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Annexe 1 : ENTRETIEN AVEC UN RESPONSABLE DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

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FP : En quoi les nouvelles technologies peuvent changer la façon de travailler des enseignants, et quels sont les moyens qui peuvent permettre aux enseignants de s’en servir davantage ?

Interviewé : Est-ce que vous êtes allé au Colloque de Biarritz ?

FP : Jamais.

Interviewé : Vous n’avez pas pu y aller. Cette année, il y a eu un Colloque, justement sur les nouvelles technologies, à Biarritz, assez intéressant, sur… faut-il encore apprendre ? Si oui, sous quelle(s) forme(s) ? Et bien évidement, tout était orienté sur les nouvelles technologies.

FP : Bien sûr !

Interviewé : Euh… C’était également orienté sur ce que l’on appelle les « serious games » (les jeux sérieux)… La différence entre un jeu et un jouet numérique. Orienté également sur les jeux vidéos tout court, sur le travail sur tablettes (comment cela fonctionnait, les craintes qu’il pouvait y avoir également, les atouts,…). Bon, les tableaux numériques, on en parle quasiment plus aujourd’hui, puisque c’est plus… J’ai presque envie de dire, c’est plus tellement d’actualité tels qu’ils ont été jusqu’à maintenant.

FP : Oui.

Interviewé : Voilà, donc ça, c’était quelque chose d’intéressant. J’ai découvert d’ailleurs à ce moment là, deux plateformes numériques très intéressantes pour des enseignants, qui sont TodaysMeet : c’est une plateforme sur laquelle vous pouvez mettre… pendant que vous faites une intervention, vous créez entre guillemets une classe, vous créez une intervention, vous donnez le lien à toutes les personnes qui sont dans la salle, ce qui permet que, sans avoir à ouvrir
de comptes, ses personnes peuvent vous envoyer des questions. Donc quand vous avez une salle avec 500 personnes c’est plus sympa que… Enfin, il peut y avoir des questions, des commentaires ou des réponses aux uns ou aux autres, qui se font sur un site Internet que vous avez décidé de projeter ou pas.

FP : D’accord !

Interviewé : L’autre plateforme s’appelle Socrative, qui est système qui permet des notions et vous avez la possibilité d’envoyer directement un QCM et les étudiants répondent directement à ce QCM via leur smartphone, leur tablette… Comme ça, vous avez un retour immédiat. Par exemple, vous vous lancez dans une nouvelle notion, vous avez prévu à l’avance 5 questions. 5 questions que vous mettez dans le quizz sur Socrative. Vous demandez à vos élèves de se connecter sur Socrative à la fin de cette notion et puis vous leur posez les questions, et ils répondent en direct : question A, c’est réponse B, etc…

FP : Oui, c’est comme un jeu télévisé !

Interviewé : Oui, exactement ! Et puis, vous avez en live (avec toute la prudence qu’il faut prendre dans ce genre de cas, puisque c’est à chaud), vous avez en live si votre notion est passé, pas passée. Vous pouvez faire des QCM, vous pouvez faire un Vrai/Faux, vous pouvez… Vous avez les réponses immédiatement qui vous arrivent dans un fichier.

FP : De manière totalement immédiate ?

Interviewé : C’est tout de suite !

FP : Mais, quand vous dites que les tableaux numériques ont en parle pratiquement plus, le problème… Enfin, on en est encore à ça. C’est-à-dire qu’il y a énormément d’établissements qui sont en train de s’en équiper…

Interviewé : Justement. Je pense que le fonctionnement d’un tableau numérique interactif c’est que… il y a un lien entre l’ordinateur… Enfin, justement, il n’y a pas de lien entre un ordinateur et un vidéoprojecteur : le vidéo projecteur servant à agrandir l’image de l’écran d’ordinateur. Donc, on a mis un troisième élément qui est le tableau blanc interactif (ou tableau numérique interactif) qui n’est rien d’autre que… que, en fait une palette… géante qui reconnait quand vous cliquez à un endroit si vous êtes à l’endroit de coordonnées x-y ou si vous n’y êtes pas. Donc en fait, le tableau blanc, ou le tableau numérique interactif est une palette géante. Sauf que cette palette, elle a plusieurs inconvénients : un, elle est très chère ; deux, si dans la classe lambda vous n’y êtes pas, ou s’il n’y a pas de tableau dans la classe ou vous êtes, eh bien… vous n’avez pas le tableau !

FP : Cela fait partie des problèmes identifiés.

Interviewé : Voilà ! Donc aujourd’hui, vous avez des constructeurs de vidéoprojecteurs qui se sont lancés dans… dans un autre type de vidéoprojecteur, et ce nouveau type de vidéoprojecteur prend en compte la problématique que je viens de vous poser. C’est-à-dire que c’est un vidéoprojecteur qui envoie l’image de l’ordinateur et en même temps, envoie une grille infrarouge, donc invisible à l’oeil humain… Donc elle l’envoie contre un mur et à ce moment là, vous n’avez plus besoin d’un tableau interactif puisque le principe du tableau interactif c’est de vous dire ou votre doigt (ou votre souris) se situe ; donc comme elle envoie ne même temps un grille infrarouge, vous vous baladez avec votre doigt, et donc, l’information repart au vidéoprojecteur qui la renvoie à l’ordinateur qui analyse ou vous vous situez. Donc, vous n’avez pas beaucoup pour l’instant de constructeurs qui font cela, mais je pense que, justement, une des pistes peut-être à creuser, c’est de savoir… Alors sûr, Acer en fait un, puisque ça je l’ai vu ! Ce sont des vidéoprojecteurs 3D que je trouve assez intéressant puisque ça retire le tableau blanc numérique. Le mur ne devient plus le support, le support étant une grille infrarouge. Voilà ! Donc cela veut dire qu’il n’y a plus qu’à acheter le vidéoprojecteur.

FP : Oui, mais qui a quand même, lui-même un coût !

Interviewé : Oui, mais moins que le tableau numérique. Bien en dessous d’un tableau numérique. Et qui n’a pas la structure d’un tableau numérique. Encore une fois, le tableau, vous l’avez dans une classe, vous ne l’avez pas dans l’autre… Si vous n’avez pas de vidéo qui projette justement cette grille infrarouge… Vous êtes obligé de, soit de changer de salle, soit de prendre le tableau et de le mettre un peu plus loin.

FP : Oui, ce qui a engendré ce qui a été appelé les classes mobiles, c’est-à-dire une « mallette » qui projette une grille infrarouge sur un tableau.
Interviewé : Voilà, c’est ça.

FP : Qui était moins précis qu’un tableau numérique ! En tous cas, c’est ce que tout le monde a dit !

