Dans les paragraphes suivant nous donnons la signification des mots et expressions clés employés dans le thème, tout en précisant les définitions que nous retiendrons dans le cadre de cette étude.
2.1.1 Définition du concept d’entreprise publique
La définition de l’entreprise publique est une mission complexe au regard du flou à la fois juridique et opérationnel qui la caractérise. Mais, Selon Chevalier F. (1979), l’entreprise publique est une entreprise produisant des biens et services en vue de leur vente à un prix qui doit couvrir approximativement leur prix de revient, mais qui est la propriété de l’Etat ou placée sous son contrôle.
Au Cameroun, l’article 2, de la Loi n° 99/016 du 22 décembre 1999 portant statut général des établissements publics et des entreprises du secteur public et parapublic définit les entreprises publiques suivant deux catégories : les sociétés à capital public (5) et les sociétés d’économie mixte (6).
Cependant plusieurs définitions données par les spécialistes(7) de gestion permettent de mieux la distinguer de l’entreprise privée :
– L’entreprise publique est une entreprise dont le capital ou une majorité de celui-ci appartient à l’Etat ou à une collectivité publique ;
– L’entreprise publique est une entreprise sur laquelle les pouvoirs publics peuvent exercer directement ou indirectement une influence dominante du fait de la propriété, de la participation financière ou des règles qui la régissent ;
– L’entreprise publique est une entreprise qui est la propriété de l’Etat et dont les dirigeants sont nommés en Conseil des Ministres.
La multitude de définitions et d’approches de l’entreprise publique est révélatrice de la complexité du secteur dont elle relève (secteur public), notamment aux plans de sa gestion et de ses objectifs. Si l’on retient les deux éléments suivants : la structure du capital de l’entreprise et le contexte légal et réglementaire, nous pouvons dire avec Darbelet et Laugine (1984) que l’entreprise publique est une entreprise dans laquelle tout ou partie du capital et du pouvoir de décision appartient à une collectivité publique, c’est-à-dire l’Etat, une région, un département ou une commune. C’est sous cette approche que sera abordée l’entreprise publique tout au long de ce travail.
2.1.2 Définition du concept de privatisation
Dans son étymologie, le mot privatisation vient du latin « privare » qui signifie priver ou mettre à part. Elle est l’opération consistant à transférer totalement ou partiellement les activités relevant du secteur public au secteur privé (The New Palgrave Dictionary of Money and Finance, 1992: 206).
La définition de la privatisation est donnée au Cameroun par l’ordonnance no 90/004 article 1er, al 1er : « aux termes de la présente ordonnance, La privatisation est l’opération par laquelle l’Etat ou un organisme public ou parapublic se désengage totalement ou partiellement au profit du secteur privé des entreprises, quelle que soit leur forme juridique (établissement public, société d’Etat, société d’économie mixte ou autre), dans laquelle il détient tout ou partie du capital ».
En effet, l’Etat qui détient la propriété d’une entreprise, se désengage progressivement ou en bloc en cédant les droits de propriété à des particuliers qui deviennent alors les nouveaux patrons. Pour exercer efficacement le contrôle de l’entreprise, le nouveau propriétaire doit pouvoir détenir la majorité du capital. Ce qui fait dire à certains auteurs que la privatisation est la cession par l’Etat de plus de la moitié du capital aux privés. C’est donc un transfert du contrôle de l’entreprise à des agents privés.
Cette conception du phénomène de privatisation justifie l’analyse faite par de nombreuses recherches sur les effets du transfert de propriété sur la performance de la firme. En effet pour la majorité d’entre elles, l’accroissement de performance attendue après chaque privatisation est dû au seul changement de propriétaire (public/privé). Mais les critiques de certains auteurs tels que Williamson (1991) et Chatelin (2001) amènent à penser que la privatisation ne saurait se limiter à la seule nature de la propriété mais qu’elle est d’avantage à l’origine d’un changement organisationnel plus complexe.
2.1.3 Concept de la performance
Le concept de performance suscite aujourd’hui d’énormes passions et de vives polémiques dans le champ de la pensée managériale. En effet, il apparaît davantage comme une notion fourre-tout, un mot-valise, sujet à de nombreuses polémiques, dépendamment des disciplines ou écoles de pensée auxquelles appartiennent les auteurs, et selon les critères et la perspective d’analyse choisie. La réalité est qu’aujourd’hui, il n’existe pas de consensus ou d’unanimité autant sur ce qu’est la performance que sur la façon de la mesurer, car chaque culture, chaque contexte sociopolitique et chaque entreprise peuvent amener des réponses différentes (Lebas, 1996).
