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Paragraphe II : AQMI, une menace supplémentaire pour le sahel

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L’on ne peut parler d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) sans s’interroger sur la très étrange histoire de cette organisation (A) et sans voir son mode de fonctionnement et son organisation(B).

A- Histoire d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)

AQMI est une organisation complexe, officiellement franchise d’Al-Qaïda à l’échelle maghrébine et sahélienne et, officieusement, levier utilisé par de multiples acteurs au gré de leurs intérêts stratégiques ou criminels125, la naissance de l’organisation s’est fait à travers un long processus allant du Groupe Islamique Armé (GIA) au Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) (1), avant sa transformation en Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)(2).

1) Du Groupe Islamique Armé au Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat

Le Groupe Islamique Armé (GIA) est une organisation armée dont le but est de renversé le gouvernement algérien pour le remplacer par un Etat islamique. Celui-ci a fait régner la terreur au cours des années de la « sale guerre », de 1992 à 1999. Il était à la fois l’ennemi du pouvoir et de l’Armée Islamique du Salut (AIS), présenté comme le bras armé du Front Islamique du Salut (FIS), dont la victoire électorale de décembre 1991 avait provoqué le coup d’état militaire de janvier 1992(126) et la longue guerre civile(127) qui l’a suivie ; indissolublement associés au déploiement de la puissante « machine à mort » des forces de sécurité, pratiquant depuis 1994 à grande échelle la torture et les exécutions extrajudiciaires(128), les GIA assuraient plusieurs fonctions complémentaires : terroriser par les crimes injustifiables une population largement acquise à l’opposition islamiste, se substituer à la véritable rébellion armée pour la discréditer et provoquer des dissensions internes, pousser à l’armement de la population civile pour combattre le « terrorisme », justifier la « guerre totale » contre les civils, faire accepter les mesures antisociales draconiennes, bénéficier du soutien international. Mais, après la victoire à la Présidence de la République d’avril 1999 d’ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, promoteur officiel de la Concorde Civile(129), les GIA devaient disparaître. Et pour cause : pour les Chefs du Département de Renseignement et de Sécurité (DRS), qui avaient infiltré les GIA dès leur création en septembre 1992, avant d’en prendre le contrôle total à partir de la fin 1995(130), cette organisation protéiforme ne pouvait plus répondre à leurs objectifs.

En effet, lors des grands massacres revendiqués par les GIA en 1997 et 1998, de plus en plus de voix s’étaient élevées sur la scène internationale, s’interrogeant sur la véritable nature de ces groupes et leurs liens avec les chefs de l’armée. A l’automne 1997, une campagne internationale pour une commission d’enquête indépendante sur les massacres avait été lancée par les organisations de défense des droits de l’homme(131). Il était temps de se débarrasser de ces GIA devenus trop encombrants. En effaçant les GIA, le DRS, avec à sa tête les généraux Mohammed MEDIENE, dit « Toufik », et Smaïl LAMARI, dit « Smaïn » évitaient que devienne trop évident le rôle qu’ils leur avaient assigné, celui d’une organisation contre insurrectionnelle, largement inspirée dans ses principes par la doctrine dite de la « guerre moderne » élaborée dans les années 1950 par des officiers français dont les colonels Charles LACHEROY et Roger TRINQUIER et appliquée d’abord en Algérie, pendant la guerre d’indépendance avant d’être essaimer dans le monde entier, en particulier en Amérique
Latine(132). Certes le GIA disparait, mais un autre groupe dissident voir le jour, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) qui deviendra plus tard Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).

