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Section 1: La couverture alternative du risque climatique : les dérivés climatiques

ADIAL

Les dérivés climatiques permettent aux entreprises de pouvoir protéger leurs résultats en adoptant une stratégie. Cette stratégie peut être établit au regard des différentes formes que peuvent adopter un dérivé climatique.et ils peuvent être échangé sur deux marchés. (§2) Les investisseurs sont très intéressés par les dérivés climatiques à cause de leur rendement. Les dérivés climatiques vont connaitre un succès croissant en Europe. (§3) Mais, avant tout il convient de présenter les dérives climatiques. (§1)

§1. Présentation des dérivés climatiques

Les dérivés climatiques ont un mécanisme et une approche différente de la méthode de l’assurance (C). Les dérivés climatiques ont été créés aux Etats-Unis, afin de diminuer l’influence du climat sur le chiffre d’affaires d’une entreprise. Son utilisation Outre Atlantique ne connait pas le même succès mais ceci va changer surtout si le dérèglement climatique se poursuit (A). Pour autant, certains intervenants critiquent l’utilisation de ces dérivés climatiques en soulevant certaines limites. (B)

A/ Définition et origines des dérivés climatiques.

Les dérivés climatiques sont des produits financiers permettant de ce couvrir contre un risque météorologique. A la différence du contrat d’assurance, ces produits donnent droit au versement d’une somme d’argent, dès lors qu’une limite déterminée est dépassée, à la hausse comme à la baisse, au regard d’un indice météorologique, avant une certaine date. Autrement dit, il s’agit d’une couverture qui permet de transférer sur le marché financier les risques climatiques des entreprises. Ainsi, cela permet au souscripteur du contrat de se prémunir contre un climat qui lui est défavorable pour son activité ; tel qu’une station de skie et le manque de neige.

Ces contrats reposent sur le mécanisme de l’indexation, ainsi différents indices se sont développés, le plus utilisé est l’indice de température. Cette opération s’effectue sur deux types de marché : le marché négocié et le marché de gré à gré. L’Etat français ne s’est pas encore penché sur ce produit financier. En effet, il y a une absence totale de textes légaux relatifs aux dérivés climatiques. Les dérivés climatiques ne s’adressent qu’aux entreprises dont l’activité est soumise au climat. Ainsi, le premier contrat climatique a été élaboré par une entreprise américaine Enron, en 1997. Cette compagnie du secteur de l’énergie voulait protéger son résultat contre un hiver trop doux. Pour cela, elle a négocié le premier dérivé climatique dont le sous- jacent, c’est-à-dire l’indice, était la température. Une fois cette initiative mise en place, les autres compagnies du secteur de l’énergie ont suivie et elles ont donc contribué au développement de cet outil.

Ce nouveau marché n’est pas aussi important que le marché traditionnel. En effet, seul le Chicago Mercantile Exchange, place sur lequel s’échange des actions ainsi que des taux sur les matières premières, a proposé des contrats à terme et des options pour ce nouveau marché. Par la suite, les transactions se sont accrues, ainsi entre 2003 et 2004 plus de 4500 contrats ont été négociés. En Europe les dérivés climatiques ont été mise en place par la création des différents indices. Dans un premier temps, Euronext, à élaboré les indices climatiques NextWeather sur la France et par la suite sur l’Europe. Il avait le but de faire de ces indices les sous-jacents des produits dérivés.

Dans un second temps, le London International Financial Futures Exchange, a lancé non seulement ses indices climatiques mais également des contrats à terme et des options. Tous ces produits ont été constitués à partir des températures mesurées à Paris, Berlin, et Londres. Ce même engouement a lieu en Suisse et en Allemagne. C’est au sein de ces deux pays qu’a été créé Eurexchange. C’est une bourse des dérivés. Ils voulaient également mettre en place plus de 180 indices climatiques sur 30 villes de l’Europe. Malheureusement cela n’a pas abouti.