Interviewé : Oui, et puis… C’est moins précis, mais encore une fois, soit vous êtes en train de faire du dessin de haute précision, et auquel cas, vous n’avez pas besoin d’un tableau numérique, soit vous êtes là pour montrer certaines petites choses. La grille était moins précise, elle va devenir de plus en plus fine et donc de plus en plus précise… Mais un des freins… Vous avez prononcé le mot, c’est la mobilité. Aujourd’hui, dans le système éducatif français, on n’est pas extrêmement mobile. Un des problèmes de l’évaluation, c’est que… Le problème des compétences aujourd’hui qui sont mises en avant au Collège, l’évaluation des compétences, tout ça n’est bloqué que par une chose, vous en discutez avec les enseignants, c’est de vous dire : « Ben moi, j’aimerais bien évaluer en compétences, sauf que, moi en tant que prof de maths, pour que je puisse évaluer par exemple le théorème de Pythagore, il faudrait que je puisse aller dans la cour pour mesurer des angles qui d’ailleurs ne sont pas droits , etc., etc.… Ce qui somme toute, pourra vérifier, ou pas la réciproque du théorème. Mais, ce que je veux dire, c’est que je trouve intéressant de poser comme problématique que la mobilité… Si on arrivait à avoir de vraies classes mobiles et qu’elles ne soient pas mobiles seulement parce qu’il faut changer de classe parce que le tableau blanc n’est pas dans la bonne classe… On soit réellement mobile dans la classe et, allez, soyons fous… dans les têtes ; là, à ce moment là, il y aurait un tas de verrous qui vont sauter.

Voilà, chaque fois que je fais une présentation sur les compétences, généralement on me dit toujours : « Tu sais, les compétences, on a bien compris, le socle commun, on a bien compris, la seule petite chose qui nous gêne, c’est l’évaluation ! ». Donc dans ma tête, je me dis : « Vous n’avez donc, rien compris ! ». Voilà, disons les choses simplement : si ce qui les gêne, c’est l’évaluation…

FP : C’est qu’ils en sont toujours à évaluer de l’ancienne manière !

Interviewé : Voilà, c’est que vous en êtes à : je passe un système, et puis j’évalue derrière alors que, tout le monde sait que pour évaluer des compétences il faut être dans des situations qui sont en même temps des situations d’apprentissages, et en même temps des situations d’évaluations. C’est-à-dire qu’il n’y a plus deux situations qui sont sclérosées, apprentissage d’un côté, évaluation de l’autre. On est tout le temps dans l’évaluation… D’ailleurs, comme dans le monde professionnel, on est tout le temps en situation d’évaluation, mais pas au mauvais sens du terme. Pas au sens, vous avez un oeil de Moscou qui vous regarde pour voir si vous faites bien ou pas, mais justement, vous avez quelqu’un qui est capable de voir si vous avez réussi, quelles compétences ou quelles capacités vous avez mobilisées pour trouver des solutions.

FP : Mais c’est ce que l’on a en Bac Pro, quand vous regardez les CCF (Contrôle en Cours de Formation)…

Interviewé : C’est exactement ça !

FP : C’est de l’évaluation permanente. D’ailleurs, les textes sont clairs, ils disent qu’il faut évaluer les élèves quand ils sont prêts.

Interviewé : Bien sûr. D’ailleurs, vous avez vu, l’entrée des CCF au Collège, c’est l’Histoire des Arts.

FP : Oui.

Interviewé : Ils n’ont absolument rien compris ! Ils n’ont tellement rien compris qu’il a fallu qu’il y ait un nouveau BO (Bulletin Officiel) au mois de décembre, pour faire le contraire de tout ce qui avait été dit avant. C’est-à-dire qu’au départ on était parti sur des CCF, il faut remettre parfois les sigles, c’est Contrôle en Cours de Formation, ce n’est pas un contrôle continu. Ca veut dire que vous présupposez que suite à votre contrôle, les élèves bénéficieront encore d’une formation. Le contrôle continu étant, je fais une phase d’apprentissage, je passe à une phase d’évaluation, je repasse à une phase d’apprentissage, je repasse à une phase d’évaluation… etcetera, etcetera… Je construis mes petites briques les unes sur les autres, ce qui n’est absolument pas la philosophie du CCF. Le CCF, c’est vous évaluez les élèves quand ils sont prêts…. Quand ils sont prêts, pas quand vous, vous êtes prêts, pas quand vous avez fini votre cycle d’apprentissage. C’est quand vous estimez que la classe a reçu tout ce qu’il faut, et que tout le monde… Que vous avez pu voir au moins une fois de près ou de loin des compétences des élèves. Vous sortez ça en Collège, c’est… inaudible ! Donc, ce qui c’est passé, c’est que l’année dernière, tout le monde a fait des CCF fin mai début juin alors que je ne cessais de dire mais pourquoi vous ne le faites pas en février votre CCF. Réponse, au mois de février, les élèves, non pas, ne sont pas prêts, mais au mois de février ils n’auront pas reçu tous les cours. Mais, on s’en moque puisque c’est un contrôle en cours de formation. Donc ça veut dire que tu contrôles au mois de février et il y aura une suite après. Et là, en France, mais la suite après, est-ce qu’elle sera évaluée ? Ben non, elle ne sera pas évaluée… Et ça !

FP : Oui, ça, ça ne passe pas !

Interviewé : Ca, c’est étanche. Là, c’est deux parois qui… Voilà !

FP : Ce qui veut bien dire, si je vous suis bien, que les nouvelles technologies vont être indispensables pour pouvoir faire ça !

Interviewé : Alors, les nouvelles technologies sont pour ma part… Il faut vraiment être très clair. Les nouvelles technologies sont un outil. Ne seront que des outils et ne seront jamais autre chose que des outils.

FP : On est bien d’accord.

Interviewé : Premier postulat. Le deuxième : à un endroit donné, plus vous mettez des machines, plus il faut mettre de l’humain. C’est une mécanique : si vous mettez des machines sans humain, ça ne fonctionne pas. Encore une fois, il faut revenir à une définition que je trouve moi, sacrosainte et que je ne comprends toujours pas pourquoi les enseignants n’ont pas cette définition (ou en tous cas cette problématique posée) qui est : quelle est la différence entre un savoir et un savoir scolaire ? Généralement la réponse que vous allez avoir, en tous cas, celle que j’ai, c’est que le savoir scolaire est un savoir qui a été simplifié par rapport au(x) savoir(s). Bon, d’accord… Je pense que, comme bêtise, on aura rarement dit quelque chose… une ineptie aussi grande ! Le savoir scolaire par rapport au savoir, c’est un savoir qui a été… pensé, mis en place pour pouvoir être joué. Par qui ? Par un enseignant. Pour être joué comme une pièce de théâtre. Et c’est… Alors, si on part de cette demande, de ce postulat, automatiquement… aucune machine, aucun outil ne va pouvoir remplacer l’enseignant, et c’est pour ça que d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui, tout ce qui a été essayé de par le monde, à aucun moment, l’enseignant n’a pu être retiré puisque les savoirs scolaires sont fabriqués, pour être joués. Ca a été fait pour ! C’est fait pour être interprété. Un prof peut très bien avoir un premier prix d’interprétation de théâtre ; c’est fait pour ! Aucune machine ne va le retirer, par contre, la machine va jouer un rôle qui va être un rôle de facilitateur pour l’enseignant, ça c’est indéniable. Facilitateur pas dans le sens que lui n’a pas de travail à faire en amont. Généralement c’est plutôt le contraire, mais moins de travail au moment de. Cela va être un élément de motivation pour les élèves qui… ne sont plus différents de ceux qu’il y a 60 ans, la seule chose, c’est qu’ils reçoivent des flux d’informations en telle quantité que cela génère des élèves différents d’y il y a 60 ans.

FP : Et, d’autant plus qu’ils reçoivent des informations par une foultitude de moyens qu’il n’y avait pas il y a 60 ans.