2) De l’internalisation du GSPC à l’avènement d’AQMI

La page des GIA est alors tournée mais pas celle de l’instrumentalisation de la violence islamiste. De nouveaux groupes armés se revendiquant de l’islam, destinés à se substituer aux GIA pour maintenir une « violence résiduelle », afin de prévenir toute velléité de révolte dans une population brisée par les sept années de la « seconde guerre d’Algérie » vont continués à perpétrer des actions violentes contre l’Etat d’Algérie. C’est dans cette lancée suite aux dissidences avec les GIA que le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) voit le jour en Algérie sous le signe de l’unification(133). L’objectif est d’unifier les différents groupes islamistes algériens de la mouvance salafiste djihadiste et de donner au mouvement, une ligne d’action claire. Dans leur déclaration du 24 avril 1999(134), considérée plus tard par certains responsables du groupe comme marquant la véritable création du GSPC(135), les dirigeants du GSPC expliquent que leur scission du GIA est motivée par leur attachement à la méthode salafiste(136) sur les plans religieux et doctrinaire, exprimée par une nouvelle appellation pour se démarquer de celle des GIA, identifiée à la méthode d’AT – TAKFIR WA AL- HIJRA(137). Ils se distancient des massacres commis sous la direction d’Antar ZOUABRI(138), critiquent le cessezle feu décidé par l’AIS et, enfin annoncent la nomination de ABOU MOSAAB Abdelmadjid comme nouvel émir remplaçant Hassan HATTAB(139).

La chute de ce dernier provient du fait que sa stratégie défensive et strictement algérienne suscite des critiques croissantes au sein même du GSPC : faut-il se contenter de la lutte sur le seul sol algérien, y compris avec quelques essais au Sud contre l’Etat et les intérêts étrangers, ou faut-il étendre l’action à l’étranger ? C’est l’avis de la fraction internationaliste, portée notamment par deux commandants de l’organisation, Nabil SAHRAOUI et Abdelmalek DROUKDAL qui plaide pour une extension du jihad en dehors des frontières algériennes.

L’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, en mars 2003, renforce les tenants de cette posture, et quelques mois plutard, en août 2003, SAHRAOUI et DROUKDAL prennent le contrôle du GSPC. SAHRAOUI devient alors le nouvel émir de l’organisation, mais à la mi-juin 2004, il est tué dans une embuscade de l’armée, dans la région d’El-KSEUR (basse Kabylie)(140). Abdelmalek DROUKDAL lui succède à la tête de l’organisation terroriste.

Le nouvel émir du GSPC vouant une profonde admiration pour Al-ZARQAOUI, le chef d’Al-Qaïda en Irak(141), il se rapproche de lui et se met au service de la branche irakienne d’Al-Qaïda afin à la fois de bénéficier de son prestige, de son savoir-faire, et d’affirmer sa volonté de se placer dans un jihad mondialisé. C’est ainsi qu’il envoi à ZARQAOUI des centaines de combattants en provenance de tout le Maghreb et préalablement entrainés dans le maquis algérien. Cette collaboration permet à DROUKDAL d’asseoir son autorité sur ces troupes et de surcroît, d’affermir ses liens avec Al-ZARQAOUI. Ce rapprochement spectaculaire incite alors DROUKDAL à demander l’affiliation du GSPC à Al-Qaïda. La demande est formulée dès septembre 2005. Et Al-Qaïda souhaitant étendre ses réseaux vers l’Afrique du Nord, elle trouve un intérêt à accéder à la requête de DROUKDAL dont l’organisation a pour avantage de disposer de véritables sanctuaires en Algérie, fait preuve d’un grand dynamisme en lien avec son engagement anti américain en Irak et est, en outre, susceptible de servir de marche pied pour mener des actions sur le sol européen. Aussi, après plusieurs mois de négociations, Ayman Al-ZAWAHIRI, présenté comme le numéro deux d’Al-Qaïda, annonce dans un message vidéo le ralliement du GSPC à Al-Qaïda le 11 septembre 2006.

Dans son dernier message vidéo, diffusé cinq ans jour pour jour après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, relate Le Monde, Al-ZARQAOUI a appelé le mouvement islamiste algérien, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le combat (GSPC), à « devenir une épine dans la gorge des croisés américains, français et de leurs alliés »(142). Deux jours plus tard, le 13 septembre, le GSPC publie sur son site web un communiqué dans lequel il confirme l’information : « Nous prêtons allégeance à Cheick Oussama BEN LADEN (…) Nous poursuivrons notre jihad en Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu’il frappe par notre entremise où qu’il voudra et partout où il voudra »(143). Le 24 janvier 2007, DROUKDAL annonce la transformation du GSPC en Al-Qaïda au Maghreb Islamique dans un communiqué du 24 janvier 2007(144). L’avènement d’AQMI ne consiste pas uniquement en un changement d’appellation. Il correspond à l’apparition d’une nouvelle stratégie de combat qui fait pleinement entrer l’ex-GSPC sur la scène djihadiste mondiale.