En 2001, le London International Financial Futures Exchange intègre le groupe Euronext. Mais cet engouement ne dure pas longtemps pour Euronext. En 2003, il retire ses contrats du marché boursier. Il se concentre sur la mise en place des indices NextWeather pour les pays membres d’Euronext. Puis en 2005, la filiale d’Euronext, PowerNext met en place 9 indices climatiques nationaux européens et 5 indices pour les régions Françaises(105). Cette volonté de prendre en considération ce nouveau marché, s’est également traduit par la mise en place d’équipes de professionnels pour gérer, organiser et commercialiser les couvertures de risque climatique, dans le secteur de l’assurance et de la banque.

Pour autant, il faut souligner que le début de ce nouveau marché en Europe est loin d’atteindre le niveau de transactions des dérivés climatiques connu aux Etats-Unis. Cette constatation s’explique d’une part par la prise de conscience tardive des conséquences des risques climatiques sur les résultats des entreprises exposées, d’autre part par les politiques nationales des Etats Européens. En effet, par exemple en matière agricole, les Etas membres de l’Union Européenne sont soumis à la Politique Agricole Commune, qui permet de verser des subventions aux exploitants agricoles. Ce système permet donc d’aider les exploitants met cela empêche la formation de congloméra, comme aux Etats-Unis. C’est à travers ces congloméras que les exploitants agricoles arrivent à accéder au marché des dérivés climatiques.(106) Par conséquent, le début de ce marché Européen n’est pas aussi glorieux qu’aux Etats-Unis, mais ceci va changer. En effet, comme il a déjà été développé le climat « Européen » est en train de se déréglementer. De plus, le système de couverture traditionnel, l’assurance, connait des limites face au coût de plus en plus important des sinistres climatiques. Il faut alors trouver un système qui permet de protéger les résultats des entreprises météosensibles. Les dérivés climatiques sont une solution même si certains auteurs soulignent des limites à ce système.

B/ Les limites des dérivés climatiques

Certains auteurs tels que Moreno ou Fourneaux, soulignent les freins de ce produit financier. Selon ces auteurs les dérivés climatiques connaissent un frein du fait de la faillite de la compagnie américaine, Enron, qui a initié ce produit.et qui était le plus active sur ce nouveau marché(107). Mais il faut souligner que la faillite d’Enron n’est pas « exclusivement » dû aux dérivés climatiques, mais à ses manipulations comptables. De plus, cela a permis à son équipe de se disperser dans différentes entreprises et ainsi de diffuser leur savoir faire. Une autre limite est le risque spécifique à ces produits : « basis risk », c’est-à-dire que le montant qui sera versée à l’entreprise ne permettra pas de compenser le préjudice réel. Ce risque de base existe dés lors que l’indice qui est retenue comme sous-jacent, n’est pas corrélé à l’activité de l’entreprise(108).

L’étude de la dépendance entre l’indice climatique et l’activité d’une entreprise donne lieu à la mise en place d’indice personnelle. Ces indices sont constitués en fonction des caractéristiques de l’entreprise en question. Ces études sont délicates, il faut analyser les conditions météorologiques du lieu géographique de l’entreprise. Or, cette analyse n’est pas simple, les données qui peuvent être retenues par la station météorologique de référence ne coïncide pas forcément avec la réalité du lieu de situation de l’entreprise. Ce phénomène touche surtout les précipitations. En effet, l’évaluation de la pluviométrie dépend fortement du site où elle est mesurée. Le choix du site météorologique est donc extrêmement important pour pouvoir calculer l’indice de référence du contrat de dérivé climatique.

Pour diminuer ce risque de base il faudrait se référer à une station se trouvant à que quelques kilomètres de l’entreprise, or dans la plupart des cas les stations métrologiques sont présentent à des kilomètres. Pour limiter ce manque, les compagnies proposent à l’entreprise d’installer une mini station météorologique sur le lieu où se trouve le risque. Il est également possible, pour atténuer ce risque de base de choisir non pas une station de référence mais trois sites météorologiques qui entourent le lieu exposé au risque climatique. Une fois les mesures prélevées aux trois endroits, la compagnie peut proposer l’indice de référence. Pour autant, dans le domaine de la pluviométrie, il reste très difficile de pouvoir évaluer avec précision la pluviométrie pour une journée donnée. Le manque de moyen conduit alors a conseillé aux entreprises sensibles à ce phénomène, la souscription d’une assurance perte d’exploitation que la mise en place d’une couverture par un dérivé climatique sur la pluie.

