Si le web documentaire existe depuis plusieurs années, il est entré depuis deux ou trois ans dans une phase de structuration qui voit l’apparition, à défaut d’un véritable modèle économique, d’un marché potentiel, voire providentiel pour certains. Favorisé par le CNC qui a donc joué le rôle d’un véritable catalyseur, et les incursions de la presse écrite et des diffuseurs TV en pleine diversification, le web documentaire s’affirme comme un produit culturel transversal, aux intersections d’un certain nombre de marchés déjà structurés (la presse écrite, l’audiovisuel, la communication, l’informatique…).
Cette conjoncture, qui pourrait donc être propice à l’émergence de ce modèle économique dont beaucoup rêvent, ouvre dans l’immédiat nombre de perspectives.
Si la volonté publique, (via le CNC) est celle, comme nous l’avons vu, d’une professionnalisation et de la pérennisation du secteur, elle implique le développement d’une production variée et nombreuse, relayée en cela par les attentes des diffuseurs. Si à ce jour, Arte a une certaine avance sur les autres acteurs et concentre une grande part de ce marché restreint avec la production interne du Monde.fr et de France 24, France 5 et Canal+ affichent clairement la volonté de se montrer présent sur ce secteur. Ils devraient très logiquement être rejoints par les autres chaînes du groupe France Télévisions et peut être TF1 ou Orange qui mettent tous deux en place une politique multimédia offensive. D’autres acteurs propres au web vont aussi vraisemblablement tenter de se placer par une offre de contenus de qualité : la récente apparition de l’iPad, construite dans la continuité de l’iPhone, en dit long sur les ambitions d’Apple. L’institution enfin, dans un souci de communication originale et efficace, développe ce type de programmes (c’est le cas des régions, musées…).
Enfin, par sa diffusion sans limite, le web documentaire est par nature une oeuvre à dimension internationale. Facilement adaptable et exportable – la plupart des web documentaires intègrent plusieurs langues de diffusion – le web documentaire se compose également de nombreuses contributions que l’on pourrait aisément imaginer « délocalisées » comme cela a été le cas pour « Gaza/Sdérot » ou « Havana/Miami » qui ont impliqué des sociétés prestataires sur les lieux de tournage. Le marché de son développement ne se limite donc pas à la France et ouvre de nombreuses perspectives de financements et de partenariats avec l’étranger.
Un marché restreint donc, mais en pleine expansion.
C’est dans ce contexte porteur que nous souhaitons créer une société de production qui se positionne clairement dans le secteur naissant du web documentaire. L’intérêt d’arriver sur un marché encore “immature” est double : d’une part la demande n’est pas encore saturée et d’autre part, la concurrence, elle-aussi limitée, est facilement identifiable.
Même si nous ne sommes pas les premiers (le rôle de précurseur, et de leader, ayant déjà été pris par UPIAN), des créneaux restent à prendre pour qui sait innover. Car tous ces acteurs en demande, tous différents, appellent une offre également différenciée que le nombre restreint de producteurs à ce jour ne peut fournir. Il n’est pas dans l’intérêt de TF1 ou Canal + par exemple de travailler avec le même producteur qu’Arte ou France 5.
Le fonctionnement que nous connaissons dans la production indépendante audiovisuelle (une majorité de producteurs associés à des diffuseurs) a toutes les chances de se reproduire dans la production en ligne. Il s’agit donc pour la société de trouver le bon créneau, suffisamment spécialisé pour justifier sa présence et répondre à une réelle demande, tout en restant ouvert pour assurer sa viabilité économique. Car il ne suffit plus aujourd’hui de produire des contenus multimédia ou pour le web. A l’image des sociétés de production audiovisuelles ou des agences de presses, les producteurs de ce type de contenus doivent s’inscrire dans une ligne éditoriale définie. Pour se faire il est donc primordial d’identifier et d’analyser l’offre proposée par la concurrence, pour mieux se positionner.