B– Organisation et fonctionnement d’AQMI

L’efficacité d’AQMI dans la terreur s’explique tant par une organisation (1) et un mode de fonctionnement qui lui assure suffisamment de rentes pour financer ses activités (2).

1) Structure d’AQMI

Eu égard à la nature des activités d’AQMI, il n’y a pas d’organigramme officiel régulièrement mis à jour de cette organisation. Si déterminer sa structure n’est donc pas aisé, il est néanmoins possible d’en établir les grandes lignes en particulier au travers des communiqués de ses dirigeants et des revendications d’attentats passés(145).

Tout d’abord, il est important de souligner que, comme Al-Qaïda (la maison mère), AQMI est structurée autour de serment d’allégeance(146). L’organisation repose sur des liens individuels plus conformes à la tradition arabo-musulmane : on prête allégeance à un chef et, par conséquent, on se met à son service dans le cadre d’une logique tribale, tout en conservant une grande autonomie. La nouvelle organisation comporte un commandement commun, situé en Kabylie avec à sa tête Abdelmalek DROUKDAL alias Abou MOSSAAB ABDELWADOUD son émir international. Celui-ci était présenté comme le « vrai numéro deux du GSPC »(147) avant que cette organisation ne devienne AQMI. AQMI n’ayant évidemment pas de siège officiel, il est difficile de savoir où réside DROUKDAL(148). Quoiqu’il en soit, au cours des années suivantes, cet homme deviendra la vedette incontestée des analyses sécuritaires de la presse algérienne et de tous les rapports des « thinks thanks américains et européens » consacrés au GSPC(149).

La zone d’action d’AQMI étant très étendue, le territoire sur lequel elle évolue a été divisé en quatre zones d’influences. Cela n’est pas nouveau car, le GSPC était déjà structuré en une dizaine de zones(150), les deux dernières correspondant au sahel (zone n° 9) et à l’étranger (zone n° 10). En panne d’influence tant en Afrique du Nord qu’en Europe, AQMI donne la priorité à sa branche saharienne. Ce sont des effectifs très mobiles qui sillonnent la bande sahélienne sur un total qui ne doit guère dépassé le millier d’hommes. Mis à part quelques dizaines de mauritaniens, de libyens encore moins de marocains, de nigériens et de maliens, l’essentiel des combattants est issu du GSPC algérien. Les troupes opérationnelles d’AQMI représenteraient entre 250 et 300 combattants pour les uns(151) et autour de 500 pour les autres(152). Ce nombre ne tient pas compte des hommes qui ont rejoint l’organisation terroriste après la chute du colonel KADHAFI y compris ceux qui se répartissent dans d’autres groupes terroristes qui se sont crées au sahel et au Nord-Mali.

Les hommes sont réunis en petites unités de base, les katibas(153). Ces katibas sont reparties sous deux brigades : à l’Ouest du sahel (Mauritanie, Sud-Algérie, Nord-Mali) avec Abdelkader MOKHTAR BEL MOKHTAR(154) à la tête de la katiba des MOULATHAMOUNES(155) et à l’Est, la katiba TAREQ IBU ZYAD(156) crée en 2003 par Amari ZAIFI plus connu sous le nom d’Abderrazak EL PARA(157) et dirigée depuis son arrestation en mars 2004, par Abou ZEID(158).