Il faut souligner que ce frein concerne surtout la pluviométrie, en dehors de ce dernier, le risque de base reste marginal(109). Enfin, un autre « phénomène » peut s’entendre comme un frein au développement des dérivés climatiques, c’est l’entreprise elle-même. On constate en effet que certaines entreprises, tout en connaissant leur sensibilité aux aléas climatiques, préfèrent tout de même ne pas se couvrir, estimant que le risque est faible. Il en est ainsi, pour GDF, qui a déclaré le 1er avril 2005, que les résultats de son groupe sont principalement affectés par trois facteurs d’origines externes : le prix du pétrole, le taux de change et les conditions climatiques. Sur ce dernier facteur il déclare que « Les conditions climatiques ont une incidence importante sur la consommation de gaz naturel, surtout la consommation des particuliers, qui est principalement utilis pour le chauffage. Elles ont donc un impact significatif sur les résultats du groupe ».

Au regard de ce constat, au lieu de prendre les mesures nécessaires pour atténuer les conséquences sur son résultat, il l’accepte, car selon lui, « à long terme, ce risque est nul en espérance et par conséquent neutre pour GDF. A moyen terme, GDF accepte une volatilité de son résultat relative aux aléas climatiques »(110). Cette analyse de GDF ne peut continuer à trouver une certaine légitimité, au regard des changements climatiques prévues. Par conséquent, les limites reprochées aux dérivés climatiques ne sont pas conséquentes. La seule qui pose des difficultés est le risque de base pour les entreprises dépendantes de la pluviométrie. Ces dernières doivent privilégier la mise en place d’une police d’assurance.

C/ La différence entre le contrat d’assurance et un dérivé climatique

Le contrat d’assurance et les dérivés climatiques sont différents au regard de plusieurs critères. Tout d’abord, l’une des différences notables, est le cadre législatif. Le contrat d’assurance est soumis aux règles édictées par le code des assurances. L’opération d’assurance est définie « comme l’opération par laquelle un assureur s’engage à exécuté une prestation au profit d’une autre personne en cas de réalisation d’un événement aléatoire, le risque, en contrepartie de la perception de la prime »(111). Lorsque le sinistre se réalise et qu’il est garantie un expert peut être nommé pour évaluer le montant du dommage. Au regard de ces informations, l’assureur va pouvoir déterminer le montant de l’indemnité, qu’il devra verser à l’assuré. Le contrat d’assurance est encadré par les pouvoirs publics, car seule une compagnie d’assurance agrée peut valablement délivrer un contrat d’assurance.

Contrairement au contrat d’assurance les dérivés climatiques sont des produits financiers. Ils peuvent servir comme support de couverture mais également comme support d’une opération de spéculation. Le moment du paiement de la prime est là aussi différent. L’acheteur d’un produit peut payer la prime au moment de la transaction ou à l’échéance. Cette prime est nommée le « pay off ». Les éléments qui composent la prime, du dérivé climatique, sont différents de celle du contrat d’assurance. Pour un dérivé climatique, il faut deux données : la prime pure et la prime du risque. La première correspond à l’espérance de gain du paiement final de l’opération. La seconde correspond au montant que le vendeur souhaite, pour pouvoir prendre le risque. Pour le contrat d’assurance, la prime, comporte différents éléments.

La prime pure qui est le montant permettant à l’assureur de pouvoir payer le sinistre, elle est purement technique, elle correspond au prix du risque. S’ajoute à cette prime pure, la prime nette, qui correspond aux chargements de l’assureur, c’est-à-dire à ses frais de gestions, aux commissions versées à ses intermédiaires. Enfin, il faut ajouter les taxes fiscales pour obtenir la prime totale que le souscripteur doit payer. Quant au montant de l’indemnité, il n’est pas déterminé au regard d’une expertise, selon la valeur choisie par les parties ou encore au regard du principe indemnitaire, mais il est établi sur la base d’un calcul arithmétique, défini par les parties, au moment de l’élaboration
du contrat.

