Entretien-observation – Anne-Marie
Connaissez-vous le web-documentaire ?
Non, tout ce qu’est web, je ne connais pas.
Avez vous une idée de ce que peut être le web-documentaire ?
Ça permet d’aller sur plusieurs documents différents. On peut en voir davantage et les choisir. Il y a peut être plus d’informations et on peut s’orienter vers autre chose, aller plus loin dans la recherche.
A quelle fréquence regardez vous les documentaires historiques ?
Je regarde peu de documentaires historiques à la télévision. Je préfère les documentaires de société.
OBSERVATION
:
Après une petite minute d’attente, elle commence la lecture en mettant en plein écran. Ensuite, elle lit attentivement le texte. La position du corps est une position d’observation inactive puisque les mains ne sont ni sur le clavier, ni sur la souris.
Ensuite, il y a prise en main de la souris. Elle déplace le curseur sur l’image de la photo mais le clic ne fonctionne pas. Ainsi elle descende vers le bas. On assiste donc à une première difficulté dans le parcours de lecture.
L’individu dirige par la suite la souris vers le texte qui accompagne la vidéo. Une nouvelle fois, il y a lecture de manière attentive de la vidéo. Puis elle clique sur une autre vidéo Il s’agit de la vidéo qui s’affiche directement après la vidéo d’introduction. Cette vidéo apparaît au centre de la fenêtre.
En réalité, la vidéo est un lien vers la plateforme Dailymotion sur laquelle sont abritées les vidéos (ou certaines) du web-documentaire. Elle écoute attentivement le témoignage de Khaled Benaissa. Elle soutient son visage avec sa main. Une telle position est à la fois passive (physiquement) et active (intellectuellement). « Mais c’est dégueulasse, c’est comme les Allemands. » Il s’agit de la première réaction spontanée de la personne observée. Elle réagit par rapport à ce que dit le témoin. Elle est donc bien au cœur du web-documentaire puisque sa remarque porte essentiellement sur le contenu.
Une fois la lecture achevée (lecture jusqu’au bout), elle clique sur la personne qui intervient au centre, celle du témoignage de Catherine Levy. C’est une proposition de lecture faite par Dailymotion à l’internaute. Néanmoins, nous nous situons ici à l’extérieur du web-documentaire. En cela réside la seconde difficulté de lecture car nous demandons à la personne observée si elle sait et peut revenir sur l’espace précédent. Son incapacité à retourner sur le web-documentaire nous incite à intervenir dans le parcours de lecture. Cette intervention souligne l’importance de la distinction entre l’espace du web-documentaire et les espaces attenants. Ces espaces se démultiplient puisque nous naviguons sur internet. Cela est d’autant plus dangereux que les internautes sont labiles et que les moins aguerris se laissent porter par le le flux (notamment lorsque l’on propose des vidéos : réflexe télévisé).
Une fois retournée sur le site du web-documentaire (on précise que sans notre intervention elle aurait poursuivi la lecture sur Dailymotion. Ainsi le webdoc n’aurait pas été visionné.), elle se dirige vers ”entrer dans la manifestation”. Elle lit le texte puis veut savoir comment le faire disparaître. Il s’agit de la troisième difficulté de lecture et de notre seconde intervention. Cela témoigne d’une absence de connaissance de certains codes de la navigation internet. Nous lui indiquons qu’il faut fermer le texte en cliquant sur la croix située dans le coin droit du cadre.
Elle lance la lecture du témoin suivant. « J’aime bien ces témoignages ». Ensuite elle lit les autres témoignages dans l’ordre supposé par le web-documentaire. Il n’y a donc pas de véritable rupture de l’ordre présupposé par l’organisation du contenu.
Au cours des lectures des vidéos, la position est semblable à chaque fois : elle ne touche pas l’ordinateur, les mains posées sur la table, le regard figé sur l’écran. L’attention est complète. C’est d’ailleurs dans ces moments que les réactions spontanées surgissent : « C’est bien filmé. Ce sont des témoignages pénétrants. Très pudiques mais très forts. »
Elle regarde l’ensemble des vidéos de la première partie du web-documentaire. A la fin de la dernière vidéo, elle fait glisser le curseur sur la page en cherchant d’autres vidéos. « C’est fini là ? ». Une fois qu’elle s’est aperçu qu’il n’y avait plus de vidéos disponibles, elle clique sur ”en coulisses” c’est-à dire le deuxième chapitre. Elle entre dans ce chapitre par l’onglet situé en bas à droite : c’est la linéarité qui prend le dessus. Elle lit le texte de présentation attentivement puis ferme la fenêtre pour accéder au deuxième chapitre.
Elle commence la lecture du texte de présentation de la vidéo (la première qui apparaît). Néanmoins le texte est tronqué. « Dommage, il est bien fait ce truc quand même ». Il suffisait de jouer sur la taille d’affichage de la page pour pouvoir lire le texte de présentation. Cela demande donc un réflexe de manipulation que seuls les initiés peuvent faire. D’autant plus que l’individu est entré dans une lecture dite ”plein écran” et que cet ajustement nécessaire est surprenant. La personne observée lance la lecture de l’ensemble des vidéos du deuxième chapitre du web-documentaire. Puis elle se dirige vers le chapitre 3. Pour cela elle clique sur l’onglet situé en bas à droite de la page.
Lorsqu’elle veut lancer la vidéo, l’opération ne fonctionne pas. Il s’agit d’une vidéo de l’INA dont l’url est désormais introuvable. Une telle situation a déjà été soulignée au cours des analyses de web-documentaire. Il s’agit d’un véritable cul de sac face auquel l’internaute est régulièrement confronté lorsque le web-documentaire utilise des vidéos d’autres plateformes. Un tel souci technique entraîne une rupture du parcours de lecture de l’internaute. La réaction de l’individu est assez significative de cette rupture puisqu’elle s’arrête quelques secondes et tente de relancer la vidéo. Après ce premier essai peu concluant, elle déplace le curseur sur la frise. C’est la première fois que l’individu s’inscrit dans une démarche de découverte. « Là tu peux avoir des infos aussi. »
Elle clique sur chaque élément cliquable et lit les textes puisque les vidéos ne sont pas accessibles. Elle lira ensuite l’ensemble des documents du dernier chapitre. Et notamment les documents accessibles par les trois icônes placés à droite de la page.
Entretien post-observation
Vous avez lu l’ensemble des vidéos et des textes, pour quelles raisons ?
C’était très intéressant. Là où je peux voir, là où il y aura la main, j’y vais.
Cela ne vous semble pas un peu long tout ça ?
C’est vrai que c’est super long mais en même temps les vidéos vont toujours à l’essentiel. Il y a une grande masse d’informations concentrées.
Quel est votre sentiment après la lecture de ce web-documentaire ?
C’est très bien fait, bien informé. L’ensemble des vidéos sont prenantes.
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