C’est tout la difficulté qui se pose pour l’assurance lorsqu’il s’agit d’indemniser la création.
L’anecdote rapportée par Denys Riout, critique et essayiste, a le mérite de démontrer la
complexité de la démarche intellectuelle. Une oeuvre de Man Ray intitulée « Objet à
détruire », qui consistait en un métronome sur le balancier duquel l’artiste avait fixé la
photographie d’un oeil, fut dérobée. L’expert dépêché par l’assurance proposa alors à l’artiste
de lui rembourser le prix du métronome. Man Ray fit alors cette réflexion : « on ne remplace
pas une oeuvre d’art, comme une peinture par exemple, par des pinceaux, un chassis et des
couleurs ». L’assurance accéda à la demande de l’artiste qui obtint une indemnisation du
montant de la valeur de l’oeuvre, c’est-à-dire un somme suffisante pour acquérir de nombreux
métronomes selon les dires de l’expert. « C’est bien ce que je compte faire » rétorqua Man
Ray(47).
Dans le cas particulier des oeuvres d’art, le vol reste une hypothèse relativement rare, mais
quand il survient, les montants indemnisés peuvent être très importants. Le vol d’oeuvres d’art
est souvent le fait de véritables professionnels, qui connaissent exactement ce qu’ils sont
venus chercher.
En cas de destruction ou de disparition suite à un vol, l’assuré sera en droit de réclamer le
montant de la valeur de l’oeuvre en question. L’indemnisation intervient généralement dans
les 30 jours suivant l’accord amiable entre l’assureur et l’assuré ou suivant la décision
judiciaire. Dans le contrat en valeur déclarée l’indemnisation est en théorie basée sur la
valeur de remplacement du bien au jour du sinistre. Charge à l’assurance de déterminer la
valeur d’un bien de même nature et dans un état équivalent. Le plus souvent, la compagnie va
se baser les prix moyens pratiqués en salle des ventes. Mais encore faut-il que des oeuvres du
même artiste aient été présentées récemment.
47 Art et Baiser considérations sur le bon usage, Denys Riout, 2010 Lien http://www.alain.leshurtig.
org/pdf/voeux-2010.pdf