Ainsi, pour les dérivés climatiques il n’y a aucun désaccord entre les parties quant au montant versé, à la différence des contrats d’assurance. Mais, l’inconvénient de ces produits par rapport au contrat d’assurance est l’absence de prise en compte du préjudice réel dans la détermination du montant de l’indemnité(112). Ainsi, les dérivés climatiques ont leurs propres caractéristiques, fonctionnements et ils ne peuvent être échangé que sur deux marchés financiers.

§2. Les marchés des dérivés climatiques et ces indices

Les nouveaux modes de négociation, l’apparition de nouvelles technologies, la mise en place d’une monnaie unique au sein de l’Union Européenne sont des facteurs qui ont modifié le marché financier. Ce dernier a connu une évolution mais également un encadrement tant au niveau national, régional qu’au niveau international, par l’adoption de nouvelles lois et traités. Ce marché financier est caractérisé par un faible nombre d’acteurs, ce qui conduit à la mise en place d’alliance, d’élaboration de stratégies et l’apparition de nouvelle entité comme Euronext.

C’est d’ailleurs cette dernière qui a lancé sur le marché réglementé européen les premiers contrats à terme sur la température, quelques années après le Chicago Mercantile Exchange. Les dérivés climatiques ne peuvent s’échanger que sur deux marchés, (B) d’une part le marché organisé qui propose différents contrats et d’autre part le marché de gré à gré. Pour pouvoir comprendre le fonctionnement de ce produit, il faut analyser ses sous-jacents : les indices climatiques (A). Les dérivés climatique est un véritable outil de gestion de risque offrant diverses formes de couverture et permettant ainsi aux entreprises d’élaborer différentes stratégies (C).

A/ Présentation des indices

Le choix de l’indice est très important en matière de dérivé climatique, car il permet de garantir l’adossement des contrats aux besoins de l’entreprise et il permet de garantir la liquidité du marché. Or, ces deux objectif sont difficilement conciliables, garantir l’adossement du contrat au besoin de l’entreprise conduit à choisir un indice dont le périmètre géographique est étroit, proche du lieu du risque, alors que la garantie de la liquidité conduit à l’inverse. C’est sur cette problématique que sont intervenus les acteurs du marché. Le choix effectué par le Chicago Mercantile Exchange est alors différend de celui d’Euronext.Liffe.

Ainsi, le Chicago Mercantile Exchange a mis en place deux indices, HDD et CDD, permettant de répondre aux préoccupations des entreprises du secteur de l’énergie américaine. Ces dernières craignent un certain niveau de température : 18°C. Cette température n’est pas assez froide pour que les ménages américains mettent en marche leurs chauffages et elle n’est pas assez chaude pour qu’ils utilisent la climatisation. Le Chicago Mercantile Exchange, a
ainsi mis en place deux contrats avec deux indices opposés, qui ont une seul température de référence : 18.3°c. Grace à cela les compagnies du secteur de l’énergie peuvent se couvrir contre un hiver trop doux et un été trop frais(113).

A l’inverse, Euronext.liffe a mise en place des contrats portants sur différents indices de températures, et ainsi il répond à des demandes différentes. L’indice HDD pour les saisons froides Cet indice est utilisé d’octobre à avril, ils traduisent un besoin de chaleur de la population. Pour déterminer la valeur de cet indice, il faut se soumettre à un calcul. Pour cela, il faut prendre pour chacun des jours de la période de couverture, la température moyenne de la journée, moins la température de référence. Une fois ce calcule fait, il faut retenir les jours pour lesquels la température est inférieure à la température de référence. La température moyenne de la journée est calculée en faisant la moyenne de la température la plus élevée de la journée et celle de la moins élevée de cette même journée.

Quant à la température de référence, elle est établie par des experts de la météorologie et selon le lieu. Ainsi, sur le marché de Chicago, la température de référence utilisée est 18,3 °c. Celle-ci est établie au regard de la température à laquelle les ménages utilisent leur chauffage. Des lors, une somme est versée pour chaque degré en dessous de la température de référence. Les indices HDD sont utilisés pour les saisons chaudes, c’est-à-dire d’avril à octobre. Le même système de calcul (ci-dessus) est utilisé mais au sens inverse. Une somme est alors versée pour chaque degré au dessus de la température de référence.