Mesurer la performance disait Roover (1991) est une tâche complexe frustrante, difficile qui représente un vrai défi. Et pourtant, selon Lord Kelvin il y a fort longtemps, « […] ce qui ne se mesure pas, n’existe pas ». Autrement dit, si la performance existe, nous devrions non seulement être capables de la définir, de l’appréhender, mais aussi et surtout de la mesurer.
2.1.3.1 Définition et indicateurs de mesure de la performance
La définition de la performance est un exercice difficile car c’est une notion qui recouvre plusieurs acceptions, ce qui laisse présumer qu’une définition opérationnelle de la performance serait donc encore plus ardue. « Peut-on définir la performance ? », s’interrogeait Annick Bourguignon, en 1995, du fait de la polysémie qui a toujours entouré cette notion, tant dans le domaine des sciences économiques que dans celui des sciences de la gestion. Et pourtant, comme le dit si bien Lebas (1995) dans un article fort controversé, « Il faut définir la performance », même si l’on admet que l’exercice est risqué et assez périlleux. Dans la littérature, plusieurs définitions ont été données :
Pour Bourguignon (1995, 2000), la performance peut être définie à partir de trois sens généraux à savoir : la performance résultat, la performance action et la performance succès.
La performance résultat est mesurée en comparant les résultats à l’objectif fixé. La performance action est appréhendée à partir des moyens, des processus, des compétences et des qualités mise en œuvre pour atteindre ces résultats. Enfin, la performance succès est fonction des représentations de la réussite (Bessire, 1999) et varie donc en fonction des représentations que s’en font les acteurs, et de manière plus générale, l’organisation toute entière.
Albanes (1978) définit la performance comme la raison des postes de gestion, impliquant l’efficacité et l’efficience. Il définit par la suite l’efficacité comme le résultat obtenu par rapport au niveau du but recherché et l’efficience comme le résultat obtenu par rapport aux moyens mis en œuvre. L’efficience permet de répondre à des questions telles que : « est-ce que les résultats sont suffisants compte tenu des moyens mis en œuvre ? » ou « les ressources mobilisées par l’action ont-elles été exploitées de manière rentable ? ».
Frioui (2001) associe à ces deux axes de la performance, un troisième axe à savoir, la pertinence, qui est le rapport entre les moyens détenus et les objectifs fixés et poursuivis. Schématiquement on peut concevoir les composantes de la performance comme suit :
Figure 2.1: Les composantes de la performance
Source: Jean-Bernard Ducrou, Hachette Technique, 2008
E.M. Morin et al. (1994) recensent quatre grandes approches théoriques de la performance : une approche économique, une approche sociale, une approche systémique et une approche politique.
L’approche économique repose sur la notion centrale d’objectifs à atteindre. Ces derniers traduisant les attentes des propriétaires dirigeants, ils sont donc souvent énoncés en termes économiques et financiers.
L’approche sociale met l’accent sur les dimensions humaines de l’organisation. E. Quinn et J. Rohrbaugh (1981) indiquent que cette approche ne néglige pas les aspects précédents mais intègre les activités nécessaires au maintien de l’organisation.
L’approche systémique est développée par opposition aux approches précédentes considérées comme trop partielles met l’accent sur les capacités de l’organisation.
L’approche politique repose sur une critique des précédentes. En effet, chacune des trois approches précédentes assigne certaines fonctions et certains buts à l’entreprise. Or, d’un point de vue distancié, tout individu peut avoir ses propres critères pour juger la performance d’une organisation. (Lebas, 1996).
Vu donc le caractère disparate de cette notion de performance, nous nous appesantirons dans notre étude sur les aspects microéconomiques de celle-ci en nous inspirant notamment de la définition de Millward et al.(1983) pour qui la performance peut être appréhendée en termes de rentabilité, de productivité et de coût ; cependant, nous nous limiterons dans notre travail au aspect rentabilité et productivité de la performance.
2.1.3.2 La notion de rentabilité et sa mesure
2.1.3.2.1 La notion de rentabilité
Le concept de rentabilité est parfois difficile à appréhender compte tenu de la diversité des approches liée à la pluralité des notions de capitaux (capitaux propres, capital économique, etc.) et de résultat (résultat comptable, résultat d’exploitation, excédent brut d’exploitation, etc.). Cette diversité correspond en réalité aux différentes “vues” des différents acteurs (associés, dirigeants, prêteurs, etc.).
