins performants à long terme.
B. Le lancement des Variables Annuities en 1996
Source : Optimind – Publication sur les Variable Annuities
La crise financière de 2001 a eu un impact fort sur les investisseurs américains qui avaient investi dans des supports à risque.
Les Variable Annuities, qui avaient fait leur apparition quelques années plus tôt sur le nouveau continent, ont rencontré un public alors désireux de se prémunir de la baisse des marchés financiers. Les américains ayant pris conscience de l’intérêt de protéger leur épargne, la commercialisation des Variable Annuities a pu vraiment décoller aux Etats Unis.
Axa a été le premier acteur à se lancer sur le marché des Variable Annuities, en commercialisant le premier contrat de ce genre en 1996. Par la suite le succès a été important comme en témoigne les chiffres : en l’espace de dix ans la collecte totale du marché est passée de 640 milliards de dollars à près de 1 500 milliards de dollars, soit une progression de 132 % sur la période.
Evolution du marché américain des Variable Annuities
Source: National Association for Variable Annuities
D’autres acteurs se sont positionnés après Axa sur le marché des Variable Annuities et ont permis d’enrichir l’offre proposée aux épargnants américains.
Une association (la NAVA National Association for Variable Annuities) a été créée pour suivre l’évolution de ce marché aux Etats Unis. Selon elle, quatre-vingt pour cent des contrats d’assurance vie en Amérique sont des contrats de Variable Annuities.
C. Les pertes accusées par les acteurs américains après 2008
Sources : Le Figaro – Axa finit par apaiser les craintes ; Agéfi – Les assureurs font les frais de leur exposition aux Variable Annuities
Si la crise de 2001 a eu un effet accélérateur pour les Variable Annuities, en 2008, la crise des subprimes a, pour sa part, généré des pertes importantes pour les assureurs.
Sur l’année 2008, les résultats des activités en vie, épargne et retraite ont baissé de 43% par rapport à l’année précédente, du fait notamment de l’augmentation de la couverture des Variable Annuities. A titre d’exemple, couvrir la baisse des marchés a couté au groupe Axa plus de 550 millions d’euros sur ses contrats vendus aux Etats-Unis.
Henri De Castries, président d’Axa, reconnaissait en novembre 2008 que « pour la première fois, depuis 1991, le groupe a perdu de l’argent aux Etats-Unis ».
Cela a mis en lumière le fait que les couvertures peuvent être inefficaces pour couvrir la totalité des risques du marché.
Lors du premier semestre 2009, le retour à une relative stabilité des marchés financiers et la modification de certaines caractéristiques des contrats Variable Annuities a permis à Axa de renouer avec les bénéfices à hauteur de 271 millions d’euros.
Mais en 2011, les suites de la crise des subprimes, ajoutées à celles de la dette des états, a impacté pour la seconde fois les bénéfices d’Axa.
Pourtant Henri de Castries estime que les Variable Annuities « ont toujours gagné de l’argent en dehors de ces deux périodes de crise »
Pour d’autres assureurs, les Variable Annuities sont particulièrement dangereuses du fait de l’étendue des opérations et de la faiblesse des taux du marché. Pour exemple, ING a cessé la distribution de ce type de contrat aux Etats-Unis en 2009 après avoir essuyé de lourdes pertes qui restent à la charge de l’assureur encore aujourd’hui et s’élevaient à la fin de l’année 2011 à plus d’un milliards d’euros.
Le tableau n’est pas aussi noir pour tout le monde. L’assureur Aegon a quant à lui obtenu un bénéfice de 92 millions d’euros lors du dernier trimestre de l’année 2011 (soit une hausse de son bénéfice de 78% par rapport à l’exercice précédent).
II. Une arrivée timide en France
Source : Le nouvel économiste
Le lancement des Variable Annuities en France a eu lieu après les mésaventures des acteurs de ce marché sur le territoire Américain, ce qui a valu quelques réticences de la part des acteurs français à se lancer eux aussi sur ce marché.
A. Après l’Amérique, Axa lance son contrat en France
Premier acteur à se lancer aux Etats-Unis, Axa a aussi été le premier à proposer un contrat de type Variable Annuities aux français avec les contrats Capital Ressources et Accumulator sortis respectivement en 2007 et 2008.
A la fin de l’année 2008, Axa France affichait une collecte nette de 500 millions d’euros sur ces deux contrats. Et son chiffre d’affaire, un an après le lancement, s’élevait 700 millions d’euros, quand sa collecte totale en assurance vie individuelle s’élevait, elle, à 9,5 milliards d’euros en 2008.
B. D’autres assureurs tentent l’expérience
D’autres acteurs ont choisi eux aussi de se lancer sur le marché des Variable Annuities, tels qu’Allianz avec le contrat Invest4Life, La Mondiale avec Terre d’Avenir, le LCL, en partenariat avec Axa avec LCL Revenus Garantis ou encore BNP Paribas qui a sorti son contrat Avenir Retraite.
Si aux Etats-Unis la collecte a débuté à plus de 600 milliards de dollars dès la première année, en France elle a à peine dépassé le milliard d’euros en trois ans de commercialisation.
« Nous pensions que ce genre de contrat représenterait entre 5 et 10% de la collecte assurance-vie. On en est encore loin avec un encours inférieur à deux milliards d’euros », explique Serge Moreno, responsable marketing patrimonial chez AG2R La Mondiale. Selon lui, les réseaux de distribution ainsi que les clients n’ont pas été séduit par le produit, notamment parce que les épargnants ont une préférence pour les sorties en capital plutôt que pour la rente.
III. L’offre actuelle en France
Source : placement-pour-la-retraite.fr – Comparatif Variable Annuities
Comme nous le voyons dans le tableau ci-dessus, seuls trois contrats sont distribués activement en France. Deux d’entre eux ont été déclinés pour différents distributeurs sous d’autres appellations
– Déclinaisons d’AXA Secure Advantage :
o LCL Revenus Garantis Vie
o HSBC Solutions Revenus Vie
– Déclinaisons de La Mondiale Terre d’Avenir 2 :
o Fipavie Retraite Garantie (ODDO)
o Orelis Revenu Garanti (Orelis)
o Amadia (Nortia)
o Sélection Méridien Annuities (Sélection 1818)
o Galassia (Union Fin. Georges V Groupe Crystal)
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