Ces deux indices sont les plus utilisés et le système d’élaboration n’est pas complexe. A partir de ces deux indices d’autres indices ont vu le jour comme l’indice Critical Event Day. Ce dernier part du même principe que les indices CDD et HDD mais, au lieu de calculer la moyenne de la température pour chaque journée et de comparer à la température de référence, il faut écrire en binaire.

Ainsi, en partant du HDD, il faut inscrire un 1 si la température moyenne de la journée est supérieure à la température de référence et 0 si elle est inférieure. Puis, il, faut faire la somme des 0 et des 1 sur la période couverte, ce qui permet de déterminer le nombre de jours pour lesquels la température est inférieure à la température de référence. Il en va de même en partant de l’indice HDD mais au sens inverse(114). Cet indice est plus utilisé pour les sociétés qui n’appartiennent pas au secteur de l’énergie, et permet de mieux déterminer le préjudice réellement subi par l’entreprise du fait du risque climatique.

Ainsi, une entreprise de construction, va pouvoir déterminer son préjudice subi du fait de l’arrêt de ses chantiers dont les grues doivent s’arrêter de fonctionner lorsque le vent dépasse un seuil. L’indice détermine alors le nombre de jours où les grues ont du s’arrêter. L’entreprise se verra alors verser une somme d’argent. Les indices climatiques proposés par Euronext. Liffe sont différents. Ces contrats sont établis à partir d’indice construit autour de la température mensuelle moyenne de trois zones : Berlin, Londres et Paris. Cette moyenne est établie grace à la communication des données par les organismes météorologiques des 3 pays (Météo France pour Paris). La mise en place de ces indices n’a pas remporté un grand succès car Euronext. Liffe a pris la décision de ne plus les cotés, du fait du manque de liquidité. Pour autant, la zone de l’Union Européenne n’est pas oubliée par le marché de Chicago qui a lancé des indices et des contrats à terme en Europe.

B/ Les marchés

Les dérivés climatiques ne sont pas encore des produits financiers « connus » par tous les investisseurs, notamment des petits portefeuilles. Leurs échanges et émissions sont alors limités à deux marchés. Le marché organisé, connu sous le nom de Chicago Mercantile Exchange et le marché de gré à gré. Il n’existe qu’un seul marché organisé c’est le Chicago Mercentile Exchange. C’est sur ce marché qui a été lance en 1999 les contrats à terme et ses options. Ils ont été élaborés par rapport à la température aux Etats-Unis, puis en Europe (sur les villes de Londres, Stockholm, Berlin, Amsterdam et Paris) et enfin en Asie (Tokyo et Osaka). Ces contrats ont pour sous-jacent des indices, dont les deux principaux : HDD et CDD, permettant de mesurer l’écart entre la température moyenne et la température de référence.

Euronext liffe a tenté de mettre en place un marché organisé, comme aux Etats-Unis, mais cette tentative a échoué par manque de liquidité et à ce jour aucune nouvelle tentative n’est prévue. Il faut alors compter sur le marché de gré à gré. Ce marché est l’opposé du marché organisé, ces opérations se font en dehors du marché boursier. Ce marché rencontre en fort succès en Europe, car il permet d’élaborer des opérations sur mesure et donc adaptées aux besoins et aux spécificités de chaque entreprise. C’est sur ce marché que les assureurs, réassureurs et banquiers se développent. Ils peuvent proposer des couvertures personnalisées en terme de temps, ils peuvent établir ces contrats pour une duré de 5 ans, de paramètre climatique: températures, pluies, vent et de lieu. Ils touchent ainsi un grand nombre d’industriels.

Ce marché est caractérisé par la présence de deux opérations : les transactions dites primaires et secondaires. Au sein de la première, les vendeurs de couvertures c’est-à-dire les assureurs, réassureurs ou les banquiers, se lient aux entreprises qui sont à la recherche d’une couverture climatique, Au sein de la seconde les vendeurs de couverture, qui gèrent les portefeuilles, spéculent.

