Aux Vieilles Charrues, une dynamique économique a ainsi été déclenchée, et affiche un engagement en faveur du développement durable, avec des pratiques qui ont toujours comporté les mots de solidarité, de prévention ou d’engagement de proximité. Cet évènement rend ainsi possible une expérience d’économie solidaire. En effet, la réussite de l’événement fait appel à la collaboration sous diverses formes des acteurs locaux autour d’un événement majeur qui a lieu sur leur territoire : fournisseurs, associations, structure d’intégration, projets ponctuels… Ces contributions sont le reflet de la dynamique et de la place que peut prendre un projet culturel et artistique pour le territoire et ses habitants.
Concernant les acteurs économiques locaux, les Vieilles Charrues ont créé dans la région l’équivalent de 100 postes à l’année. Il y a les effets immédiats durant le festival pour les entrepreneurs des environs : à titre d’exemple 43 boulangers, à 20-30 kilomètres à la ronde, travaillent sans répit pour fournir les 47 000 baguettes nécessaires. Boulangers, mais aussi artisans commerçants, grossistes locaux, 80 % des fournisseurs du festival sont situés en Bretagne, et 25% d’entre eux en Centre Bretagne, favorisant ainsi la technique dite de l'”escargot”. Pour exemple, pour préparer les tartiflettes vendues sur place, les organisateurs achètent pommes de terre, oignons, lardons à Carhaix, puis s’éloignent petit à petit de la ville suivant les capacités des fournisseurs. Le secteur agricole est lui aussi particulièrement actif pour le Festival à travers : la location des 50 ha. de terrains agricoles (campings, parkings) pour l’accueil du public ; la main d’œuvre et le prêt de matériel pour la préparation des terrains, les travaux d’aménagement et de remise en état des terrains, le ramassage des déchets, la mise à disposition de tonnes à eau sur les campings ; la distribution gratuite de 3 000 litres de lait par le Comité de Développement des Agriculteurs du Poher.
Du côté associatif, un réseau de 108 associations locales collabore à travers leurs membres bénévoles à l’organisation du Festival. En contrepartie de l’engagement bénévole, les associations partenaires locales peuvent bénéficier de prêt de matériels pour leurs manifestations. Ces associations reçoivent un don en fin d’exercice, qui participe au développement de leurs activités et au dynamisme associatif sur le territoire. Au total, ce sont 100 000 euros qui sont distribuées aux associations partenaires. Pour l’édition 2008 par exemple, les élèves de l’Institut Médico Educatif de Carhaix ont participé à la fabrication de décors dans le cadre d’un atelier bois et ils ont été associés à la fabrication des toilettes sèches, ainsi que pour la mise sous pli des courriers bénévoles. De même, par exemple, le Centre d’Aide par le Travail Kan Ar Mor par le biais de sa blanchisserie, au lavage des linges utilisés à l’occasion du festival.
Les perspectives nouvelles (plus de 2000 festivaliers se disent prêts à revenir dans le coin pour des vacances) et les retombées au quotidien pour les centre bretons (la plupart des bénévoles viennent au nom d’associations et le festival aide au financement de leurs activités en retour).
Les bénéfices sont réinjectés dans la vie locale et laissent envisager des projets à long terme.
Elles aident ainsi au financement des associations dont les membres œuvrent bénévolement au succès du Festival. Depuis ses débuts, le estival a aussi réinvesti une partie de ses bénéfices dans un lycée Diwan, un Office de la langue bretonne, une association baptisée Mémoires du Kreiz Breizh qui possède cinq jeunes chercheurs chargés de valoriser le patrimoine local.
Dernier projet en date, mené par le festival et la communauté de communes de Carhaix, un ambitieux Centre de valorisation des Vieilles Charrues, à la fois espace muséographique sur l’histoire du Festival et centre de formation aux métiers du spectacle, prévu pour 2011.
Après avoir présenté le Festival des Vieilles Charrues au travers de ses caractéristiques fondatrices, facteurs clés de succès, et ce qu’il est devenu actuellement, nous allons dès lors aborder les 3 P du Mix Marketing – sans la communication -, en démontrant par quelles actions et mises en place il peut se définir comme un projet « détonnant » au sein du paysage des Festivals.
Page suivante : V) Mix marketing (4P) & Festival des Vieilles Charrues
Retour au menu : Comment créer un projet culturel qui détonne ?