Le dictionnaire Larousse 2009 définit la rentabilité comme étant la capacité d’un capital à procurer des revenus, soit par placement (dans une logique purement financière), soit par investissement en intégrant dans un système productif dont on attend un bénéfice supérieur au capital investi. Dans le lexique d’économie, Silem et Albertini (1999) ont défini la rentabilité comme étant la capacité d’un capital investi à procurer des revenus exprimés en termes financiers. C’est dire que la notion de rentabilité peut être appréhendée tout au plus pour ce qui est de l’entreprise comme l’aptitude de cette dernière à créer plus de richesses nouvelles qu’elle ne dépense de salaires, et cela en quantité suffisante par rapport à la quantité de capital qu’elle immobilise ( Duval, 2000).
La rentabilité constituant ainsi un bon indicateur pour mesurer l’efficacité de l’entreprise, il convient ainsi de s’appesantir sur ses indicateurs de mesure.
2.1.3.2.2 Mesure de la rentabilité
Deux indicateurs usuels sont privilégiés dans la littérature économique pour appréhender la rentabilité des entreprises : il s’agit en l’occurrence de la rentabilité économique et de la rentabilité financière.
La rentabilité économique mesure la capacité de l’entreprise de dégager un résultat en utilisant l’ensemble des moyens.
La rentabilité financière mesure quant à elle la capacité des capitaux investis par les actionnaires et associés (capitaux propres) à dégager un certain niveau de profit.
Si la rentabilité financière est supérieure à la rentabilité économique, on dit que l’entreprise bénéficie d’un effet de levier. Une analyse des taux de ces deux indicateurs peut du reste être faite en termes de taux de rotation et de taux de marge.
Le taux de rotation met en rapport les ventes avec l’actif; c’est-à-dire l’ensemble des moyens mis en œuvre.
Le taux de marge quant à lui est le rapport entre le bénéfice net et les ventes. Ce taux augmente quand l’entreprise parvient à augmenter la marge réalisée sur chaque produit vendu, soit en augmentant le prix de vente moyen, soit en limitant le coût de revient moyen. Une entreprise peut ainsi améliorer sa rentabilité économique de deux manières :
– soit, à volume de ventes constant, en augmentant la marge réalisée sur chaque produit
– soit, à marge unitaire constante, en augmentant le montant des ventes, c’est-à-dire la rotation.
De même, une entreprise peut améliorer sa rentabilité financière de deux manières :
– Soit en améliorant la rentabilité économique dégagée par l’utilisation de l’actif.
– Soit en modifiant la composition du passif, dans le sens d’un recours plus important à des moyens financiers empruntés et une limitation relative des ressources risquées par les associés.
Nous pouvons donc mettre en liaison ces notions (rentabilité économique, rentabilité financière, taux de marge, taux de rotation etc.) par le graphique suivant :
Figure 2.2 : Analyse du taux de rentabilité en taux de marge et taux de rotation
Source : X. Berterretche, IUT Bayonne
Il faut néanmoins préciser qu’il existe d’autres indicateurs de rentabilité qui permettent aussi d’avoir une idée de l’évolution de la rentabilité de l’entreprise. Il s’agit de :
• la rentabilité commerciale qui mesure la capacité de la société à générer du chiffre d’affaires en fonction des volumes de ventes qu’elle réalise. Concrètement, elle donne le taux de marge que la société réalise sur ses ventes et ainsi permet d’estimer ses résultats futurs en fonction des volumes de ventes prévus (chiffre d’affaires) ;
• la rentabilité globale qui mesure quant à elle la rentabilité de l’ensemble des actifs utilisés par l’entreprise. Tous ces indicateurs sont généralement mesurés par le calcul de différents ratios mentionnés dans le tableau suivant :
Tableau 1 : Les ratios de rentabilité (Profitability ratios)
Source : M. Albouy et H. Obeid, 2007
Nous pouvons donc constater que la notion de rentabilité varie selon l’approche que l’on retient. C’est la raison pour laquelle il serait utile de calculer plusieurs ratios pour avoir la vision la plus précise possible de la rentabilité de l’entreprise étudiée.
Ainsi présenté la notion de rentabilité et ses mesures, il convient maintenant de nous appesantir sur le deuxième aspect de la performance à savoir la productivité.
2.1.3.3 La notion de productivité et sa mesure
2.1.3.3.1 La notion de productivité
La productivité peut être considérée globalement comme une mesure qui permet de saisir la relation entre output et input et plus précisément une relation d’efficience ou d’économie des ressources qui existe entre des résultats et les moyens mis en œuvre pour atteindre ces résultats (Arena, Benzoni, De Brandt et Romani, 1991). La productivité de l’entreprise apparaît clairement comme le rapport entre une production valorisée, les extrants et l’ensemble des facteurs mis en œuvre qui sont les intrants (Coulaud, Croce et Dervaux, 1986).