C/ Les stratégies offertes aux entreprises : les formes des dérivés climatiques

Le marché offre différents instruments pour une meilleure couverture de l’entreprise contre son risque climatique. Le choix de l’instrument dépend de différents paramètres comme l’activité de l’entreprise, la période de couverture, la nature du risque climatique à couvrir et l’impacte de ce risque sur son résultat. Comme il a été étudié, le fonctionnement des dérivés climatiques est proche du fonctionnement des dérivés financiers, que se soit en terme d’existence de marché réglementé ou d’indices.

Pour les dérivés financiers, les indices qui servent de sous-jacent, sont les matières premières, le taux d’intérêt, les cours de change ou les indices boursiers alors que pour les dérivés climatiques il s’agit d’indices climatiques (la température, la pluviométrie, la vitesse du vent.) Les dérivés climatiques peuvent revêtir quarte formes, permettant ainsi de prendre en considération la stratégie de l’entreprise :

– Le Cap, il s’agit « d’un plafond, cela permet à l’acheteur de pouvoir, moyennant le paiement d’une prime, plafonner ses pertes qui sont causées par des conditions climatiques adverses »(115). Ainsi, une compagnie aérienne peut acheter ce produit, qui sera basé sur le nombre de jour d’enneigement important, dans le but de compenser sa perte de revenus du fait de l’immobilisation sur le sol des ses appareils aériens.

– Le Floor, il s’agit d’une garantie planchée, permettant à l’acheteur d’être indemnisé si l’indice climatique est inférieur à un seuil prédéterminé. Les stations se ski peuvent acheter un Floor, afin de se protéger contre des chutes de neiges insuffisantes.

– Le Swap est la protection la moins couteuse. Il faut que les deux parties soient exposées à un risque climatique opposé. C’est le cas d’une station balnéaire avec le risque d’un été non estival et les musés avec le risque d’été trop chaud. Les deux parties se mettent d’accord sur l’indice à retenir. Ainsi, l’une d’entre elle devra payer l’autre partie si l’indice est dépassé. Cette dernière devra en contrepartie indemniser l’autre si l’indice n’est pas atteint. Concrètement, un exploitant de plage et un exploitant d’un musé veulent se protéger contre un été trop frais et un été trop chaud. Ils recourent à un swap, pour la durée estivale, avec comme indice un niveau de température de 27°. Si sur cette période, la température moyenne est inférieur à 27°, l’exploitant du musé devra payer une somme déterminée dans le contrat. Si la température moyenne est supérieure à 27°, c’est l’exploitant de plage qui devra payer. Ainsi les deux entreprises sont satisfaites.

– Le Collar, il permet à chaque partie d’acheter et de vendre simultanément un floor et un cap. Il est analogue au swap mais il a deux prix différents. Dès lors que l’indice retenu ne dépasse pas les deux prix d’exercice, aucun paiement à lieu. C’est pour cela que le floor est appelé la garantie tunnel. Ce graphique permet de mieux comprendre son fonctionnement(116). Ainsi, l’acheteur diminue son risque lorsqu’il se trouve à l’intérieur de ce tunnel. Il devient créancier si les conditions climatiques sont mauvaise et débiteur d’une partie des ses gains si elles sont favorables. Ce produit coute moins cher que le cap et le floor.

graphique ASSURANCE DE L’ENTREPRISE ET RISQUE DE NATURE CLIMATIQUE 4

§3. L’avenir prometteur des dérivés climatiques

En Europe, ce produit financier va connaitre un succès certain. Les entreprises météosensibles vont pouvoir se protéger correctement. Différents facteurs montrent que le marché Européen des dérivés climatiques va s’accroitre(A). De plus du fait de son fonctionnement et son rendement cet outil attire les investisseurs (B).

A/ Les évolutions

Les évolutions passent par l’ouverture de la concurrence au niveau Européen (1) ainsi que par la mise en place d’indices climatiques spécifiques aux Etats et aux régions de l’Union Européenne (2).

