Pour les trotskistes, le Parti Communiste Français (P.C.F.) est, dès sa création, un parti politique stalinien, c’est-à-dire en contradiction flagrante avec les idées marxistes, et tourné contre la pensée de Trotski et de ceux qui s’en réclament : « A peine né, le Parti Communiste allait devenir un parfait parti stalinien, et les révolutionnaires français durent encore une fois s’éparpiller en petits groupes fermés, ou se résoudre à rejoindre les rangs de la social-démocratie en espérant y former une minorité révolutionnaire. Pratiquement en France, depuis Tours, un parti révolutionnaire reste à créer. Ce devait être l’œuvre de la génération précédente, ce sera le nôtre »224. Ce Parti Communiste Français, tourné très vite contre la classe ouvrière, mène, selon les trotskistes, une fausse lutte sous la bannière du prolétariat, 91
dans un but électoraliste et en acceptant en réalité les règles du système parlementaire bourgeois. Le Parti Communiste Français, est donc « l’idiot utile » du régime capitaliste bourgeois. C’est lui qui est sensé conduire les luttes prolétariennes, mais ce faisant, il fait en sorte de les dévier de leurs raisons originelles : « Mais tout en prenant la direction de la lutte, le P .C.F . s’efforce d’en modifier le caractère et le contenu »225. Néanmoins, pour les Trotskystes, le Parti Communiste Français ne franchira jamais la ligne rouge (sans mauvais jeu de mots), c’est-à-dire qu’il ne permettra jamais que la grande révolution prolétarienne soit rendue possible, car ses dirigeants, faisant eux aussi partie de cette aristocratie ouvrière, auraient trop à perdre : « Évidemment, il y a des limites que le Parti ne saurait transgresser. Il ne peut en aucun cas accepter que le mouvement s’attaque aux bases mêmes du pouvoir étatique bourgeois. Il serait alors prêt à jouer son implantation et son influence sur le prolétariat pour freiner le mouvement »226. Ainsi, pour conserver son poids politique et son statut de leader du mouvement ouvrier français, le Parti Communiste Français est prêt à jouer le compromis, et à ce que soient satisfaites beaucoup de revendications ouvrières, pourvu que les institutions étatiques bourgeoises n’en pâtissent pas. Ce combat, que le Parti Communiste Français cherche à mettre à bas, c’est notamment celui des étudiants et des prolétaires, unis durant les évènements de Mai 68 : « Le P .C cherche sciemment, délibérément, à briser l’unité des étudiants et des travailleurs en lutte. Il le cherche parce que le mouvement des étudiants se fait au nom des idées auxquelles il a depuis longtemps renoncé : les idées révolutionnaires. Il le cherche, parce que les étudiants utilisent des méthodes de lutte auxquelles répugne son réformisme viscéral. Et surtout, le Parti craint que l’exemple des étudiants exerce une telle attraction sur les travailleurs, plus particulièrement sur les plus jeunes, qu’il ne puisse plus endiguer et canaliser le mécontentement de la classe ouvrière »227. 92
Le dernier cas que nous avons désiré traiter, concernant cette aristocratie ouvrière, est celui du Parti Socialiste, dans son acceptation large, étant entendu qu’il s’agit d’un parti réformiste, et donc, très à même de tomber dans le piège électoraliste de la démocratie bourgeoise.
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