Les mesures peuvent être proposées à plusieurs niveaux.
– Au niveau de la fluidité routière et de la voirie
Les nombreux bouchons et embouteillages créés quotidiennement en certains lieux, ne sont pas de nature à faciliter le passage des véhicules d’intervention. C’est le cas des endroits tels que l’échangeur de la gare nord de la SOTRA, l’axe “Adjamé Renault”, le carrefour “Adjamé liberté”, l’échangeur de l’Indenié…Les autorités municipales et gouvernementales doivent conjuguer leurs efforts pour la règlementation de la circulation en ces lieux. Un déguerpissement régulier et suivi de tout ce qui obstrue le passage des véhicules d’intervention (commerçants, badauds, véhicules de transport aux abords des rues…) améliorerait les délais d’intervention.
A cela, il faut ajouter la rénovation et l’entretien régulier de la voirie avec le soutien de l’AGEROUTE (Agence de Gestion des Routes). Car, la dégradation avancée des voies telles que le boulevard Nangui Abrogoua ralentit la vitesse des véhicules en cas d’intervention.
– Au niveau des commerçants
Les commerçants, surtout les petits, occupent de manière anarchique les voies publiques, obstruant ainsi le passage des véhicules d’intervention et des patrouilles pédestres. Les alentours du Forum des Marchés d’Adjamé, de la grande mosquée d’Adjamé, le “Black Market” et le marché “Gouro”… sont quelques-uns de ces endroits. Ici également, il appartient au Ministère de la Ville et de la Salubrité Publique, à celui de la Construction de l’Urbanisme et de l’Habitat et la Municipalité d’envisager des mesures rigoureuses. Il importe à cet effet, de déguerpir les occupants anarchiques de ce domaine public avec sa surveillance accrue, à l’aide de Brigades de Salubrité Publique (BSP). Ce serait une incitation pour les commerçants et les clients à rejoindre certains marchés qui sont encore inoccupés (cas du Forum des Marchés). Cela assurera de la sorte, une fluidité routière et une meilleure visibilité pour les patrouilles du CeCOS. Il convient également pour éviter les tracasseries, que les commerçants soient incités par les autorités à se mettre d’abord en règle au niveau des documents administratifs, comme cela a été fait depuis le 02 Juin 2008 dans le secteur des transports. Sinon il est parfois trop aisé de jeter l’opprobre, le discrédit voire toute la culpabilité sur les forces de l’ordre, ignorant que une bonne frange des commerçants offrent l’occasion de leur racket faute de documents administratifs à jour. Dans le secteur des transports par exemple, il a fallu que des mesures rigoureuses soient adoptées (mise en fourrière systématique de tout véhicule non en règle vis-à-vis de la loi) pour découvrir qu’en réalité, les plaintes de tracasseries de ces opérateurs économiques cachaient de nombreux véhicules de transport et leurs conducteurs sans documents administratifs à jour.
– Au niveau de l’habitat urbain et l’éclairage public
A Adjamé, de nombreux bidonvilles, des quartiers précaires poussent de terre dans un désordre inqualifiable. Les ruelles multiples et obscures, constituent des cachettes et des canaux d’évasion des bandits lorsqu’ils sont recherchés. Les quartiers précaires comme ceux de Williamsville au niveau de la casse automobile, en sont des exemples. Il convient alors, pour les autorités gouvernementales en particulier, le Ministère de la Construction de l’Urbanisme et de l’Habitat, d’être plus regardant sur le respect des règles de construction des quartiers. Cela aiderait les populations à indiquer aisément les lieux d’intervention aux agents du CeCOS. Car bien souvent, les agents arrivent en retard, faute d’une bonne numérotation des rues et habitations. Il faudrait aussi envisager une bonne politique d’électrification, pour ces quartiers parfois mal éclairés. Cela permettrait de retrouver plus aisément les braqueurs nocturnes.
– Au niveau des moyens de lutte contre la criminalité
Une amélioration de la qualité des actions du CeCOS en faveur des commerçants passe par sa dotation en moyen tant logistiques qu’humains adaptés aux besoins du moment.
C’est pourquoi, certains commerçants proposent au plan logistique, l’équipement du CeCOS en un arsenal de dernière génération : armes, tenues militaires, véhicules d’intervention…Ce qui permettrait aux agents d’aboutir à de meilleurs résultats car, les criminels sont de plus en plus équipés en armes de pointe. Il faut également équiper le CeCOS en matériel de fouille moderne (radars spécialisés, scanners…), en lieu et place du système traditionnel de fouille manuelle.
La création d’un escadron CeCOS à Adjamé voire, dans chaque commune du District d’Abidjan est un vœu émis par d’autres commerçants. Cela aurait pour avantage, d’accroître les effectifs, les unités, la rapidité et la proximité des interventions. Nous suggérons aussi, l’appui constant des différentes collectivités territoriales par des dons d’équipement au CeCOS, suivant l’exemple du District et du Port Autonome d’Abidjan.
Au plan humain, nous préconisons la surveillance plus stricte des recrutements au sein des écoles d’où proviennent les agents du CeCOS (Gendarmerie, Police, écoles militaires…). Cela, dans un souci d’éviter les recrutements de complaisance, permettant aux individus plus aptes, à exercer au sein du CeCOS. A ce sujet, il conviendrait de renforcer la formation des agents.
Il faudrait apporter une formation psychologique et sociale aux agents, pour une meilleure approche des criminels et des populations. Il s’agira d’insister sur l’intériorisation des normes et valeurs morales, civiques, citoyennes et professionnelles à l’instar de la Police Japonaise dont l’exemple est rapporté par Maurice CUSSON(1).
En effet, CUSSON note qu’au Japon le recrutement des agents de Police est très sélectif de nos jours. Les candidats subissent plusieurs tests d’intelligence, d’aptitude physique et professionnelle. Seulement un candidat sur six est retenu. Suivent plusieurs années de service où le jeune agent recruté est étroitement supervisé. Les cas de corruption, de violence et d’indiscipline sont quasi inexistantes. Cette Police est profondément enracinée dans la société Japonaise, par la présence massive de postes de Police sur le territoire. A Tokyo, on a un poste pour 11500 personnes. Cette Police récupère les objets trouvés et va jusqu’à prêter de l’argent aux passants en difficulté. Les agents visitent toutes les résidences et tous les commerces de leur secteur, deux fois par an. Cela leur permet d’obtenir des informations sur les habitants et ils leur en donnent sur la prévention du crime. Ainsi, les agents bénéficient d’un large pouvoir discrétionnaire, du fait de la confiance que la population leur accorde. Une telle expérience appliquée au CeCOS, renforcera la complicité agents du CeCOScommerçants, en termes d’échanges d’informations et de bonne cohabitation pour la lutte contre la criminalité.
1 Maurice CUSSON (1990), Croissance et décroissance du crime, Paris, PUF pp.99-101. [En ligne]. Disponible sur : http : //www.uqac.ca/classiques des sciences sociales