1/ Un marché Européen en plein essor

Le marché européen ne connait pas le même succès qu’aux Etats-Unis. Pour autant, différents acteurs s’intéressent de plus en plus aux dérivés climatiques. En France, les courtiers comme Gras Savoye, March… mettent en placent des services dédiés aux risques climatiques, il en va de même pour les compagnies d’assurance (AXA…) et les banquiers. De plus, avec la politique de l’Union Européenne sur l’ouverture de la concurrence, le secteur de l’énergie pourraient suivre le chemin emprunté par les compagnies américaines, en se reposant sur ces types de produits, pour que leur résultat ne soit pas affecter par le risque climatique et être ainsi plus compétitif.

Cette ouverture selon les pays est plus ou moins importante. En France, c’est en 2007, que l’ouverture totale du marché était prévue, pour autant EDF garde aujourd’hui une part importante du marché. A l’inverse aux Royaume-Uni, le marché de l’électricité et du gaz est totalement ouvert. Cet élément conjugué avec l’apparition de nouveaux acteurs et de l’ouverture du capital des sociétés ne peuvent que déboucher sur le développement des dérivés climatiques. De plus, la mise en place des couvertures des dérivés climatiques pour ce secteur d’activité est simplifiée. L’évaluation du risque climatique ainsi que les contrats sont connus depuis longtemps car c’est dans ce secteur que les dérivés climatiques ont été crées et qu’ils représentent plus de la moitié des transactions aux États-Unis.

2/ Des indices spécifiques pour les pays de l’Union Européenne

Le marché des dérivés climatiques en Europe se développe au fil des années de plus en plus. Dans un premier temps, les équipes d’Euronext Paris et Météo France ont conjointement élaboré une méthode permettant la mise en place des dérivés climatiques Français. Ces indices sont utilisés pour mesurer le risque climatique des entreprises industrielles et commerciales au niveau régional mais, également national. Ainsi, le marché de gré à gré peut se développer en se basant sur ces indices. Pour pouvoir mettre en place ces indices, une étude de dix ans a été menée sur l’ensemble des 22 régions Françaises, ce qui a permis de découper la France en cinq zones climatiques avec des villes de référence, tel que Lyon, Marseille, Paris, Bordeaux…(117).

Ainsi, quotidiennement Euronext publie les indices, qui peuvent être mensuel ou trimestriel, en faisant la moyenne entre la température maximale et minimale. Concernant l’indice national, il suffit de faire la moyenne des températures relevées dans les 22 régions françaises et d’y pondérer par le nombre d’habitants de chacune des régions. Par conséquence, cette indice à un caractère économique. Cette méthodologie de construction d’indices est une innovation car elle a segmenté l’espace Français en zone climatique homogène et elle prend en considération l’activité économique (avec la pondération de la moyenne de température par la population). Du fait du succès et de la simplicité de la mise en place de ces indices Météo France et Euronext Paris ont décidé, en 2003, d’étendre leur réseau d’indices en élaborant des indices aux Pays-Bas et en Belgique.

Dans un deuxième temps, Powernext a repris la gestion de ces indices en 2005. C’est sous l’impulsion de la libéralisation du marché intérieur de l’électricité que Powernext est crée en 2001, dans le but d’offrir aux acteurs du marché de l’énergie une bourse d’échange d’électricité. Il gère ainsi la bourse d’échange de l’électricité et des quotas de CO2., à travers Powernext Carbon. Cette bourse, mise en place depuis juin 2004, est un marché organisé où s’échange les droits d’émettre du CO2. Par conséquent, Powernext gère les marchés sur lesquels les investisseurs sont des entreprises dont leurs activités dépendent du risque climatique. Il peut ainsi leur promouvoir l’intérêt de se protéger contre se risque.

Par exemple, une entreprise émettant beaucoup de CO2 va acheter à Powernext les droits d’émettre du CO2, son prix de revient va donc augmenter. Powernext peut alors la sensibiliser sur l’intérêt de protéger son prix en mettant en place une couverture de dérivé climatique. Ainsi, grace à des acteurs comme Powernext le marché des dérivés climatiques peut se développer. De plus, Powernext a pour objectif de poursuivre la promotion des indices climatiques en Allemagne, Espagne, Suisse et Italies. Il collabore également avec les banques, assureurs et réassureurs pour la diffusion des indices. Ainsi, cet outil à un bel avenir en Europe.

