Revenons sur la genèse de cette recherche. Il faut savoir qu’après un certain nombre de remplacements d’enseignants depuis 2009, j’ai obtenu pour cette année (2012-2013) mon premier contrat. La problématique soulevée dans ce mémoire est apparue, alors que je rencontrai beaucoup de difficultés avec quatre élèves qui ne comprenaient pas mes consignes. Des questionnements se présentaient. Ils concernaient d’abord la compétence des élèves, suivies des miennes, pour finalement se dirigeaient vers les parents : pourquoi inscrire son enfant de culture anglophone dans un milieu scolaire en immersion française ? Question simple et naïve qui représenta les prémices de ma recherche sans réellement m’en rendre compte.
Afin de vérifier la pertinence de mon questionnement, d’obtenir quelques réponses et surtout, de formuler correctement mon questionnement (52) , je me suis adressé aux enseignants de mon école, de manière spontanée ou dans le cadre d’un rendez-vous plus formel. Il m’était en effet difficile de parler directement aux parents qui ne font pas partie de mon milieu de travail, je dirais même qu’ils en sont exclus. Concernant mon enquête préparatoire, le manque d’expérience dans ce domaine m’a fait commettre mes premières erreurs : la perte des notes que j’en avais prises. Des souvenirs que j’ai gardés, je peux extraire de ces conversations quelques opinons dont je vais rendre compte.
Du point de vue des enseignants, les parents n’ont pas vraiment le choix : au Québec, il faut parler français. Cinglante évidence qui a provoqué mes premiers doutes : ma question n’aurait-elle aucun intérêt ? Plus tard, une deuxième opinion nuança la première. Les enseignants m’ont déclaré que certains élèves n’étaient intellectuellement pas capables de suivre un programme en immersion. Dans ce cas, ils vont en école anglophone. S’agissait-il du type d’élèves avec lesquels je rencontrais des difficultés ? Les écoles anglophones n’existeraient-elles que pour eux ? Une troisième opinion a mis fin à mes doutes quant à la pertinence de mon questionnement : certains parents se plaignent du manque de français en immersion. Les parents anglophones inscriraient donc leurs enfants en immersion tout en s’en plaignant.
Finalement, je m’approchais de la question initiale de mon mémoire, qui ne sera formulée définitivement que bien plus tard, alors que je terminais les entretiens avec mes informateurs. En effet, je comprenais petit à petit que mon enquête exploratoire ne s’était pas arrêtée à ces discussions avec mes collègues : « l’exploration n’est plus une phase, mais le processus même de l’enquête » (Blanchet, 2010 : 36).
52 Il s’agit de la première étape de la construction de l’objet scientifique que rappelle Blanchet dans son ouvrage : la rupture avec les prénotions (Blanchet, 2010 : 35)