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A-Art contemporain et valeur financière :

Il s’agit de l’une des caractéristiques majeure du marché de l’art de la fin des années 2000 :
l’assimilation de l’art à un actif financier.

C’est le gouvernement chinois qui en 2009, lançait la Shenzen Cultural assets and Equity
Exchange (SZCAEE), définie comme une bourse dédiée à l’art. En 2011, c’est Pierre
Naquin qui lançait la bourse Art Exchange en France. L’idée est de permettre l’acquisition de
« parts » d’une oeuvre d’art(42). La valeur de ces parts fluctuant au gré des échanges boursiers.

En soumettant les transactions aux règles du marché capitaliste, il n’est pas étonnant de voir
les prix des oeuvres adopter les mêmes fluctuations que d’autres marchés plus conventionnels.

C’est en toute logique que l’on a pu observer à la fin des années 2000, un fort ralentissement
des transactions, lié à la crise financière. 2009 marqua un très net recul des ventes, même pour
les stars du marché. 2010 vit une hausse significative des résultats, mais sans atteindre
toutefois les records de 2007. Le 14 octobre 2010, lors de l’ouverture de la foire d’art
contemporain de Londres, la maison de ventes aux enchères Christie’s présenta en guise de
tête d’affiche, la plus grande fresque de l’artiste anglais Damien Hirst de la série « Butterfly
painting ». Adjugée 1,9 millions de livres. Un bon résultat qu’il faut mettre en perspective
avec une toile de la même série mais de plus petite taille, adjugée 100 000 mille livres de plus
en 2008(43). Des résultats identiques, seront observés en 2010 avec les autres grandes figures de
l’art contemporain que sont Jeff Koons et Takashi Murakami.

C’est cette volatilité et sa propension à des écarts de plusieurs millions entre deux oeuvres du
même artiste en l’espace de quelques années, ou quelques mois, font qu’il est extrêmement
difficile de donner une estimation à une oeuvre, car son prix à l’instant T peut être totalement
différent à T + 1.

Selon Fabien Bouglé, fondateur de la société de conseil Saint Eloy Art consulting dans une
interview accordée au site Capital : « L’art devient une valeur refuge pour les riches
investisseurs. Certains, lassés de l’agitation des Bourses, ont probablement voulu réduire leur
exposition aux actions en investissant dans des oeuvres. En plus d’embellir son salon, ce
placement est moins risqué que les actifs financiers, et la perspective de plus-values sur le
long terme est réelle. » Pour lui l’art peut représenter une valeur d’investissement alternative,
sous réserves de respecter quelques principes fondamentaux, notamment sur la durée de
l’investissement qui doit s’inscrire à moyen terme : « Pour un non-initié, il est conseillé de se
faire épauler par un professionnel, qui prendra 2 à 8% de commission en cas de vente aux
enchères ou de 10 à 15% en cas de vente de gré à gré mais vous évitera de faire une
mauvaise affaire. Il est évidemment préférable de cibler un nom déjà reconnu. Pas la peine
toutefois de rêver d’un Picasso si vous n’en avez pas les moyens : mieux vaut une oeuvre de
grande qualité d’un artiste moyennement coté, qu’une simple ébauche réalisée par un maître.

Il faut aussi toujours veiller à ce que l’oeuvre puisse se revendre aisément sur le marché
international. Mieux vaut donc acquérir un seul tableau à 50.000 euros, plutôt que 5 à 10.000
euros. Enfin, n’espérez pas dégager de plus-values à court terme. L’horizon de placement est
d’au moins 5 ans pour l’art contemporain et de 10 pour les oeuvres les plus anciennes.(44) »
Le marché de l’art est un marché de spécialistes, qui offre des solutions d’investissement
intéressant si l’on maîtrise les codes. Ainsi il ne faut pas espérer, comme une idée reçue le
laisse penser, que l’on puisse investir sur un jeune artiste totalement inconnu et dégager une
plus-value à court terme. Pour avoir une indication des artistes sur lesquels on peut investir, il
suffit de regarder les résultats des ventes aux enchères, qui intronisent les futures valeurs de
demain.

42 Artprice « tendance du marché de l’art » 2010
43 Artprice « tendance du marché de l’art » 2010
44 http://www.capital.fr/finances-perso/interviews/l-art-devient-un-placement-refuge-face-a-l-agitation-desbourses-
642849

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