Elle affiche ses ambitions par une série d’action à la fois violente et largement disséminée sur tout le sahel. La mort accidentelle au mois de septembre 2012 de Nabil MAKHLOUFI, numéro deux d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique, a conduit à une réorganisation de la structure hiérarchique du groupe(159). Elle n’est en réalité que l’aboutissement de tensions et de crises répétées(160) au cours des dernières années au sein d’AQMI, plus particulièrement entre les émirs Abdelmalek DROUKDAL et Abou ZEID d’un côté, et MOKHTAR BEL MOKHTAR de l’autre. Le retrait annoncé de MOKHTAR BEL MOKHTAR d’AQMI, un des chefs historiques de la nébuleuse, et sa probable mort annoncé avec celui d’Abou ZEID, le plus « qaïdatiste » des chefs de l’AQMI qui auraient été tué lors de l’opération des forces françaises intervenant au Nord du Mali plus précisément dans les contreforts du massif de l’Adrar des IFOGHAS, près de la frontière algérienne constituent le principal bouleversement de la structure de commandement. La mort de ce grand argentier d’AQMI est ainsi une grande perte pour l’organisation en termes de financement et d’armement. De même que la mort D’Abou ZEID est un coup dur pour AQMI car, certains considèrent même que le rôle de ce dernier dans l’organisation était tel que cela s’apparente à la mort d’Oussama BEN LADEN pour Al-Qaïda.

2) Le financement des activités d’AQMI

AQMI a réussie à faire du sahel un terrain juteux lui permettant de fructifier ses activités. L’organisation va mettre sur pied ce que certains appellent le « ganstéro-djihadisme », c’est-à-dire le recours à des crimes et délits de droit commun afin de financer le jihad. Ce n’est pas une nouveauté car la première Fatwa autorisant le financement du djihad par des activités illicites remonte au début des années 90. Le GIA, « ancêtre » d’AQMI, n’hésitait pas à recourir à de telles méthodes y compris l’ex-GSPC. Dans le cas de l’AQMI, plusieurs ressources contribuent au fonctionnement des activités de l’organisation. Selon Jean-Charles BRISARD, spécialiste des questions de terrorisme, 90% des ressources d’AQMI viennent des rançons obtenues contre la libération des otages. Dans la théorie interne d’AQMI, les otages (Rahâ’in) sont ainsi assimilés à des « prisonniers de guerre » (Asra) et leur libération est soumise à des conditions qui relèvent, selon l’organisation, du « droit musulman de la guerre »(161). L’intensification des opérations de l’armée algérienne a contraint AQMI à étendre ses opérations d’enlèvement au Mali, à la Mauritanie et au Niger(162). Les attentats diminuent au profit des pratiques de banditisme avec notamment une recrudescence d’enlèvements de ressortissants occidentaux contre le paiement des rançons au sahel(163) et quelques fois de demande de libération de djihadistes retenus prisonniers dans certains pays de la région ou hors du continent.

AQMI aurait fait du sahel l’industrie de l’enlèvement(164). A cet effet, depuis 2003, 53 personnes ont été prises en otages dans le sahel par les groupes terroristes y opérant(165). Ils ne font pas de distinction entre les personnes qu’ils enlèvent, seule leur valeur marchande prévaut.

D’après Kamel REZZAG BARA, Conseiller Spécial du Président Algérien sur les questions de terrorisme qui s’exprimait en septembre 2010 devant une réunion de l’assemblée générale de l’ONU portant sur le terrorisme, les katibas sahéliennes d’AQMI ont engrangées en sept ans plus de 150 millions d’euro grâce aux rançons. Cette manne financière a permise à l’organisation de se procurer des armes, de recruter de nouveaux combattants et de financer des actions « sociales » auprès de certaines populations de la bande sahélo-saharienne, précisément au Nord du Mali, afin de les gagner à leur cause ou tout au moins de réduire les sentiments de rejet qu’elles pourraient avoir à son encontre ; mettant en œuvre par la même occasion une autre stratégie d’AQMI-sahel consistant à nouer des liens avec les communautés locales(166), y compris avec leurs responsables, pour s’assurer des complicités actives ou passives, selon les circonstances et d’obtenir de discuter au moins médiatiquement avec les Etats.