Interviewé : C’est exactement ça ! C’est une foultitude sans aucun contrôle. Alors, justement à Biarritz, il y avait un chercheur philosophe qui disait quelque chose d’assez intéressant, il disait que lui, quand il cherchait quelque chose sur Google, il trouvait beaucoup plus vite que ses doctorants qui étaient beaucoup plus jeunes que lui. Il dit : « Ce n’est pas que je sois plus intelligent, pas du tout. C’est tout simplement que… (à l’heure ou il parlait), j’ai plus de culture qu’eux ». Alors, ça se traduit par quoi ? Cela se traduit… que, quand un jeune cherche sur Google « phénoménologie du langage », il va taper « phénoménologie du langage », sauf que le chercheur philosophe dont je parlais va rajouter derrière,… des noms d’auteurs…

FP : Qui se rapportent à…

Interviewé : Qui vont faire qu’au lieu d’avoir 1 million de réponses, il va en avoir que 20 parce qu’il va mettre tellement de mots clés qu’on va arriver exactement là ou il veut et il va avoir sa réponse avant le jeune qui lui, aura tapé juste les mots qu’il faut parce qu’il n’a pas le background nécessaire pour pouvoir taper d’autres mots clés. Le problème est là. Donc ce qui fait que quelqu’un qui n’a pas le background pour taper d’autres mots clés, va avoir tellement d’informations qu’il n’arrivera pas à faire le tri et son oeil va faire ce que Mme Anlard (dont j’ai oublié le prénom) appelle, c’est que l’oeil aujourd’hui, joue un rôle de scanner, c’est-à-dire que les jeunes voient des tonnes et des tonnes de pages passer, et puis d’un seul coup, il y a un moment ou votre oeil… il y a quelque chose qui va vous arrêter. A tort ou à raison. C’est ça le problème, à tort ou à raison. Ca veut dire que votre oeil n’a plus une fonction de lecture, d’ailleurs, il y a des tests physiologiques qui ont été réalisés. D’ailleurs lorsque vous lisez un écran ou lorsque vous lisez un papier, cela a du vous arriver… Quand vous faites un truc sur écran, arrive un moment ou vous l’imprimez pour le relire une dernière fois et vous avez besoin de l’imprimer. Quand vous lisez quelque chose sur écran, il y a 20% de votre attention qui est mobilisé pour la lecture ; quand vous lisez sur papier, il y a 80% de votre attention utilisé pour la lecture. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais fichtre rien, ce que je sais, c’est que, moi-même, quand j’ai un courrier important à faire… D’ailleurs, aujourd’hui, La Poste retrouve une certaine activité par le biais que quand c’est vraiment important vous avez un courrier. Nos boites aux lettres se sont considérablement vidées par rapport à il y a 15 ans, sauf que ce que vous recevez aujourd’hui par courrier, c’est soit encore quelques pubs, soit des factures. Après vous avez généralement un troisième point, c’est le courrier très important. Voilà. Donc, ce qui veut dire qu’il y a des choses qui bougent. Il faut donc garder ces technologies comme un outil. Imaginez mettre un ordi avec Google et dire aux enfants, c’est bon ils ont un outil de recherche. Non. Ils n’ont rien du tout ! C’est comme quand nous, on nous filait l’Encyclopedia Universalis en 25 volumes. Qu’est ce que vous voulez qu’on en fasse ! On ne sait pas par où commencer. Je me souviens de grands moments de solitude sur des sujets de philo ou avec l’encyclopédie en face de moi, je n’arrivais même pas à savoir laquelle entamer. Il faut pas rêver : l’outil ne vous dit absolument pas par ou entamer la falaise.

FP : Ce qui veut quand même bien dire que, par rapport aux élèves, il y a un vrai problème de formation sur ces nouvelles technologies. C’est bien beau de les mettre devant un écran, parce qu’ils sont plus doués que vous et moi réunis, pour l’utilisation quotidienne, mais en ce qui concerne la méthodologie de la recherche, pas forcément dans les grandes classes (même en 6ème), n’y a-t-il pas la dessus quelque chose à creuser pour leur expliquer comment faire ? Il y a eu le B2I. D’accord. Mais est-ce que cela suffit… Je n’en suis pas persuadé !

Interviewé : Non. D’abord, deux choses. Premièrement, je ne pense pas du tout (je ne suis pas le seul) que les jeunes d’aujourd’hui soient plus à même de s’en sortir en informatique que vous et moi. Honnêtement, je ne le crois pas. La seule chose qu’ils ont par rapport à ce que… nous avons pu… vivre, en tous cas connaître jusqu’à aujourd’hui, c’est le fait que : ils vivent dans un environnement bruyant. Et je dis bruyant avec des guillemets. Bruyant en son, bruyant en image, bruyant en… voilà ! Ils sont en mode multitâches, alors que nous, nous étions… Même si moi je me souviens avoir fait des devoirs avec la musique, mais il arrive un moment, ou bon, quand c’était l’exo de maths et qu’il fallait commencer… Là, généralement on arrêtait ou alors on baissait… Aujourd’hui, ça c’est une caractéristique d’une nouvelle génération, c’est d’être dans un monde bruyant et par contre (et là, je rejoins un peu ce que vous dites), il faut les former pour…Pour moi, il faut les former à deux choses : un, il faut mettre en place ce qui a été complètement oublié pendant des années, c’est ce que j’appellerais pompeusement une propédeutique, c’est-à-dire, apprendre à apprendre. Et là-dessus, il n’y a absolument rien ! Deuxièmement, apprendre des savoirs de base. Là, on se limite, enfin, on tombe immédiatement sur un gros gros souci, c’est que… ben… les savoirs de base… c’est quoi ?

FP : Il faut les identifier.

Interviewé : Voilà. Un savoir de base… Voilà !!! Le jour quelqu’un sera capable de me dire ce qu’est un savoir de base ! Un peu comme en histoire, à partir de quand le primate devient un homme… Voilà, fixez moi la frontière et ensuite, il n’y a plus de guerres de religions, il n’y a plus rien, mais voilà, fixez moi la frontière. C’est quoi un savoir de base ? Bonne question ! Est-ce que le théorème de Pythagore fait partie des savoirs de base ? Voilà, vous pouvez avoir des morts avec des questions pareilles… Je connais des profs de maths qui sont capables de tuer pour cette question là. Sérieusement ! Savoirs de base, apprendre à apprendre. Le troisième point, c’est pour moi… C’est ça qui va être un peu le plus difficile, et c’est en ça que les outils technologiques peuvent aider… C’est de développer ce qui n’a strictement jamais été fait dans un système éducatif (quel qu’il soit). Alors, quel qu’il soit, c’est un peu pompeux parce que c’est comme si je les avais tous étudiés, mais honnêtement, il n’y en a pas trace. C’est,… alors… enseigner n’est pas le bon mot… C’est de… privilégier tout ce qui va être… intuition,… créativité,…… argumentation au sens… premier du terme… C’est-à-dire, véritablement… voilà, argumentation. De l’intuition, de la curiosité. Voilà, ça, c’est des domaines aujourd’hui… Mais c’est dans toutes les matières… Ca dépend comment c’est enseigné.

FP : Oui, mais c’est toujours pareil !

