Entretien mené avec Laura Martinez le 15 janvier 2011
Profil
22 ans
Etudiante en Master de management de la culture
Grande consommatrice d’internet
Consommatrice de documentaires (mais pas nécessairement historiques). Le mode de consommation majeur : le replay (notamment sur le site Arte +7)
Observation : (webdoc La nuit oubliée)
Durant quelques minutes (2 à 3 min), elle prend connaissance de l’objet (webdoc La nuit oubliée). A la suite de cette première phase d’observation, elle lance la lecture de la vidéo d’introduction. Ensuite elle clique sur ”entrer dans la manifestation. Elle ferme rapidement l’encadré de présentation et lance une vidéo (choisie au hasard sur la partie gauche de l’écran). Il s’agit du témoignage de Catherine Levy. Le vidéo n’est pas visionnée jusqu’à son terme (lecture de la moitié) puis elle lance la lecture du témoignage suivant. Nous pouvons constater un moment d’hésitation avant de lancer la lecture qui est interrompue rapidement. Elle clique sur une autre vidéo sans toutefois la visionner. Ainsi l’intérêt et la patience de l’individu ont diminué progressivement et s’incarne dans des actions précises : la lecture ou le rejet de la vidéo.
En cliquant sur ”poursuivre vers les coulisses”, un encadré d’explication apparaît. Elle prend le temps de lire le texte puis ferme la fenêtre. L’internaute se situe désormais dans le deuxième chapitre de la vidéo. Elle clique sur les différents portraits situés sur la gauche sans lancer la lecture des vidéos. Après un temps d’attente, elle s’arrête sur le portrait de Maurice Papon. Elle lit rapidement le texte de présentation puis se dirige vers l’onglet au bas droit de la page ”Un jour dans la guerre d’Algérie” qui la dirige vers le chapitre suivant. Elle lit attentivement l’encadré. Laura ne cliquera que sur une date de la frise avant de se diriger vers le chapitre ”se souvenir” (via l’onglet situé au haut de la page). Après avoir lancé la vidéo ”fouiller le passer-retrouver les traces”, elle quitte la page.
Entretien observatoire
Une première réaction à chaud ?
C’est bien fait d’un point de vue esthétique. Les vidéos sont bien travaillées et j’aime bien cet aspect. Par contre, je considère que nous lancer dans les témoignages sans présenter le contexte est une erreur. D’autant plus que je n’ai pas envie de regarder tous les témoignages qui sont lents. Pourtant le déroulement n’est pas mal du tout. La vidéo d’introduction donne envie de poursuivre mais l’ordre des chapitres est mal pensé. C’est mal organisé.
Les références historiques ne surviennent qu’au bout du troisième chapitre. C’est au début qu’il faut mettre les dates si on veut comprendre. Je pense aussi que le système de choix des dates n’est pas génial. Il ne faut pas nous laisser le choix. Par logique, on regarde chronologiquement mais la frise et la mise en page ne donnent pas trop envie de regarder. En conclusion, le côté ludique est très attractif mais c’est mal organisé. Du coup je n’ai pas tout regardé. Bien qu’ils donnent un chemin à suivre et que je sachent où cliquer, je ne pense pas que l’ordre soit le bon.
Je préfère un documentaire télé parce que là, c’est trop fragmenté. Dans les documentaires télévisés, il y a une meilleur construction. On comprend mieux car c’est plus homogène. Avec le webdoc, c’est très éparpillé.
D’ailleurs, j’ai peu retenu de choses notamment parce que les témoins font références à des choses qu’on ne connait pas nécessairement.
Observation (webdoc 17.10.61)
Elle lance la vidéo d’introduction puis vérifie à l’aide du curseur la durée de la vidéo. Lorsqu’elle en est informée, elle interrompt la lecture et clique sur ”entrer”.
Une fois sur la page principale, elle glisse son curseur sur quelques points (3) de la carte puis sur les visages, un à un. L’individu prend ainsi la mesure du dispositif. Après cette première phase d’observation, elle lance la lecture du témoignage de Leila en cliquant sur son portrait. (la vidéo se lit automatiquement). Après trois minutes de lecture, Laura avance la vidéo (deux minutes avant la fin).
Lorsqu’elle a fini de visionner ce premier témoignage, elle clique sur l’un des points (en l’occurrence le deuxième) de la frise chronologique au bas du témoignage.
différents documents défilent à l’horizontal. « D’accord, je viens de comprendre la principe ». Ce genre de remarque au cours des entretiens ne sont ni rares ni anodines. Elles témoignent simplement que les manipulations de certains webdocs historiques nécessitent un véritable apprentissage. Elle lance la vidéo ”Salah”. Après avoir hésité d’avancer la vidéo, elle finit par l’interrompre au bout de trois minutes de lecture. Elle continue à faire défiler les documents puis retourne à la carte. Elle fait glisser son curseur sur les différents personnages sans cliquer avant de fermer le web-documentaire.
Entretien post observatoire :
Réaction ?
Ils considèrent qu’on connait l’histoire. On arrive sur une carte avec une femme mais on ne sait pas ce qu’il se passe. Il n’y a aucune mise en bouche historique.
J’ai éprouvé quelques difficultés à comprendre le principe. Je pensais qu’on allait voir les personnages à la suite. J’ai déchanté.
Apparemment ce sont des personnages réels mais avons-nous besoin de connaître toute leur vie ? Je trouve ça un peu trop sentimental. Par ailleurs, reconnaître les acteurs, c’est un peu bizarre, ça décriminalise un peu. Le fait de les reconnaître crée un mélange d’histoire et de fiction. Pour le coup d’est dérangeant. Mais j’aime bien le principe de lecture : un acteur qui raconte avec des images d’archive.
Avez vous l’impression d’être guidée ?
Je n’ai pas du tout ressenti cela. D’ailleurs, ça gène énormément surtout parce que je ne sais ce que c’est, je ne sais pas quoi cliquer. Tout n’est pas forcément essentiel et je finis par être perdue. La lecture n’est pas fluide et il n’y a rien qui nous appelle en premier. C’est pour cela que j’ai tout regardé d’abord pour comprendre.
Qu’est ce qui a guidé votre premier choix alors ?
J’ai choisi le personnage parce que c’était le premier et je pensais qu’il y aurait un ordre alors que j’ai constaté que non. Lorsque j’ai regardé les annexes, il y avait pas de conteste. La femme parlait comme si on arrivait au milieu de la discussion et on ne voit pas le lien avec le témoignage de Leila.
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