Mai 68 est effectivement connu et célébré comme un mouvement révolutionnaire, parti des campus universitaires des Etats-Unis, et qui s’est propagé aux pays d’Europe occidentale, la France ne faisant pas exception à la règle. Ce mouvement est rythmé par une grève générale dont Voie Ouvrière nous explique qu’elle était très proche de renverser l’ordre établi, représenté par le gaullisme : « Par son ampleur, le contexte dans lequel elle a éclaté, par ses conséquences, cette grève générale est politique. Ce que souhaitent des millions de travailleurs en grève, c’est la fin du régime gaulliste, le régime qui depuis dix ans, au service des capitalistes, soutient et renforce l’exploitation des travailleurs »143. Ce nombre, à savoir « des millions de travailleurs en grève », c’est un épisode de l’histoire où la « légalité bourgeoise » est bousculée, au point que le régime politique dans son ensemble s’en trouve ébranlé : « Dix millions de travailleurs refusant brusquement et tous ensemble de livrer leur travail au capital ont ébranlé les assises du régime, l’ont secoué au point d’être bien près de le faire tomber »144. Cette grève générale, politique donc, est ponctuée par des occupations d’usines, très importantes car elles permettent aux prolétaires de s’emparer des moyens de productions, à savoir les machines, et de paralyser la production économique dans son ensemble, donc le pays, donc l’Etat, tout en intimidant le patron, bien souvent propriétaire de l’usine : « Ces grèves dès le départ bousculent la légalité bourgeoise. Elles se font avec occupation d’usine et donc en contestant l’autorité patronale. Car l’occupation de l’entreprise pose de fait le problème de « qui est maître » des lieux. Et à ce moment-là ce sont les grévistes. Ce sont eux, qui mettent le patron à la porte quand ils ne l’enferment pas. Ce sont eux qui occupent le téléphone, qui assurent la sécurité et qui détiennent les fameux moyens de production, les machines »145.
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