L’implication d’AQMI au sahel dans ce « banditisme djihadiste »(167) s’illustre aussi par la mise en œuvre d’activités dangereuses et notamment de trafics divers et illicites. Il faut rappeler que le groupe tire une partie de ces revenus sur ces activités à côté de la prise d’otage qui est sa source de revenu principal. Il en résulte que le trafic de stupéfiants est la deuxième source d’apports financiers pour AQMI. Celui-ci a longtemps divisé les chefs de l’organisation(168). Certains considérants cette pratique comme interdite par l’islam tandis que pour d’autres, la

drogue étant destinée aux apostats chrétiens et juifs rendait licite cette activité(169). La présence d’AQMI dans le sahel et en Algérie devient ainsi une aubaine pour les trafiquants qui rétribuent les terroristes contre une protection. Des membres maliens d’Al-Qaïda arrêtés au Ghana dans une opération de lutte anti-drogue ont révélé aux policiers qu’AQMI offrait aux narcotrafiquants Sud-américains une protection dans le transfert de la drogue moyennant une compensation financière de 4200 dollars le kilo(170). Selon le rapport 2010 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 21 tonnes de cocaïne auraient transité par l’Afrique de l’Ouest, notamment par la Mauritanie et le Mali, à destination de l’Europe en 2009(171).

A côté du trafic de drogue, la contrebande de cigarettes est aussi une source non négligeable de financement pour l’organisation. Les cigarettes transitent par la Mauritanie, le Mali et l’Algérie pour arriver sur le continent européen. La contrebande de cigarettes via l’Afrique de l’Ouest génère environ 300 millions de dollars annuellement(172). La filiale d’Al-Qaïda exploite aussi le trafic d’êtres humains pour s’enrichir. Le savoir-faire d’AQMI en ce qui concerne la fabrication de faux papiers d’identité et le passage clandestin des frontières lui permet d’entrevoir, il est vrai, un mode de financement moins lucratif que la drogue, mais certainement moins dangereux pour l’organisation(173). Celle-ci bénéficie aussi d’obscurs flux du Moyen-Orient (Qatar, Arabie Saoudite)(174). Tout cet argent amassé sert à l’achat du matériel de l’organisation, à la corruption des agents de l’Etat et au blanchiment à travers d’affaires légales comme les investissements immobiliers. Ainsi, les terroristes islamistes auraient acquis de vastes étendues de terres et des habitations de luxe au Mali, en Mauritanie et au Niger(175). La multiplication de ses activités criminelles et « commerciales » fait peser une grande menace sur l’ensemble de la région sahélo-saharienne.

