En ce qui concerne la reproductibilité des tests de marche en immersion, les résultats des tests de Bland & Altman développées précédemment, indiquent que les paramètres de vitesse (et par conséquent le paramètre distance aussi), de FC et d’ICP sont identiques, de ce fait, il existe une reproductibilité de ces tests de marche aux deux niveaux d’immersion (ombilical et appendice xiphoïde).
Nous pouvons donc dire que ce test de marche en immersion est fiable et reproductible tout comme les tests de marche au sec (Butland & al.1982).
Vitesse : Valeur de la distance parcourue au terme des 6 minutes divisée par 6.
Distance : Nombre d’allers-retours multiplié par la distance d’un aller (8 mètres)
FC : Moyenne des valeurs recueillies par le CFM lors de la dernière minute de marche.
ICP : (FCE–FCR)/V. FCE, Fréquence Cardiaque d’Exercice ; FCR, Fréquence Cardiaque de Repos.
Figure 10 Valeurs des paramètres des sujets sains lors des tests de marche selon les trois immersion : nulle, ombilic et xiphoïde.
La figure 11, nous présente les différences de valeurs selon les 3 tests de marche : le premier en immersion nulle, puis le second en immersion à l’ombilic (moyenne des valeurs du test 1 et du test 2, moyenne justifiée par le fait que ces tests sont reproductibles) et le troisième en immersion au niveau de l’appendice xiphoïde (moyenne des valeurs du test 1 et du test 2).
Rappelons que d’après les résultats obtenus précédemment, la vitesse de marche au sec est largement supérieure aux vitesses de marches en immersion à l’ombilic et au niveau de l’appendice xiphoïde (p < 0,0001). Au sec les étudiants ont marché en moyenne à une vitesse de 57,3 ± 10,6 m.min-1 soit une distance de 343,4 ± 63,8 mètres.
Selon les travaux Vézirian (2002), pour une population quasiment identique, la vitesse de confort trouvée est de 68 m.min-1. Je remarque également que cette vitesse moyenne de marche (vitesse de confort) de ma population est inférieure à celles trouvées par Gaviria & al ainsi que D’Angeli-Chevassut & Gaviria. en 1994. Les épreuves de marche de ces travaux proposaient un chemin de marche rectiligne sans demi tour.
C’est ce qui est peut être à l’origine de cette diminution de la vitesse librement choisi par mes sujets. Le fait de faire un demi-tour tous les 8 mètres, entraîne une diminution dans la valeur moyenne de la vitesse d’exécution. Il est intéressant de constater que, même si les valeurs de vitesse de marche sont inférieures à celles relevées dans la littérature, je n’ai pas retrouvé de différence entre les deux épreuves (reproductibilité significative).
Cette vitesse moyenne de marche au sec est nettement supérieure à celles obtenues en immersion. La vitesse de marche en immersion au niveau de l’appendice xiphoïde (28,9 ± 5,7 m.min-1) est inférieure significativement à la vitesse en immersion à l’ombilic (35,7 ± 6,6 m.min-1). Les valeurs relevées dans la littérature sont toutes supérieures. Les travaux de Chevutschi, & al. en 2007, trouvent en immersion ombilic une vitesse de 45 m.min-1 sur une distance de 10 mètres. En immersion au niveau de l’appendice xiphoïde, Barela & Duarte (2008) trouvent des valeurs de 30 m.min-1 pour des adultes et de 29,4 m.min-1 pour de vieilles personnes. Le fait de freiner son avancée tous les 8 mètres afin de faire demi tour, explique sûrement la différence de valeurs sur le paramètre vitesse. Il faut aussi souligner que marcher dans l’eau crée un courant, c’est ce même courant qui doit être vaincu suite au demi-tour.
Pour la suite j’utiliserais les données métriques car elles me semblent plus parlante, surtout sur le terrain.
La distance parcourue en immersion au niveau de l’appendice xiphoïde par ces mêmes sujets étant de 173,6 ± 33,9 mètres je peux dire que dans l’eau, à cette profondeur, lors du même test de marche la distance a été réduite en moyenne de 49%. En immersion au niveau de l’appendice xiphoïde la personne ne porte que 40% de son poids, et son corps possède une grande résistance à l’avancement, ce qui explique cette diminution importante de la distance parcourue au terme des 6 minutes de marche.
Le sujet parcours quasiment la moitié de sa distance au sec lorsque qu’il marche librement en immersion au niveau de l’appendice xiphoïde.