Interviewé : Moi, j’ai des souvenirs cuisants de prof de maths qui rentre et qui dit, aujourd’hui, on va faire les complexes. Y en a un qui lève la main : « C’est quoi les complexes ? », et le prof répond : « u2 = -1. » Super !… So what ?! Une fois que c’est dit, cela vous donne aucune curiosité, ça vous donne pas l’envie… Regarder les souvenirs que vous avez de vos meilleurs profs. C’est quoi ? C’est les profs qui ne se sont pas contentés de vous dire voilà ce qu’il faut faire, voilà comment il faut faire. C’est les profs qui sont arrivés à vous rendre curieux, qui vous ont lancés des défis intellectuels, qui vous ont… voilà, c’est ça ! Là on se dit celui là (ou celle là) ils sont supers. C’est ça, ce n’est pas celui qui a dit « En anglais, quand une phrase commence par If, il faut mettre le prétérit… ». Aucun intérêt. Aucun ! Les outils numériques peuvent aider à ça. A condition, un que les enseignants soient formés, deux, qu’ils ne croient pas que cela va se substituer à un quelconque travail… Comme j’ai dit tout à l’heure, c’est un facilitateur mais ça ne dispense pas du travail et trois, j’ai envie de dire, il faut rentrer également dans, ce que j’appellerais… la sociologie d’un jeune.

FP : On ne peut pas en faire l’économie de toute façon.

Interviewé : Voilà. Un jeune aujourd’hui, il est multitâche. Il faut faire avec. Personnellement, j’enseigne à la Fac Léonard de Vinci à des étudiants entre 21 et 24 ans. Honnêtement, ça fait belle lurette que je les laisse aller sur Facebook sur leur Smartphone, en même temps que d’avoir leur ordi avec mon cours qu’ils ont déjà eu avant que j’arrive… et tout en discutant avec le voisin d’à côté. Parce que, ça m’est arrivé une fois d’en arrêter un en lui disant : « Tu me casses les pieds ! », et je m’apercevais, qu’en fait, en effet il était sur Facebook mais que, il était en même temps, aussi bizarre que cela puisse paraître, en train de poser la problématique que j’avais posée. Et il la posait à qui ? A ses potes ! Et pas à son prof. Voilà. Donc, ça veut dire que… ces outils là, ils sont là, vous l’avez très justement dit, il faut faire avec… mais pour ça, il faut les maîtriser !

FP : C’est peut être là aussi… J’allais dire vulgairement, c’est là qu’est l’os ! C’est que, c’est une sérieuse remise en question pour les enseignants ! Parce que, inévitablement cela va remettre en question leur manière de faire.

Interviewé : Alors, pour les enseignants, ce qui est extrêmement dur, c’est que les outils matérialisent (les outils numériques)… matérialisent… C’est le bouc-émissaire ! Mais ce n’est pas le bouc-émissaire, ils ne se jettent pas tous dessus, parce qu’il y a énormément d’enseignants qui travaillent avec ces outils numériques. Mais ceux qui, justement sont assez arc-boutés sur certains principes qu’ils ont connus. Voilà : le numérique leur sert de bouc-émissaire. A la limite, moi j’en connais pas mal qui sont à la retraite et disent : « Heureusement, j’ai eu 3, 4 années, à la fin, difficiles ; je ferme la porte derrière moi, je ne suis pas passé au numérique, heureusement car de toute façon, maintenant, je ne pourrais plus ! ». Faut pas rêver. Aujourd’hui, on passe d’un enseignant = la personne qui sait. Autrefois, un enseignant était la personne qui sait. Aujourd’hui, un enseignant, c’est la personne qui sait… me faire apprendre. Ne jamais oublier la phrase de Labiche : « Qu’est-ce qu’un égoïste ? C’est quelqu’un qui ne pense pas à moi ! ». Ca, c’est extrêmement fort dans une nouvelle génération. Un bon enseignant, c’est celui qui sait ME faire apprendre… par n’importe quel moyen ! S’il se met sur la table, en short et qu’il danse et qu’il arrive à me faire rentrer un concept… Aucun problème, c’est donc un bon enseignant. Vous le voyez dans les universités où, quand vous avez les enseignants en TD et que les élèves viennent ou ne viennent pas. A partir du moment où ils estiment que l’enseignant qui est en face d’eux (même s’il s’agit du plus grand spécialiste de la question)… Il ne sait pas ME faire apprendre, je ressors de son cours sans avoir eu l’impression de… Alors après, il y aussi derrière le boulot à la maison, mais, faut pas rêver… Le mythe qui est en train de s’abattre comme quoi les élèves ne veulent pas bosser, sont feignants… C’est complètement idiot !! Ils ne sont pas plus feignants que moi quand j’étais jeune. Non, simplement, ils ne veulent plus… Par contre, ce qu’ils ne veulent pas, c’est, qu’en effet, c’est qu’ils aient fait trois exos en classe et que vous leur fassiez faire le même quatrième à la maison. Ca non ! Ca, ça ne passe pas. En effet, les choses changent : l’enseignant n’est plus celui qui sait ; l’école n’est plus un sanctuaire. Ok, mais une fois que vous avez posé ces deux trucs là, il va falloir, non pas abandonner le terrain, mais attaquer le terrain, d’une autre façon.

FP : Mais c’est justement ça qui est difficile pour un enseignant. C’est que… Moi j’entends des enseignants qui disent avoir toujours fait de telle manière…

Interviewé : Bien sûr, et le pire c’est qu’ils ont été formés pour ça !

FP : Oui, et donc, maintenant, se dire qu’il va falloir changer (même chez les jeunes !) et se dire que le gamin apprendra mieux si le prof danse sur la table qu’en lui faisant réciter… C’est une sérieuse remise en question.

Interviewé : Oui. Parce que vous avez deux phénomènes la dessus. Le premier, c’est qu’un enseignant est très souvent un ancien bon élève (voire très bon)… qui… pour lequel, le système qu’il a connu a bien fonctionné. Il faut partir de là, ce n’est pas de la sociologie de comptoir ! Le système a bien fonctionné, c’est une réalité. Ensuite, on lui demande d’être un expert dans sa matière et d’avoir un Bac +5 dans sa matière. Bon alors, reprenons l’histoire : le petit Benoit, il passe un Bac +5, il fait 5 années d’études en mathématiques. Il passe son CAPES ou son Agrégation et il rentre dans un bahut ! Qu’est ce que vous voulez que le petit Benoit (qui est devenu grand)… Qu’est ce que vous voulez qu’il fasse ? C’est un ancien bon élève, il connait les rouages pour que cela fonctionne bien, il a même de super bonnes méthodes qui marchent bien…

Il essaie de faire passer ses méthodes aux élèves qu’il a en face de lui… On va dire, selon où il tombe cela peut aller… le pourcentage peut varier de 15 à 100% d’élèves qui écoutent. Sauf qu’après, vous avez la géographie qui joue… On va arrêter de se cacher derrière son petit doigt ! Il est plus facile de donner des cours à certains endroits qu’à d’autres ! Et vous avez toute une génération qui migre, c’est-à-dire, d’un seul coup, vous vous réveillez et vous vous dites que les jeunes qui sont en face de vous, vous ne le comprenez plus ! C’est là ou l’on se dit : Aïe !! Alors, allez vers le numérique parce qu’on pense que les outils numériques vont pouvoir… Oui, mais, je pense que, encore une fois, ce n’est pas dans l’application et la technique… Il y a réellement des choses nouvelles à mettre en place avec les outils numériques. Moi, je suis extrêmement intéressé en ce moment par les serious games. Je pense que c’est extrêmement important et je pense qu’on va pouvoir réussir à faire des… des… un changement pédagogique profond par le biais des serious games. On s’est aperçu, si vous voulez que… sans que cela soit… les jeux vidéos (pas tous !)… certains, qui sont plutôt des jouets vidéos ; la différence c’est que le jouet vidéos n’a pas de fin. C’est les SIMS ! Vous prenez un immeuble, vous…

FP : J’y ai joué.