125 Mehdi TAJE, « La réalité de la menace d’AQMI à l’aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre 2011, p. 281.
126 François GEZE et Salima MELLAH, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très étrange histoire du GSPC algérien », Algéria – Watch, 22 septembre 2007, p. 5.
127 Jean François DAGUZAN, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique, une menace stratégique ? », FRS, 30 juillet 2010, p. 2.
128 Salah-Eddine SIDHOUM et Algéria-Watch, « Algérie, la machine de mort », octobre 2003, www.algériawatch.org/fr/mrv/mrvtort/machine_mort.htm.
129 L’adoption de la loi de Concorde Civile intervient dans le contexte de guerre civile entre terrorisme islamiste et violence de la répression, le 20 juillet 1999. Elle prévoit une exonération ou une réduction de peine pour les membres des groupes armés qui se rendront avant le 13 janvier 2000, pour autant qu’ils n’aient pas commis de crimes de sang ou de viols (lors du référendum du 16 septembre suivant, la loi est approuvée par 99% de « oui ».
130 Voir sur ce point le témoignage essentiel d’un ancien officier du DRS : Mohammed SAMRAOUI, Chronique des années de sang. Algérie : Comment les services secrets ont manipulé les groupes islamistes, Denoël, paris, 2003 ; Ainsi que l’étude détaillée de Salima MELLAH, « Le mouvement islamiste algérien entre autonomie et manipulation », Comité Justice pour l’Algérie, mai 2004, www.algérie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_19_mvtislamiste.pdf.
131 Voir Salima MELLAH, « Les massacres en Algérie, 1992-2004 », Comité de justice pour l’Algérie, mai 2004, www.algérie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_2_massacres.pdf.
132 Voir Marie-Monique ROBIN, Escadrons de la mort, L’école française, La Découverte, Paris, 2004.
133 Ce n’est pas un hasard que l’acte de naissance du GSPC soit sous la forme d’un communiqué intitulé « Communiqué de l’unification ». Dans son premier communiqué du 16 septembre 1998, le GSPC annonce le ralliement sous ce nouveau sigle de quelques groupes rescapés du GIA et la désignation de Hassan HATTAB, jusque là émir de la « zone 2 » du GIA (Kabylie et partie Est de la capitale) comme émir intérimaire du nouveau groupe. Cette déclaration est signée par quelques hommes : outre HATTAB luimême, il s’agit de Nabil Sahraoui (alias Abou Ibrahim Mustapha, émir de la « zone 5 », dans l’Est du pays), d’Abou Omar ABD Al-BIRR (responsable de la communication) et d’Abdelaziz ABBI (alias Abou Al-Hammam OKACHA, conseiller militaire). Dans un second communiqué en date du 25 septembre 1998 publié comme le précédent sur le site web du GSPC de l’époque, l’émir intérimaire Hassan HATTAB explique que le pouvoir a échoué dans sa stratégie qui consiste en la « désinformation de l’image des moudjahidines », en leur attribuant « les viols de femmes, les assassinats d’enfants et de vieillards » et en « encourageant la corruption et la propageant à travers les médias contrôlés par les services secrets ». HATTAB appelle ses compatriotes à ne pas s’embrigader dans les milices, à combattre le régime et à serrer les rangs autour des combattants du GSPC. Ce n’est que dans la déclaration du 24 avril 1999 que les divers responsables du GSPC expliquent les véritables raisons de la création du GSPC (voir à ce sujet Salima MELLAH et François GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très étrange histoire du GSPC », op. cit., p. 14.
134 www.qmaghreb.org/pages/wihda.html.
135 Interview de Nabil SAHRAOUI du 18 décembre 2003, publiée dans la revue du GSPC, Al-Jammaâ, n° 1, avril 2004. Al-Jammaâ (le groupe) est une revue publiée par le GSPC sur son site.
136 Salaf, en arabe signifie les « prédécesseurs ». Le salafisme est un courant au sein de l’islam qui prône le retour aux origines. Les frères musulmans l’ont connecté à la sphère politique au XXe siècle et Al-Qaïda en constitue le volet jihadiste rejoignant ainsi le courant Wahhabite qui insiste sur la possibilité de conquête par le jihad comme au premier temps de l’islam.
137 Salima MELLAH et François GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb islamique ou la très étrange histoire du GSPC », op. cit., p. 15.
138 Si les grands massacres collectifs ont effectivement été commis après la prise de pouvoir de ZOUABRI, l’ « émirat » de ZITOUNI a été lui aussi jalonné de tueries et de liquidations. C’est sous son règne que les groupes ayant rallié le GIA en mai 1994 ont été décimés en 1995, dont les membres de la mouvance nationaliste « djazairiste ». Voir à ce sujet Salima MELLAH, Le mouvement islamiste entre autonomie et manipulation, comité de justice pour l’Algérie, mai 2004. www.algérietpp. org/tpp/pdf/dossier_19_mvt_islamiste.pdf.
