Le Capitalisme et l’Impérialisme forment un système, c’est entendu. A la base de celui-ci, on trouve la bourgeoisie, entité politico-économique constituée de patrons, de personnes riches, qui, dès 1789 en France, s’émancipe du pouvoir arbitraire de l’Absolutisme grâce à la Révolution Française, pour s’imposer comme la classe dominante de la société. Cette bourgeoisie, répondant aux critères capitalistiques évoqués précédemment, a pour objectif le profit, au détriment des faibles et des opprimés. Par conséquent, « Le trait dominant de la bourgeoisie, c’est un individualisme cupide et l’esprit de concurrence »38. C’est une entité qui ne négocie pas, et qui n’hésite pas à écraser d’éventuels alliés : « En politique, comme en affaires, la bourgeoisie n’a qu’une règle : s’il est des gens qui se transforment en paillasson devant elle, elle ne manque pas de s’essuyer les pieds »39. Pour conserver le pouvoir politico-économique dont elle s’est emparée, la bourgeoisie n’hésite pas à user de tous les moyens : « La bourgeoisie détient le pouvoir économique, car elle possède les moyens de travail, les usines et les entreprises. Elle détient aussi le pouvoir politique car les cadres de l’État, de la police et de l’armée sont des hommes à elle. Elle détient le moyen de tromper les masses, car la morale c’est elle qui l’a faite, et elle possède les grands moyens d’information : journaux, radio, télévision, cinéma et même instruction »40. Elle n’hésite pas à recourir aussi à la violence, et en cela, elle est aidée par la religion, ici catholique : « A diverses époques, dans des proportions différentes, la bourgeoisie a usé simultanément du fer rouge, de la répression et des méthodes de persuasion. A cet effet, les prêtres lui ont apporté un concours inestimable »41. La religion, selon Trotski, est insécable de la bourgeoisie, en ce sens qu’elle constitue sa première arme morale : « La principale arme morale de la bourgeoisie, c’est la 23
religion »42. La fonction de la religion, c’est de tromper les masses : « D’une façon générale, le christianisme devint pourtant, comme toutes les autres religions, un moyen d’endormir la conscience des masses opprimées »43. Ici, c’est du christianisme, porté par l’Eglise catholique, dont il est question. Cette Eglise catholique, les trotskistes ne manquent de rappeler son histoire sanglante : « Et l’Église, qui est aujourd’hui représentée par le pape a tout fait depuis qu’elle est puissante, pour que le monde reste ce qu’il est. L’Église, qui parle de paix, a sur la conscience les brûlés vifs du moyen-âge, les serfs soumis aux moines et aux seigneurs, le sanglantes répressions de 1848 et de 1870 »44. Quant au Pape, enfin, s’il prêche la paix, il est néanmoins un allié des classes possédantes, un collaborateur de classe : « Le pape est pour la paix, n’en doutons pas. Mais ce n’est sûrement pas la même que celle des travailleurs. Bien au contraire, il souhaite une paix avec des riches et des pauvres, la misère, une injustice criante, des chaînes et des prisons. Il veut un monde où l’homme pourra enfin exploiter l’homme « en paix »45. Après la bourgeoisie et la religion, penchons-nous sur le cas d’autres exploiteurs, ici le patronat et l’Etat.
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