Interviewé : Voilà ! Il n’y a pas de fin. En tous cas, s’il y a une fin… Oui, vous pouvez avoir une fin si vous vous plantez complètement.

FP : Si la ville explose !

Interviewé : Voilà, si la ville explose, mais… voilà, il y une notion de : si vous gérez bien votre truc, ça continue. Voilà, il n’y a pas une deadline comme quand on vous tire dessus et que, une fois que vous avez pris quatre bastos dans la tête, c’est fini vous êtes mort ! C’est là qu’on s’aperçoit qu’une seule balle, dans la vraie vie, ça suffit. Donc les jouets vidéo ont un impact intéressant : ils développent certaines capacités, certaines compétences… Je pense que cela peut être un bon vecteur. Les outils numériques doivent être des vecteurs pour porter autre chose. Faire un jeu dans lequel il n’y ait pas forcément des énigmes mathématiques, mais vous avez des messages à faire passer. Le théorème de Pythagore, par exemple : vous avez un prof qui vous dit : « Je pense que c’est un fondement ». Bon d’accord, mais c’est quoi ? S’en sert-on dans la vie ?

Ca sert à quoi ? La réponse, généralement c’est : « Oui, mais non, c’est pour un raisonnement… ». Ok, très bien, mais si c’est pour un raisonnement, on peut imaginer que ce soit un autre raisonnement… Pourquoi celui de Pythagore ? Il est simple oui, en effet, c’est une relation numérique relativement simple avec un petit piège au milieu, qui fait que… voilà, ok. Mais, tu n’es pas plus idiot qu’un autre, tu peux inventer un autre processus à mettre en route et que si ce processus là n’est pas appliqué, cela ne marche pas ! Donc, qu’est ce que les enseignants ont envie de faire passer ? Le seul souci c’est que les enseignants (anciens bons élèves) ont été formés à quoi ? A leur discipline. Quand ils passent l’Agreg (ou le CAPES), ça n’est que dans leur discipline. Vous allez me dire, il y a souvent dans l’Agreg de Lettres, une épreuve d’Anglais ; l’Agreg d’Histoire, il y a une épreuve de Géo… L’Agreg de Maths, c’est l’Agreg de Maths !! Certains diront qu’entre la géométrie et l’algèbre…

FP : Certes, mais ça reste des maths !

Interviewé : Voilà. Qu’est-ce que vous voulez faire pour quelqu’un qui a été ancien bon élève, qui s’est hyperspécialisé dans sa matière… On le déboule la dedans et on lui dit : « Ben maintenant, il va falloir que tu fasses du transversal ! ». D’accord, mais, lui n’en a jamais fait du transversal !

FP : Donc, ça renvoie à la question des formations.

Interviewé : Ca renvoie à la question des formations et de ce que je parlais tout à l’heure : la mobilité ! Parce que j’ai quand même vu des expériences dans lesquelles,… un outil numérique pouvait aider, mais là le voyait vraiment relayé à l’état d’outil (ce qu’il est !) et il ne faut pas qu’il sorte de là d’ailleurs. Mais réellement l’expérience pédagogique marchait. Alors, l’expérience, c’était, au lieu que les élèves aient une heure de physique, une heure de maths, une heure de SVT (Première S), on ouvrait trois Premières S, on balançait un problème (qui était un problème complètement… ouvert)… Il fallait faire (en gros) une espèce de rapport sur : pourquoi on privilégierait l’éolien plutôt que… Il y avait un problème d’une centrale qui tombait en panne… Vraiment, le sujet, c’était plutôt un dossier, voyez ! Et, vous aviez les trois classes qui étaient regroupées et un prof de SVT, un prof de Physique, un prof de Maths. Qui n’étaient là, que dans le rôle d’experts. C’est-à-dire, nous, on vous laisse faire ce que vous avez à faire, un moment donné si vous pensez avoir besoin d’un mathématicien, d’un physicien ou d’un biologiste, vous appelez… Et les élèves de s’apercevoir que le problème n’est jamais complètement que de la physique, que de la SVT ou que des mathématiques, et que c’est toujours un peu des trois… Et que les profs pouvaient les aider dans les trois, même si, un moment donné, si cela concernait trop une matière, le prof pouvait faire appel à son collègue « expert » dans sa matière. Là, vous aviez quelque chose de purement transversal ! Problème ouvert, on n’a pas dit ce que c’était comme matière, on n’a pas dit ce qu’était la (ou les) solution(s). Un problème réellement ouvert : on vous demande votre avis sur un dossier. Vous aviez des élèves qui faisaient une heure de chaque matière en s’ennuyant et qui, lors de ce temps, ne se sont pas rendu compte qu’ils avaient fait trois heures. Par contre, bon ce n’était pas le foutoir mais, arrivé à la fin, on corrige… Bon quand je dis on corrige, ce n’est pas je corrige… Bien sûr on relevait la chose qui n’allait pas, ce qui était faux. Et puis, que ce soit transversal ou pas, quand c’est faux, c’est faux ! Point. Dans un cadre scientifique c’est relativement simple. Et… et il n’empêche qu’ils voyaient une certaine transversalité, alors qu’aujourd’hui dans tous les établissements de France et de Navarre, il n’y a pas un prof qui ne dise pas qu’il travaille en équipe. Et ça se traduit pas quoi ? La plupart du temps, c’est on s’échange… de bonnes procédures, on s’échange nos progressions, on s’échange nos impressions sur les élèves… Voilà. Si… parfois… un coup de folie… on s’échange nos contrôles… nos sujets de contrôles…

FP : Pas les copies !

Interviewé : Ca, c’est l’échange ultime ! Non, la plupart du temps, c’est ça. Par contre, on se voit demain, on s’assoit ensemble pour bosser ensemble et pour faire le cours pour qu’on fasse le même cours… Ca, pour l’instant, vous ne l’avez pas encore !

FP : Mais, ceci a été tenté quand on commencé à parler des parcours croisés, qui sont devenus les IDD, et avec la réforme des Secondes, l’accompagnement personnalisé, ou c’est souvent deux profs en même temps qui sont censés parler de la même chose. Les TPE en Première… Mais, ça reste globalement sur 1 heure… Allez… 2 quand la DHG est bonne !

Interviewé : Voooilàààà ! Ca reste marginal, c’est exactement ça le problème ! Et… et… automatiquement les collègues voient ça comme quelque chose EN PLUS ! Voilà, les TPE c’est le truc… C’est en plus, de toute façon

FP : En général, c’est pour que le prof ait son temps complet !