139 Cet ancien officier des forces spéciales prend le maquis suite au coup d’état de l’armée algérienne en janvier 1992. De 1933 à 1996, il est membre du GIA puis participe à la fondation du GSPC. Il en démissionne en 2004. Il accepte la politique de réconciliation nationale du Président Bouteflika et se rend aux autorités en septembre 2007. Il est depuis en prison.
140 Cela est confirmé dans un communiqué du GSPC du 17 juin 2004. Et parmi les djihadistes ayant trouvé la mort cités dans ce communiqué, figure Abdelhak LAYADA, l’un des premiers émirs du GIA qui pourtant était en cette date en prison (il avait été arrêté en juin 1993).
141 A la tête du principal groupe armé attaquant les forces de la coalition en Irak, le jordanien Al-ZARQAOUI fait allégeance à BEN LADEN à la fin de 2004 et son organisation prend alors le nom d’ « Al-Qaïda en Irak ». Faisant usage d’une propagande efficace, il parvient à recruter des milliers de combattants et, très vite, mène des opérations d’une grande violence qui font de lui une véritable icône du jihad mondial. Il est tué en juin 2006 lors d’une attaque américaine.
142 « Le GSPC réitère son allégeance à Al-Qaïda et poursuivra le djihad en Algérie et en France », Le Monde, 16 septembre 2006.
143 Le Monde, le 14 septembre 2006.
144 « Après le ralliement du GSPC à l’organisation Al-Qaïda et après avoir prêté allégeance au lion de l’islam (…) Oussama Ben Laden, que Dieu le garde, le groupe devait changer de nom pour montrer la véracité de la liaison (…) entre les moudjahiddines en Algérie et leurs frères d’Al-Qaïda. Nous étions soucieux de changer de nom dès le premier jour de notre ralliement, mais nous n’avons pu le faire avant de consulter Cheikh Oussama Ben Laden », Communiqué du GSPC daté du 24 janvier 2007.
145 Les chercheurs qui étudient le fonctionnement d’AQMI doivent, cependant prendre le soin de faire la part des choses entre les revendications et communiqués « sincères », d’un côté, et les « fanfaronnades » relevant de la pure propagande, de l’autre.
146 Henry PLAGNOL et François LONCLE, «situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne », Rapport d’information, Assemblée Nationale (France), p. 37.
147 Le Quotidien d’Oran, 21 juin 2004.
148 Certains avancent l’hypothèse qu’il se cacherait aujourd’hui dans le Nord de l’Algérie. A la mi juin 2004 et mai 2005 il sera déclaré mort, mais comme bien d’autres « émirs » du GIA avant lui, il « ressuscitera miraculeusement. Né en 1970 à MEFTAH, près d’Alger, il est ingénieur chimiste. A la suite d’un désaccord avec Antar ZOUABRI, émir national du GIA tué en 2002, il s’appui sur son bras droit (Hassan HATTAB) pour créer le GSPC et poursuivre le jihad jusqu’à la chute du régime algérien.
149 Salima MELLAH et François GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très étrange histoire du GSPC », Algéria-Watch, 22 décembre 2007, p.38.
150 La région du « centre » correspond aux zones 1, 2, 3 de l’époque du GSPC, soit Alger et sa banlieue, la Kabylie, et la côte orientale de l’Algérie. La région « Ouest », la moins active, recouvre les anciennes zones 4 et 8 du GSPC soit la partie occidentale du territoire algérien jusqu’au Maroc, ainsi que le Sud-ouest du pays. La région « Est » correspondrait aux zones 5, 6 et 7 et la région « Sud », aujourd’hui la plus médiatique.
151 Christophe AYAD, « Le sahel dans le piège de la guerre contre Al-Qaïda », Libération du vendredi 30 juillet 2010, p. 7.
152 Hervé MORIN, ancien Ministre de la défense française, cité par Thomas HOFNUNG, « La prise d’otage, un mode d’action privilégié », Libération du Mardi 27 juillet 2010, p. 4.
153 Une KATIBA se réfère à un bataillon entre 100 et 300 hommes. Ils sont issus des compagnies légères de l’armée de libération nationale algérienne entre 1954 et 1962. Pour une étude plus étendu sur la question, voir Jean Christophe Rufin, KATIBA, Paris, Flammarion, 2010, 392 p.
154 MOKTHAR BEL MOKTHAR surnommé le borgne ou Mister Marlboro est un ancien d’Afghanistan, toujours nomade malgré sa richesse accumulée depuis de nombreuses années, c’est un homme indépendant de la hiérarchie mais indispensable.
155 Les voilés ou les enturbannés en référence aux tribus qui islamisèrent la zone, Atlas du Monde Diplomatique, mondes émergents, éditions 2012.
156 Du nom du conquérant arabe de l’Espagne en 711, Le Monde Diplomatique, mondes émergents, éditions 2012.