Ainsi, selon Leray (1983), la productivité, contrairement à la rentabilité qui est une mesure exogène de l’efficience, est une mesure endogène au processus de production. Mais, il est possible de donner une dimension plus opératoire au concept. En fait, la productivité pourrait aussi se définir comme le taux d’accroissement de l’output moins la moyenne pondérée des taux de croissance de différents input, ou les pondérations représentent la part de chaque input dans le coût total (Selon Hartely, Parker et Martin, 1991).
Soulignons d’ores et déjà que le but recherché dans l’étude de la productivité d’une firme est, de façon implicite de saisir le degré d’efficacité de celle-ci. D’où la nécessité de s’appesantir sur la notion d’efficacité productive.
– L’efficacité productive
Une fonction de production donne le montant maximum d’output que nous pouvons obtenir à partir d’un vecteur d’inputs, étant donné une certaine technologie de production (Agnier, Lovell et Schmidt, 1977). Cette fonction constitue une frontière. La comparaison du vecteur outputs-inputs d’une firme avec sa frontière de production nous informe sur sa productivité (Farell, 1957 ; Sadoulet et De Janvry, 1995). Dans les deux paragraphes qui suivent, nous allons faire ce type de comparaison selon deux cas de production différente.
– Cas mono-output (y) mono-input (x)
Il s’agit du cas où la production d’un type d’output nécessite un seul type d’input. La fonction de production f(x) est représentée sur le graphique ci-dessous.
Figure 2.3 : Fonction de production mono-output/mono-input
Source : FARELL, 1957
Les points sous les courbes (tels que D et C) correspondent à des états réalisables, mais qui pourraient être améliorés. En effet, avec une plus faible quantité d’input. Il est possible de produire la même quantité d’outputs. En revanche les points au-dessus de la courbe (tel que E) ne peuvent pas être atteints. Ces états ne sont pas réalisables avec la technologie de production existante.
La distance entre le niveau d’input réalisable et la frontière de production donne une mesure de l’inefficacité de la firme étudiée. Cette quantité, tout simplement qualifiée de distance d’input, sera utilisée par la suite.
Le passage de l’état D à l’état B signifie un accroissement d’efficacité dans l’utilisation des inputs avec la technologie existante. En revanche le passage à l’état E nécessite un changement dans la technologie de production.
– Cas mono-output multi-inputs
Désormais, nous étudions le cas où la production de l’output unique se fait à partir de plusieurs inputs. Nous illustrerons par souci de simplification la configuration dans laquelle Y= f (X1, X2), c’est-à-dire celle où l’output s’obtient à travers la combinaison de deux inputs X1 et X2.
L’efficacité économique est le fruit de la combinaison de l’efficacité technique et de l’efficacité allocative (Farell, 1957), comme l’illustre la figure ci-dessous.
Figure 2.4 : Fonction de production mono-output/multi-inputs
Source: Farrell, M. J., p. 254
Sur le graphique ci-dessus, l’ensemble des points techniquement efficaces correspond à l’isoquant TT’. Ainsi, tous les points au dessus de l’isoquant TT’ sont techniquement inefficaces à l’exemple du point P. Au point P l’inefficacité technique est représentée par le segment QP. Il est possible de produire le même niveau d’output avec une diminution de tous les inputs dans la proportion QP/OP. Ainsi, Farrell (1957) a proposé de mesurer le degré d’efficacité technique (ET) par le rapport OQ/OP, qui varie entre zéro et l’unité.
Bien qu’ils soient techniquement efficaces, tous les points sur l’isoquant ne le sont pas allocativement. Une combinaison de facteurs est dite allocativement efficace si le taux marginal de substitution est égal au rapport des prix des facteurs. Ainsi, le point Q’, déterminé par la tangente de l’isocoût AA’ à l’isoquant TT’, est allocativement efficace. L’efficacité allocative (EA) ou l’efficacité prix des points P ou Q est mesuré par le rapport OR/OQ. La distance RQ représente la réduction de coût si la production correspondait au point Q’. Ce dernier est efficient du point de vue allocatif, puisqu’il est déterminé par la tangente de l’isocoût AA’ à l’isoquant TT’. Le produit des efficacités techniques et allocatives est appelé efficacité totale (ETT) ou économique.
ETT = (OR/OP) = (OQ/OP) x (OR/OQ) = ET x EA
Après avoir étudié le sens du terme productivité, nous allons désormais voir comment l’évaluer.