Interviewé : Voilà ! L’accompagnement personnalisé, moi je veux bien… Mais, faites une petite étude ne serait-ce que dans l’Académie… Vous allez voir à quoi il sert l’accompagnement. La plupart du temps, il sert à donner des cours de remédiation, pour employer des grands mots… Tout simplement pour faire en sorte que l’élève suive… Enfin, voilà ! Ce qui est écrit dans la réforme, on n’est pas encore, pour l’instant, en face ! Il y a quelque chose qui est intéressant et qui commence à être mis en place, c’est en ce moment… les… les deux programmes présidentiels. Ce qui est important, c’est que les deux programmes présidentiels prévoient que les enseignants aient moins d’heures de cours en face des élèves et plus d’heures de présence dans les établissements… Alors tout le monde est parti sur : « Oui, mais les profs font plus d’heures… ! » Evidement, tout le monde le sait… Les profs font plus d’heures mais, chez eux ! Donc le problème, c’est qu’il faut qu’ils puissent bosser ensemble… Mais pour ça, et les responsables qui font les emplois du temps le savent bien, quand vous voulez que Mme Dupont et Mr Durand travaillent ensemble, et qu’ils n’ont que très peu d’heures libres en commun… Et quand vous leur mettez une heure de perm en commun, ils viennent généralement vous voir en début d’année pour faire en sorte de retirer ce trou. Vous avez déjà entendu ça ?

FP : Absolument !

Interviewé : Mais, non, si vous avez une heure de trou, profitez-en ! Vous allez peut-être pouvoir bosser ensemble… Alors là ! Les réponses : pour quoi faire ? Pourquoi ? Voilà. Moi, je trouve que dans ces deux programmes politiques, il y a quelque chose d’intéressant. Dans les deux… Après, c’est une question d’heures… Vous avez beau répéter 50 fois aux élèves que vous bosser ensemble, s’ils ne le voient pas !!!

FP : Ils ne le savent pas !

Interviewé : Or, il n’y a que le travail transversal qui puisse être appliqué avec des outils numériques ! Sinon, vous allez vous hyperspécialiser dans votre domaine (ce qui est très bien), il y a des niveaux dans lesquels il y a besoin. Au collège, par exemple, il n’y a pas besoin ! C’est quoi cette folie qu’un élève de CM2 qui arrive au mois de juin avec un prof qui lui fait tout et il arrive en septembre avec 10 enseignants à Bac +5 ! Juste une question : pourquoi ? Le jour où quelqu’un est capable de me dire pourquoi ! Deux mois après avoir eu quelqu’un qui lui faisait de l’initiation en Anglais, d’un seul coup, il se retrouve avec quelqu’un qui lui sort toutes les règles possibles et imaginables de la langue anglaise… D’un seul coup, le modèle, c’est le prof qui parle… et l’élève qui écoute. C’est… c’est une caricature ! Mais on n’est pas loin de ça. Et quand vous êtes le prof qui parle et l’élève qui écoute et que vous ajoutez des outils numériques…Et bien vous avez le prof qui fait et l’élève qui refait… Et ça ne sert strictement à rien ! Généralement, ça fini dans un placard parce que le prof a l’impression de perdre son temps, parce qu’il pense que c’est quelque chose qui est en plus de son travail, ce n’est pas intégrer dans son travail, donc il pense que c’est en plus. L’élève, excusez moi, mais il « s’emmerde » comme pas possible. Généralement, les élèves font autre chose. Actuellement, dans les manuels, vous avez un CD-Rom ; dans le CD-Rom, qu’est ce qu’il y a ? La même chose que dans le manuel… C’est le livre… mais en CD-Rom… Super ! Je le vois sur le papier, je le vois sur l’écran… Ca peut avoir des utilités, pour ne pas avoir à se le trimbaler, je comprends… Mais. A par ça !

FP : Pour l’instant, on n’a vu que ça.

Interviewé : S’il n’apporte pas quelque chose de plus, à quoi ça sert ? C’est en effet, et là, pour le coup, les collègues ont raison, c’est un truc, en plus. Donc, il y a un rejet de la part des enseignants. Encore une fois, ce doit être quelque chose de « trans », c’est-à-dire, « à l’intérieur de ». Pour ça, on y arrivera en faisant de la transversalité, en faisant en sorte que les cours soient les mêmes pour tous les élèves d’un même établissement, parce que les profs se seront mis d’accord pour faire le même cours… C’est pas demain…

FP : Oui !

Interviewé : Oui. Il n’empêche, moi, je suis à la Fac, à Lille, à Nice et à La Défense. Et bien, on est obligé en début d’année… On reçoit le même squelette de cours avec le même nombre de diapos (qu’on ne doit pas dépasser !) avec les mêmes informations qu’on doit donner. Les élèves reçoivent le cours en même temps. Moi il m’arrive d’avoir des élèves qui viennent de Lille… La semaine d’après, je ne les vois plus et je ne les reverrais plus parce qu’ils continuent leurs études à Nice, et qu’ils étaient de passage à Paris. Il n’empêche, tous ces étudiants passent le 18 avril, le même examen. Et tout le monde a eu le même cours : trois campus ont eu, en même temps, le même cours par 6 profs différents, parce qu’il y a une trame. Alors, on n’a pas dit tous la même chose au même moment de la même façon, mais n’empêche que le squelette était le même.

FP : Enfin, quand on arrivera à ça au collège et au lycée… on aura fait un grand pas !

Interviewé : On y arrivera quoi qu’il arrive, le jour où les enseignants y trouveront leur compte. Quand on expliquera qu’il y a un avantage à passer par cette méthode, là, vous levez les freins. Si les profs ont le moindre soupçon sur le fait que ce que vous leur proposez leur donnera du travail supplémentaire, ils sont comme tout le monde, ils ne le feront pas ! Voilà. Prouvez moi que le temps que je vais passer à monter un serious game, à faire mes cours en vidéos, à aller sur Internet pour aller recherche telle ou telle information, etc.… Prouvez-moi que ce que je fais là va être chronophage la première année, puis ensuite ça va aller. J’y vais. Si c’est juste un nouvel outil qui arrive, ça ne sert à rien. Et c’est encore pire si cela vient de la direction.

FP : De toute façon, il ne faut pas que ce soit imposé. Si on leur dit : « Il y a des tableaux dans toutes les classes, servez-vous en ! »

Interviewé : Ca ne sert à rien !

FP : Si on leur dit pas comment, ni pourquoi…

Interviewé : Vous avez des superbes Labo de langues un peu partout en France… Vous pouvez venir les reprendre, ils ne servent à rien. Ils n’ont jamais servi. Pourtant ce sont les enseignants qui les avaient demandés. Donc, là aussi, il faut se poser la question. Ils ont demandé, pourquoi ?

Parce qu’ils sont allés dans un colloque, ils ont vu une pub, ils ont vu une démonstration… Mais il n’y avait rien… Au sens, pas de formation, et que lors de formation, les formateurs disaient que le cours c’était le problème du prof, pas du formateur. Non, il faut aller jusqu’à construire un cours ensemble. Une fois que vous avez amorcé la pompe, une fois qu’un prof, quelle que soit la matière, quel que soit le niveau, a fait son premier chapitre sur un système numérique, après, il se lance. Mais il ne se lancera jamais juste parce qu’on lui aura montré un super cours, des séquences faites par d’autres… C’est normal, parce que l’enseignant voudra s’approprier la séquence.