B/ Un outil financier prometteur

Le développement de la volatilité des marchés financiers depuis une quinzaine d’années, ont conduit les investisseurs à se tourner vers la gestion alternative. La performance de la gestion alternative n’est pas directement liée à l’évolution du marché dit traditionnel, c’est-à-dire des actions, de changes, de dettes de matières premières. La gestion de cette dernière repose sur une seule variable : le pari de l’évolution des supports à la hausse ou à la baise. Tandis que la gestion alternative repose sur différentes variables comme la probabilité de la réalisation de l’événement, la durée et la qualité des indices. Les dérivés climatiques sont différents des autres classes d’actifs. Il y a une absence de corrélation entre ces nouveaux actifs et les autres. Selon deux auteurs, il y a une raison qui explique cette absence de corrélation. Cela « tient à la nature physique du risque du sous jacent » c’est-à-dire « la température, la pluviosité, le vent…. La baisse des marchés de l’action ne vont pas provoquer un cyclone »(118).

Les dérivés climatiques ont un bel avenir devant eux, car en plus d’être utilisés pour protéger le résultat des entreprises, ils sont également utilisés pour financer une campagne marketing. Les assureurs proposent à leurs clients une offre promotionnelle qui est basée sur les conditions météorologiques. Cette technique a été innovée au Canada par une entreprise souhaitant vendre des motoneiges. Pour pouvoir commercialiser ces produits, elle proposait un remboursement de 1000 dollars dès lors que le niveau d’enneigement était inférieur au niveau moyen calculé sur les trois dernières années. Cette politique a été reprise dans différents domaines, comme nous l’avons vu, tel que le tourisme. Ces offres commerciales permettent aux entreprises de fidéliser sa clientèle et de déboucher de nouveaux clients par un remboursement ou un avoir(119). Le marché financier est également une solution envisagé par les assureurs.

105 FOURNEAUX S, HOLZ R, MORENO M, CARLE J, MARTEAU D, La Gestion du Risque Climatique,Economica, 2004, p 80 et svt.
106 MERIGUET. V, l’aléa climatique, Mémoire n°699 IAL, 2006- 2007, p 68.
107 FOURNEAUX S, HOLZ R, MORENO M, CARLE J, MARTEAU D, La Gestion du Risque Climatique,Economica, 2004, p 92.
108 BLONDEAU.J et PARTRAT.C, La réassurance approche technique, Economica, 2003, p 587.
109 DISCHEL. B, Is prescipitation basis risk overstated, risk magazine, 2002, p 17.
110 PONT.A, SMADJA.P, Quel avenir pour les dérivés climatique en Europe, Mémoire Conservatoire National des Arts et Métiers, 2005, p 20.
111 KULLMANN.J, Caractères généraux de l’opération d’assurance, 2011, Lamy, p7.
112 BLONDEAU.J et PARTRAT.C, La réassurance approche technique, Economica, 2003, p 587.
113 FOURNEAUX S, HOLZ R, MORENO M, CARLE J, MARTEAU D, La Gestion du Risque Climatique, Economica, 2004, p 70.
114 PONT.A, SMADJA.P, Quel avenir pour les dérivés climatique en Europe, Mémoire Conservatoire National des Arts et Métiers, 2005, p 12.
115 PONT.A, SMADJA.P, Quel avenir pour les dérivés climatique en Europe, Mémoire Conservatoire National des Arts et Métiers, 2005, p 17.
116 PONT.A, SMADJA.P, Quel avenir pour les dérivés climatique en Europe, Mémoire Conservatoire National des Arts et Métiers, 2005, p 18.
117 FOURNEAUX S, HOLZ R, MORENO M, CARLE J, MARTEAU D, La Gestion du Risque Climatique, Economica, 2004, p 70.
118 AUGROS.C et QUERUEL.M, Les dérivés climatiques et naturels : de nouvelles opportunités pour les investisseurs, Economica, 2002, p 76.
119 Voir supra Titre II, chapitre 1, page 61.

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