La distance parcourue en immersion à l’ombilic est de 214,1 ± 38,7 mètres, soit une distance diminué de 36%. Au niveau du nombril, le sujet porte 60% de son poids de corps, mais génère moins de résistance face à l’avancement, ce qui lui permet une meilleure propulsion dans l’eau car son schéma de marche est moins perturbé par la quantité d’eau à déplacer, d’où les résultats précédents.
Les paramètres cinématiques lors d’une marche en immersion à l’appendice xiphoïde et une marche en immersion à l’ombilic diffèrent significativement. Plus la marche se déroule en eau profonde, plus la vitesse diminue et par conséquent, une distance est moins importante. Ce qui rejoint les conclusions des travaux de Barela & Duarte (2008). Diminution de la distance xiphoïde de 19% par rapport à la distance en immersion à l’ombilic.
FCR : Fréquence cardiaque de repos
FCE : Fréquence cardiaque d’exercice
Figure 12. Comparaison des valeurs de fréquence cardiaque au repos et lors du test de marche selon les différentes modalités d’immersion.
Je remarque que la FC a augmenté significativement (p < 0,001) lors de la marche dans l’eau au niveau de l’appendice xiphoïde par rapport à celle effectuée au sec. Elle augmente en moyenne de 2 bpm lors de la dernière minute du test et de 4 bpm en immersion à l’ombilic. Le coeur bat peut être plus vite en immersion ombilic du fait d’un retour veineux moins important, car le gradient de pression est diminué au niveau du corps, malgré une pression veineuse centrale similaire lors de ces immersions (Larsen & al, 1994) Pourtant, la FCE en immersion reste plus élevée qu’au sec, ceci peut s’expliquer par un effort musculaire plus important à fournir (voir partie ICP). L’augmentation de la FCE en immersion au niveau de l’appendice xiphoïde qu’en immersion à l’ombilic. Je ne retrouve pas une diminution de la FCE lors des tests en immersion par rapport aux exercices au sec. Cette diminution était pourtant remarquée par Heithold & Glass (2002).
De plus par rapport à la FCR en immersion, la FC d’exercice en immersion au niveau de l’appendice xiphoïde a augmenté de 19%, celle en immersion à l’ombilic a augmenté de 23%. Cette augmentation est inférieure à celle trouvée au sec qui est de 30%. Augmentation légèrement inférieure mais proche de celle trouvée par Vézirian (2002) lors de son test de marche. Ce différentiel de FCR et de FC d’exercice est important lors du calcul de l’ICP.
La FCR est plus grande en immersion qu’au sec. Résultats contraires aux travaux de Park, K.S. & al (1999) qui ne constatent pas de différence significative entre la FCR au sec et la FCR en immersion à une température d’eau de 30 et 35°C. De plus ceux-ci rejoignent la conclusion de Graef & Kruel en 2006 qui stipule une diminution de la FC corrélée à au niveau de l’immersion. La FCE en immersion au niveau de l’appendice xiphoïde est bien inférieure à celle trouvée en immersion à l’ombilic. Pourtant, Graef & Kruel rajoutent que ce constat est valable en comparant les données au sec et en immersion. Nous ne retrouvons pas cette conclusion quant à nos résultats en immersion comparée à nos résultats au sec.
Concernant l’ICP, je remarque que le coût énergétique est plus important lors d’une marche en immersion qu’elle soit au niveau ombilic ou à l’appendice xiphoïde (pas de différence significative entre les valeurs d’ICP en immersion xiphoïde et ombilic). Cependant, la différence reste plus significative (p < 0,001) entre les valeurs d’ICP en immersion au niveau de l’appendice xiphoïde (0,48 ± 0,3 batt.m-1) et les valeurs d’ICP en immersion nulle (0,33 ± 0,1 batt.m-1).
Ceci s’explique sûrement par la quantité plus importante d’eau qu’il faut déplacer afin de pouvoir se déplacer correctement. L’étude éléctromyographique de Barela & Duarte en 2008 présente l’activité musculaire dans l’eau comme une opposition. Le poids apparent de la personne est moins important en immersion (la flottabilité), l’activation musculaire est diminué afin de lutter contre la gravité mais en contre partie, il faut une tonicité musculaire suffisamment importante pour créer le mouvement qui luttera contre la force hydrodynamique de l’eau et donc engendré un déplacement.
Il semble qu’au niveau cardiaque cette activité musculaire en immersion est plus importante que celle engendrée au sec. Les valeurs d’ICP au sec sont très légèrement inférieur à celles trouvées par Nene, A.V. en 1993 sur une population d’adolescents et d’adultes lors de test de marche d’une durée de 10 minutes.