FP : C’est normal.

Interviewé : Je reprends ce que je disais tout l’heure : un cours c’est une pièce de théâtre.

FP : Ce qui veut bien dire qu’une formation qui ne serait qu’une démonstration ne sert à rien.

Interviewé : A rien ! Vous pouvez amener le meilleur représentant de France et de Navarre… Tout le monde va trouver ça génial… Mais ils ne s’en serviront pas !

FP : J’ai vu justement une démonstration justement avec le petit boitier dont vous parliez au début. C’est vrai que c’est formidable, mais comment le mettre en place chez soi ? Les enseignants sont-ils volontaires ?

Interviewé : Oui, mais voilà, qu’est-ce qu’un enseignant volontaire ? C’est un enseignant qui trouve que c’est super, qui aimerait bien se lancer mais qui n’a aucune idée par quel bout commencer. Rappelez-vous votre copie face à votre première dissertation de philo ! C’est exactement ça. C’est-à-dire qu’à la limite le sujet l’intéresse mais vous n’arrivez pas à écrire le premier mot, parce que… Et on aura beau vous former, et on vous avez formé en vous disant : « Intro en trois partie, puis thèse, antithèse, synthèse, et conclusion qui débouche sur une nouvelle problématique… ». Très bien ! Mais ça ne vous dit pas par quel bout il faut commencer… C’est pareil ! On peut vous la présenter, on peut vous la faire dans tous les sens que vous voulez, il n’empêche que : moi, prof de machin, dans mon collège, je ne sais pas par où commencer, parce que, parce que je n’ai pas ça comme type de matériaux. Moi, mon matériau, c’est un papier, un stylo, c’est ce que je sais… Après, je me dis, qu’est ce qui est important pour eux… Mais je me le dis tout seul… Je veux bien en parler un peu à un collègue, surtout s’il est d’accord avec moi. S’il n’est pas d’accord avec moi, après, ça se complique…

FP : Il ne faudrait pas non plus qu’il lui pique l’idée !

Interviewé : Oui, après vous avez… Aujourd’hui les ENT (Espaces Numériques de Travail) servent à l’administratif. C’est-à-dire, ça sert à mettre les heures d’absences, les heures de colles, les bulletins, les… Un ENT qui marche, je n’en ai pas vu 50, j’en ai vu un, où réellement, il y a un collègue qui arrive, et qui dit : « Ca, c’est mon prochain cours, de stats, 3ème, je le fais lundi… Le prend qui veut. » Et les autres se servent et un autre prof met le prochain cours à disposition. Cela fonctionne à tour de rôles… Et là, il y a une mutualisation qui commence. Ca commence, mais il faut amorcer…

FP : On a mis ça en place. Ca date de cette année.

Interviewé : Vous avez du vous en rendre compte, il faut également un animateur. Si vous n’avez pas d’animateur, au bout d’un moment… Ca tombe surtout que l’on a collé à cet animateur l’image du spécialiste… Donc il se tape tout le boulot ! Et vous entendrez en salle des profs : « Ah, Monsieur Machin, il fait des trucs formidables… !… C’est pas pour ça que moi j’en ferai ! »

FP : La plupart du temps, c’est le prof de techno.

Interviewé : Oui, on pense au prof de techno… On sait pas pourquoi, mais c’est comme ça !

FP : Parce qu’il y a technologie !

Interviewé : Parce qu’il y a technologie, oui, et que c’est pour lui… Et puis voilà ! On voit pas ça en français, on ne voit pas ça en maths… Non moi, je reste persuadé que les nouvelles technologies, même s’il y a de freins, est une solution… Mais que la solution est une solution pédagogique…Ce n’est pas une solution technique…C’est par le fait que l’on va décloisonner les matières… Ca va m’obliger, moi prof de maths, à me poser des questions sur ce que les élèves doivent retenir ou pas, en termes de connaissances. Donc, évidement d’alléger non pas le niveau d’exigences, mais d’alléger la somme de connaissances à avoir. Parce que cette somme elle grandit. Prenez le prof de SVT, il va vous dire que c’est un puits sans fond. Vous avez des enseignants de SVT qui enseignent, non pas des choses qu’ils n’ont jamais apprises, mais des choses qui n’existaient pas !

FP : Idem en Histoire.

Interviewé : Voilà ! En Histoire, il y a toujours eu un curseur qui faisait que l’on avançait. Quand vous avez passé le Bac, c’était de 45 à nos jours, aujourd’hui, c’est toujours de 45 à nos jours ! Si on continue comme ça, on va avoir des élèves qui passeront le Bac à 22 ans !

FP : Ca veut dire aussi que si on décloisonne les matières, il faut les décloisonner au moment de l’examen ! Au moment de la sanction par l’examen. Je pense aux consignes que les enseignants ont lors des corrections du Bac, en particulier en maths, c’est de ne pas faire attention aux fautes d’orthographe.

Interviewé : Oui, mais je trouve que ce n’est pas la conséquence la plus heureuse. C’est-à-dire que un enseignant… Moi je prends toujours un assez grand plaisir à entendre mes étudiants me dire à un moment : « Mais, Monsieur, vous êtes prof de quoi ? ». Parce qu’à un moment lors d’explications, on est parti sur des discussions de fond, sociologiques, économiques alors qu’au départ, je faisais un cours sur la Loi de Poisson (loi mathématiques). L’autre jour, je suis arrivé en classe derrière un collègue prof d’Histoire, au tableau, c’était des fonctions à double constante, et il a fait un cours de modélisation économique en lien avec son programme d’Histoire… Les étudiants étaient scotchés ! Encore une fois, ce qui est demandé aux enseignants, c’est de ne pas être polyvalent. Ca, je pense que c’est une grave erreur… Décloisonner, ça ne veut pas dire être polyvalent…

FP : Mais, c’est le raccourci qui est fait !

Interviewé : C’est le raccourci qui est fait. La polyvalence existe au lycée professionnel. Clairement. La bivalence existe au lycée professionnel. Au lycée général et technologique, on ne vous demande pas d’être polyvalent. J’ai presque envie de dire, c’est le contraire que l’on vous demande. On vous demande d’être expert dans votre matière. Mais, si vous êtes expert, allez jusqu’au bout, c’est-à-dire, soyez expert jusqu’au niveau ou vous êtes… Ce qui veut dire, vous avez assez de connaissances pour lâcher des choses qui ne servent à rien ou qui ne serviraient pas dans ce cas là, et allez jusqu’à épouser un nouveau domaine où vous allez forcément à un moment donné, lâcher la main… ce que veut dire d’ailleurs educare en latin : lâcher la main. Vous allez lâcher la main pour que votre collègue prenne le relai dans son domaine et aille à son tour épouser jusqu’à votre domaine… Non, ce n’est pas un monde idyllique. Moi, j’ai rencontré des profs qui étaient absolument arcboutés sur le fait que Pythagore fasse partie du bon sens commun et qu’on ne pouvait pas faire autrement… Bon ça ne me dérange pas ! Sauf que, Pythagore, il n’y est pour rien ! 2500 ans avant lui, les Babyloniens et les Chinois savaient le faire. Les égyptiens, les grecs aussi. Bref. Quand je lui ai dit ça, je crois que si je lui avais proposé un sachet de cocaïne, c’était moins grave ! Mais, est-ce que c’est ça le plus important ! Je vous laisse imaginer ce même prof avec un élève qui a 6 une interro sur ce théorème de Pythagore !… Quand vous avez assez de connaissance dans votre matière, ce genre de chose, vous laissez tomber. Moi j’ai des élèves qui ont Bac +4, Bac +5, qui suent sang et eau sur une équation du premier degré. Normalement, cela devrait me foutre hors de moi… Ils savent certainement faire autre chose, ce jour là, c’est mal tombé…

FP : Ils se sont plantés, ils se sont plantés. Ce n’est pas une fin en soi !