157 Cet ancien officier des forces spéciales algériennes aurait été entrainé de 1994 à 1997 par les Bérets Verts américains à Fort Bragg. Une des figures clés du GSPC, il fut livré au gouvernement algérien en 2004. Selon certains, il aurait été un agent de la redoutable Direction du Renseignement et de la Sécurité (DRS) chargé d’infiltrer ce groupe (Jeremy KEENAN, 2009). Héritier de la sécurité militaire, la DRS est un instrument de contrôle de la société composé d’une dizaine de directions. Elle devenue « l’armature » de la société (El Watan du 15 mars 2011).
158 Abou ZEID, l’un des principaux émirs d’AQMI, à la tête des opérations contre les forces françaises dans le Nord du Mali, est un ancien trafiquant d’armes, né dans le Sud-est de l’Algérie et qui rêve aujourd’hui de transformer le sahel en terre de Jihad.
159 Adib BENCHERIF, Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une hiérarchie en redéfinition sur fond de crise, Chronique sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, 11 décembre 2012, p. 1.
160 La rivalité croissante entre les commandants de ces deux KATIBAS est à l’origine de la spirale inflationniste de la violence dans la région. Ce qui conduit « l’émir national DROUKDAL » à désigner Yahya DJOUADI à la tête de l’organisation sahélienne. Ce dernier confirme la répartition du territoire en deux zones d’activité : à l’ouest, celui traditionnellement contrôlé par BEL MOKHTAR, qui va du Sud-ouest algérien au Nord du Mali et de la Mauritanie ; à l’Est, la zone d’influence d’Abou ZEID s’étendant de la région de Timétrine aux confins du Tchad en passant par le Nord du Niger. DJOUADI, cependant isolé depuis dans le Sud de l’Algérie par l’armée algérienne a été remplacé par Nabil MAKHLOUFI.
161 Mathieu GUIDERE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Le tournant des révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n° 208, été 2011, p. 5.
162 Mehdi MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une menace multidimensionnelle », Note d’analyse du GRIP, 26 août 2011, p. 7.
163 Mathieu GUIDERE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Le tournant des révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n° 208, été 2011, p. 61.
164 Serge DANIEL, correspondant de RFI et de l’agence France Presse à Bamako, AQMI, L’Industrie de l’enlèvement, Fayard, Paris, collection documents, 2012, 301p.
165 Rapport de la mission d’évaluation des incidences de la crise libyenne sur la région du sahel, 7-23 décembre 2011, S/2012/42, 18 janvier 2012, paragraphe 38, p. 11.
166 A ce titre MOKHTAR BEL MOKHTAR a épousé une malienne d’origine Touarègue. Par cette association maritale, BEL MOKHTAR est protégé de la délation par les populations arabes du Nord. Voir à ce sujet, Régis Belleville, Mémoire du désert, Editions de la Martinière, 256 p.
167 Voir Atmane TAZAGHART, AQMI. Enquête sur les héritiers de Ben Laden au Maghreb et en Europe, Abidjan, Frat Mat Editions, 2011, pp. 53-59.
168 Il s’agit d’Abou ZEID et de MOKHTAR BEL MOKHTAR. Le premier a dénoncé l’importance prise par ces trafics illicites aux yeux de l’islam. En 2008, il a provoqué la réunion d’un « conseil des chefs » qui a tranché en sa faveur et a privilégier des financements plus « respectables » : la dîme et la prise d’otage.
169 Jean Luc MARRET, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) », Fondation pour la recherche stratégique, 11 janvier 2011, p. 3.
170 Scott BALDAUF, “Al-Qaïda: Are Latin America’s drug cartels giving Al-Qaïda a lift?” The Christian Science Monitor, 15 janvier 2010, http://www.csmonitor.com/world/2010/0115/Air-al-qaïda-are-latinamerica-s-drug-cartels-giving-al-qaïda-a-lift.
171 Studer. E, « Guéant : AQMI liée au trafic de drogue ? », http://www.Leblogfinance.com/2011/05/guéant-aqmi-liée-au-trafic-de-drogue.html.
172 Informations recueillies sur le site de L’Otan dans la rubrique « Afrique de l’Ouest : Plaque tournante des trafics ? »,
http://www.nato.int/docu/review/2009/organiezd.crime/transnational.Traffickingwestafrica/fr/index.htm.
173 Marion ZUNFREY, « AQMI aurait organisé des filières d’immigration clandestine pour se financer », Sahel- Intelligence, 4 août 2010, http://www.sahelintelligence.com/immigration/129.
174 Mireille Duteil, Le Point, Hebdomadaire d’information du jeudi 24 janvier 2013, n° 2106, p. 41.
175 Boukary DAOU, « Al-Qaïda dans le trafic des armes en Afrique : Blanchiment d’argent dans l’immobilier au Niger, au Mali et en Mauritanie », Le Républicain, 4 novembre 2010.

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