2.1.3.3.2 Mesure de la productivité
Il existe différentes méthodes de mesure de la productivité. Celles qui peuvent être fondées sur les indices de productivité (Arena et al. 1991), celles fondées sur le calcul de différents ratios (Megginson et al.1994) et celles économétriques (Rouabah, 2001).
– Les méthodes fondées sur les indices de productivité
Plus récemment la littérature sur la productivité a développé des approches non paramétriques qui utilisent comme indicateurs de performance des indices calculés directement à partir des données discrètes sur les inputs et les outputs (Raffarin, 1999). La productivité consiste alors en un rapport d’un indice des outputs sur un indice des inputs. Nous allons nous intéresser à la distinction qui existe entre ces deux grandes catégories de mesures de la productivité.
La première est qualifiée de mesure partielle de la productivité. Elle met en rapport la croissance de l’output avec le volume d’un seul input (Single Factor Productivity : SFP). Cependant, cette croissance peut également être comparée avec le volume d’une partie des inputs, l’autre partie n’étant pas prise en compte. Toutefois, la productivité partielle soulève un certain nombre de difficultés dont le fait qu’elle ne tient compte que d’un seul input ou d’une partie d’inputs alors que la firme peut améliorer la productivité d’un input aux dépend d’un autre ; mais aussi le fait que la nature hétérogène des inputs est négligée car en effet, concernant la main-d’œuvre par exemple, certains travailleurs peuvent être plus productifs que d’autres.
La seconde est qualifiée de mesure totale de la productivité. Sadoulet et De Janvry (1995) la présentent comme la quantité totale d’output agrégée obtenue à partir d’une unité d’input total agrégé (Total Factor Productivity : TFP). Le problème posée par l’existence de plusieurs facteurs de production et (ou) d’output est résolu par l’usage d’indices agrégés, pondérés par la part des différents inputs et outputs respectivement dans le coût total et la recette totale. Cette méthode permet de parer au fait que plusieurs outputs sont produits à partir de plusieurs inputs. Un autre avantage par rapport à la mesure partielle est que cette mesure peut répondre aux questions soulevées quand on s’intéresse à la productivité : elle évalue les différences de productivités entre les entreprises et elle mesure la croissance de la productivité au cours du temps. Le tableau suivant présente un aperçu de quelques formules d’indices de productivité.
Tableau 2 : Typologie et mesure de la productivité
Source : Extrait du tableau 1 p.517 d’Arena et al. (1991)
A côté des méthodes fondées sur les indices de productivité, on retrouve les méthodes comptables.
– La méthode fondée sur le calcul de différents ratios de productivité
Cette approche qui se base sur les mesures comptables, évalue la productivité à l’aide du calcul d’une batterie de ratios mentionnés dans le tableau suivant :
Tableau 3 : Les ratios de productivité (Productivity ratios)
Source: M.Albouy et H. Obeid, 2007
– Les méthodes économétriques
La productivité s’évalue à travers des changements techniques que connaît le système de production de la firme considérée. Ces modifications peuvent porter aussi bien sur la fonction de production que sur celle des coûts. Cependant, ces deux fonctions ne sont pas données et doivent de facto être estimées à l’aide de paramètres. On parle alors d’approche paramétrique (Lovell, 1993).
De façon concrète, une estimation de la fonction de production est faite à différents instants. On peut ainsi savoir s’il y a eu modification des paramètres de la fonction. Un déplacement de la fonction de production vers le haut caractérise une augmentation de la productivité, dans la mesure où les gains de productivité sont le fruit d’une amélioration de la technique de production. De la même manière, l’on estimera à divers instants une fonction de coût. Une amélioration de la productivité se traduira par un déplacement de la fonction de coût vers le bas, puisque la firme est d’autant plus productive que ses coûts sont bas.
Ainsi présenté les contours de la notion de privatisation et de performance, il serait temps de nous appesantir sur les théories supportant la thèse de la supériorité de la forme privée de propriété.
5 Société à capital public: personne morale de droit privé, dotée de l’autonomie financière et d’un capital – actions intégralement détenu par l’Etat, une ou plusieurs collectivités territoriales décentralisées ou une ou plusieurs autres sociétés à capital public, en vue de l’exécution dans l’intérêt général, d’activités présentant un caractère industriel, commercial et financier.
6 Société d’économie mixte: personne morale de droit privé, dotée de l’autonomie financière et d’un capital – actions détenu partiellement d’une part, par l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées, ou les sociétés à capital public et d’autre part, par les personnes morales ou physiques de droit privé.
7 G. Charreaux, Le gouvernement des entreprises, Editions Economica, 1997.