Interviewé : Voilà ! On s’en fout ! L’expertise vous ouvre forcément au reste. On ne peut être expert en Histoire sans avoir des connaissances en géographie, en politique, en sciences… Ce n’est pas possible… Devenez expert dans votre matière, mais tellement expert que vous allez vous ouvrir aux autres. Et c’est au bout de cette ouverture que, par capillarité, les choses vont avancer. Et que là, l’outil numérique, va pouvoir filer d’un bout à l’autre, parce qu’il n’y aura plus une application pour Monsieur Machin, une pour Madame Bidulle… Vous aurez quelque chose qui sera beaucoup plus transversal, avec des enseignants qui seront là beaucoup plus longtemps et les cours seront de moins en moins didactiques. Mais… l’autre raccourci, c’est de penser justement que le niveau va baisser.

FP : C’est une tendance en ce moment.

Interviewé : Oui, ce qui est une tendance, et c’est ce que moi j’essaie de combattre. Ils font baisser le niveau d’exigences. Et ça, moi, ça me révolte. L’exigence n’a pas à être baissée. Voilà. Maintenant, de quel niveau on parle ? Si… Moi, j’ai passé mon Bac en 1985, j’ai fait de 45 à nos jours et que l’élève de Terminale aujourd’hui, se tape toujours de 45 à nos jours… Ben, je suis désolé, est-ce que le niveau à baisser… Non, parce que l’élève de Terminale aujourd’hui, il a presque 20 ans d’Histoire en plus à connaître… Et moi de me dire : « Oui le niveau a baissé parce qu’il est incapable de me citer tous les dirigeants chinois qu’il y a eu depuis 45. Oui mais moi, je me suis arrêté en 85, après, il y en a eu d’autres. » Voyez, de quel niveau on parle ? Est-ce un niveau de connaissances, ou un niveau de compétences ? Prenez un gamin de 1920, il vous récitait parfaitement les règles de grammaire, il faisait pratiquement zéro fautes… Enfin !

FP : Cela revient à la question de départ, entre le savoir scolaire et le savoir. Le savoir n’est ni plus ni moins qu’une compétence.

Interviewé : Voilà. C’est tout ! Mais, par contre, que le niveau d’exigences baisse, je ne suis pas d’accord. Quand vous dites au Brevet, ou au Bac qu’on demande aux profs de ne pas tenir compte des fautes d’orthographe, là on se tire une balle dans le pied ! Ca rime à quoi ? Ca n’a pas de sens. Si vous faites ça, les enseignants se sentent dévaloriser, sentent que leur travail est dévalorisé… Alors après si vous arrivez avec une tablette numérique et que vous leur présentez… Vous n’avez pas d’échos ! Alors après, vous avez d’autres freins qui sont les jeunes eux-mêmes qui ont des centres d’intérêts, ils ont des moyens pour arriver à leurs centres d’intérêts qui sont différents. Comme nous qui ne passions rien à nos enseignants, aujourd’hui, un jeune qui est sur Facebook pendant le cours de Monsieur Machin, c’est ça manière de montrer que le cours ne l’intéresse pas. Sauf qu’aujourd’hui, quand un élève ne loupe pas un enseignant, il ne le loupe pas, méchamment. Ca fait le tour de la planète ! Voilà, les freins, ils sont de plein d’ordres. Mais le principal, à mon avis c’est le changement de posture que les enseignants doivent opérer en passant de celui qui sait à celui qui accompagne. Si on regarde, les élèves n’apprécient pas le prof qui se présente comme expert, non pas, parce qu’ils ne croient pas que ce prof soit expert, mais parce qu’ils ne croient pas en l’expert en général.

FP : Oui.

Interviewé : Vous savez, à Biarritz, tous les intervenants se sont tous présentés comme ne connaissant pas les tablettes 3 mois auparavant. Ils ont découvert cet outil au moment de préparer leur intervention. C’est toute la différence entre l’expert et l’amateur éclairé. Aujourd’hui, les jeunes préfèrent l’amateur éclairé à l’expert. La preuve, c’est Facebook : j’ai un problème ; je demande à mes potes. Je demande à mes amis…

FP : Oui, au sens « facebookien » du terme !

Interviewé : Exactement ! Un contact. Je demande à un de mes contacts.

FP : C’est vrai, avec les élèves, cela passe toujours mieux lorsque c’est dit par un pair que par quelqu’un qui représente une « autorité ».

Interviewé : Même si le pair prend ses précautions… C’est la fameuse expression : « Moi, je dis ça, je dis rien ! ». Et on sait bien que le jeune clique et teste ! C’est la même chose pour les enseignants. On revient à l’amateur éclairé qui explique à ses collègues et qui montre ses réalisations grâce aux nouvelles technologies. De là à fournir des IPad 2 à tous les enseignants… Si vous demandez aux enseignants s’ils ont besoin d’un IPad 2, tout le monde va vous dire oui… Si vous demandez si ces mêmes enseignants sont prêts à passer leur été à refaire leur cours parce qu’à la rentrée, ils devront faire cours à des élèves équipés… La réponse ne sera probablement pas la même. De toute façon, c’est l’avenir ! Mais, la tablette, son inconvénient, c’est qu’elle ne fait pas téléphone… Donc, la tablette restera dans le cartable et fonctionnera en Bluetooth avec une oreillette. Le problème c’est que, lorsque le téléphone sonne, vous aimez bien savoir qui c’est… Mais vous n’allez pas sortir votre tablette pour savoir qui c’est ! Donc, ils ont sorti une montre qui fonctionne en Bluetooth, sur laquelle s’affichera le nom de la personne qui téléphone. Dans les dix prochaines années, le chantier, c’est la reconnaissance vocale… Le papier sera réservé à une élite ! Le seul objet qui n’a pas changé dans un ordinateur, c’est le clavier, parce qu’il ne peut pas changer ! C’est l’aboutissement suprême ! Vous appuyez, ça arrive ! La phase d’après, c’est la reconnaissance vocale… Puis la reconnaissance rétinienne… Le 21ème siècle sera le siècle de la RECONNAISSANCE ! C’est la reconnaissance, qu’elle est ma place ? Est-ce que je suis à ma place ? La boucle est bouclée. J’ai été un bon élève, je sais ce qu’est un bon prof, est-ce que je suis devenu un bon prof ? Visiblement non, ça bloque, qu’est-ce qui ne colle pas ? Qu’est-ce que je dois faire pour m’adapter ? Ca donne de belles choses quand les gens sont capables d’adaptation !

FP : Je vous remercie.

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