Capitale régionale, Séville est la quatrième ville d’Espagne en termes d’habitants,
derrière Madrid, Barcelone et Valence (journal ABC, du 21/09/10). Aussi, le taux de
population immigrée pour Séville est plutôt faible en comparaison avec ces trois autres
agglomérations.
Ainsi, la municipalité de la ville comptait en 2010, 5,3% d’étrangers selon l’inscription
municipale (le « padron », INE) pour 12,2% d’étrangers sur le territoire espagnol. La même
année, la population des étrangers à Séville a augmenté. Le nombre de résidents étrangers est
ainsi passé de 29954 en 2008 à 37352 en 2010 (chiffre du recensement municipal à
destination de l’INE). De plus, en 2000, le nombre de personnes immigrées n’était que de
5026, ce qui montre une forte augmentation. Par ailleurs, durant cette même décennie de
nombreux sévillans ont déménagé vers d’autres communes de l’aire périurbaine à la recherche
de logements moins chers et d’une meilleure qualité de vie. Cela justifie la faible
augmentation de la population totale de la ville entre 2000 et 2010, passant de 700716
habitants à 704138.
Graphique 1: Evolution du nombre d’immigrés en pourcentage à l’échelle nationale et locale
entre 1996 et 2006
Bien qu’allant seulement jusqu’à l’année 2006, le graphique 1 nous montre que malgré
une évolution importante de l’immigration à Séville, essentiellement durant les années 2000,
la proportion d’immigrés reste faible en comparaison avec la moyenne nationale ainsi qu’avec
les villes de Valence, Barcelone et Madrid (graphique 2) qui ont connu une forte croissance
durant la même période.
Les quatre villes présentes sur le graphique ont vu le nombre d’immigrés augmenter fortement
les dix dernières années bien qu’il y ait une différence entre Séville et les trois autres villes.
Graphique 2: Evolution du nombre d’immigrés en pourcentage dans les quatre plus grandes
villes d’Espagne de 1996 à 2006
En 1996, Séville et Valence avaient le même pourcentage de population étrangère
mais cette similitude n’a pas duré. En effet, le nombre d’étrangers à Valence a augmenté
beaucoup plus vite qu’à Séville. Pour les villes de “Madrid et Barcelone, la population
étrangère semble augmenter à un rythme similaire à l’exception de l’année 2006 où Barcelone
a connu une plus forte augmentation” (HUETE, 2011, p.17).
Cela montre l’attraction des deux grandes villes espagnoles. Séville a été un espace de
passage où les immigrés qui se déplaçaient pour travailler partaient pour d’autres villes
(Huelva, Almería, Jaén y Málaga) où ils trouvaient des emplois dans les secteurs de
l’agriculture, de l’industrie mais également dans la construction. Depuis plus de dix ans avec le
développement économique, de nouveaux secteurs de production ont émergé, principalement
ceux des services (domestiques, hôtellerie, aide à la personne, etc.) qui ont permis l’embauche
de nombreux immigrants. Séville s’est alors transformée en ville réceptrice où l’immigration
commence à se stabiliser. Cependant avec l’actuelle crise économique, il y a eu « détérioration
de l’accès à l’emploi pour les immigrés » (UNIA). Cela pousse certains immigrés à repartir
dans leurs pays d’origine ou à aller dans d’autres pays de l’Union Européenne tels que la
France. C’est pourquoi, si la crise continue ainsi, il devrait être possible d’observer
prochainement une baisse de l’immigration en Espagne.
Graphique 3: Répartition en pourcentage de la population immigrée par continents dans les
quatre plus grandes villes d’Espagne en 2006
Source : INE et HUETE, Diagnóstico de la población inmigrante en la ciudad de Sevilla, 2011, p.19
Pour finir, le graphique 3 nous montre le pourcentage d’étrangers par continents dans
les quatre villes énoncées. Il est important de souligner qu’il y a dix ans, la majorité des
immigrés à Séville étaient européens. Aujourd’hui, grand nombre d’entre eux sont d’origine
sud-américaine et africaine.
Concernant le nombre d’arrivées de personnes d’Amérique du Sud en Espagne, il a augmenté
de manière significative depuis dix ans par rapport aux autres nationalités (SIMO, 2006). En
2006 comme l’indique ces diagrammes, la majorité des immigrés étaient originaires
d’Amérique et plus particulièrement de la partie Sud de ce continent. En 2000, il y avait en
Espagne, 647.364 immigrés d’Amérique du Sud et en 2010, ils étaient 1.591.302 selon l’INE.
Ce constat se retrouve pour la ville de Séville. En 2000, d’après l’inscription municipale
(INE), il y avait 1.540 personnes d’origine d’Amérique du Sud pour 17.183 en 2010. Cette
augmentation montre le poids important de ces migrants dans la société espagnole. D’ailleurs,
selon l’ouvrage du chercheur et professeur Francisco Torres (2011), en 2008, “45% des
immigrés à Séville sont originaires d’Amérique latine” (p.54).
Par ailleurs, ce graphique nous permet d’observer à nouveau, l’importante différence entre
Séville et les trois autres villes. D’autre part, le poids de l’immigration à Séville reste
également faible en comparaison à d’autres villes d’Andalousie. En 2010, il y avait 5,3%
d’étrangers à Séville, 10,5% à Almeria et 6,2% à Grenade (INE). Bien qu’en valeur absolue
Séville soit plus peuplée que ces deux autres villes, cela nous amène à penser que
l’immigration est un sujet d’intérêt dans de nombreuses agglomérations espagnoles.
Malgré que le poids de l’immigration à Séville ne soit pas aussi considérable que pour
d’autres agglomérations, il est suffisamment important pour avoir des répercussions aussi bien
sur les politiques publiques et les habitants que sur les acteurs associatifs. Nous allons à
présent, nous attacher à l’évolution et aux conséquences de l’immigration à Séville.
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