En 1955, John Austin prononce les Wiliam James Lectures et fonde la philosophie du langage, sans se douter que les Wiliam James Lectures seront le centre de la pragmatique linguistique pendant plus de trente ans.
Austin propose une première classification, selon laquelle la signification des mots est influencée par le contexte dans lequel ils sont énoncés.
« Nous voyons de plus en plus clairement que les circonstances d’une énonciation jouent un rôle très important et que les mots doivent être « expliqués » pour une bonne part, par le « contexte » où ils sont destinés à entrer, ou dans lequel ils sont prononcés, de fait, au cours de l’échange linguistique » (Austin, 1970, p.113.)
Il distingue deux fonctions du langage : la fonction actionnelle qui permet d’agir sur notre environnement et la fonction descriptive qui permet de décrire le monde qui nous entoure.
Il présente ensuite deux catégories d’énoncés : les énoncés constatifs qui décrivent le monde et peuvent être évalués comme vrais ou faux et les énoncés performatifs qui servent à accomplir des actes et peuvent être évalués en termes de bonheur (succès) ou d’échec.
Les énoncés performatifs contiennent des verbes performatifs tels que jurer, baptiser, promettre, ordonner qui ont pour sens d’exécuter un acte. Ces énoncés peuvent être explicites « je te demande de t’en aller » ou primaires « va-t-en ».
Dans cette première classification, Austin admet également que les phrases performatives sont à la première personne de l’indicatif présent.
Lors de ses William James Lectures, il se rend compte que certaines de ces phrases ne sont pas à la première personne de l’indicatif présent et ne contiennent pas de verbes performatifs « les jeux sont faits ».
Austin crée ensuite une deuxième classification où il abandonne la distinction entre performatif et constatif : c’est l’émergence de la théorie des actes du langage. Austin admet que toute phrase énoncée sérieusement correspond à l’accomplissement d’au moins un acte de langage. On a une pensée et la pensée traduit le langage. Le langage est envisagé comme un moyen d’agir. Il est aussi envisagé dans sa fonction d’action sociale.
Il définit trois actes du langage :
– L’acte locutoire consiste en l’acte de dire quelque chose. Selon Dardier (2004), il le divise en trois sous-actes : l’acte phonétique qui est la production des sons, l’acte phatique qui est la production des mots selon un vocabulaire et une grammaire appartenant à une langue donnée et l’acte rhétique qui est l’articulation de mots selon une syntaxe.
– L’acte illocutoire consiste en l’acte produit en disant quelque chose. Il s’apparente à l’énoncé performatif. Austin le divise en 5 sous-actes : l’acte verdictif qui est la production d’un jugement (condamner, estimer), l’acte exercitif qui donne un point de vue pour ou contre une décision (ordonner, conseiller), l’acte commissif qui engage le locuteur (promettre, garantir), l’acte exposif qui expose le point de vue du locuteur (affirmer, nier), l’acte comportatif qui exprime une réaction par un comportement social (remercier, critiquer). (Dardier, 2004). La force illocutoire déploie le concept où l’intention existe à priori. Il y a une direction d’ajustement de l’acte produit : il y a une raison pour laquelle on l’exprime.
– L’acte perlocutoire est l’acte effectivement provoqué par le fait de dire quelque chose.
Exemple :
L1 : « Veux-tu du chocolat ? »
L2 : « J’ai peur de grossir. »
L2 effectue un acte locutoire par le simple fait de dire « j’ai peur de grossir », un acte illocutoire par l’assertion ou l’affirmation qu’il a peur de grossir et un acte perlocutoire par la persuasion qu’il ne peut pas manger de chocolat.