Besoin de mettre à distance l’enseignement : implémentation de dispositifs hybrides
– Le Laboratoire multimédia
Le laboratoire multimédia du siège havanais de l’Alliance a ouvert en septembre 2006 et est équipé depuis de 16 postes reliés en réseau local, ayant tous une carte son, des écouteurs et un micro. Son installation a été à la charge de Leonardo Vinajeras, professeur de l’AFH qui avait suivi un stage sur le multimédia et la gestion d’un laboratoire de langue au CAVILAM de Vichy, en 2006. En 2007, une nouvelle tutrice (Raquel Pollo), après une formation au CLA de Besançon, axés fondamentalement sur la FOAD, le tutorat et l’élaboration de tâches collaboratives sur Internet, a donné une approche beaucoup plus actionnelle au parcours pédagogique qui se concevrait au laboratoire. Les parcours, appuyés sur des sites Web libres téléchargés, d’autres aspirés et des logiciels installés localement, ont été conçus pour complémenter le travail dans la salle de classe avec la méthode Tout va bien ! La connexion à Internet à partir de ces postes, disponible seulement une année plus tard, est encore aujourd’hui limitée aux professeurs et accessible hors de moments de cours. La bande passante est encore très faible de nos jours à Cuba, et le débit de connexion téléphonique de 56 Ko/s en est le symptôme le plus tangible. Bien évidemment, tout ceci a conditionné les choix faits par les deux tuteurs du laboratoire au moment de la conception de parcours d’apprentissage (fiches pédagogiques et feuilles de route).
Le nombre de fiches pédagogiques créées (presque 50 du A1 au C1) pour les niveaux préparant le DELF A1, A2 et B1, permettraient théoriquement de mettre en place du présentiel allégé. En effet, des séries de cours en présentiel pourraient être totalement remplacées par des séances de travail en autoformation dans cet espace multimédia(1). Or, c’est loin d’être le cas : les professeurs y emmènent leurs groupes surtout pour systématiser un contenu de langue déjà abordé en classe et parce que l’institution a établi un seuil minimum de passage au laboratoire d’une fois toutes les deux unités de la méthode (à peu près, trois fois dans l’année). Les tuteurs ont également remarqué qu’un grand nombre d’enseignants ne se servent pas des feuilles de route (parcours pédagogiques balisés) disponibles, mais se limitent à dire aux apprenants de naviguer arbitrairement sur tel ou tel site ou logiciel. La plupart de professeurs ne consultent pas les catalogues, guide précieux pour l’utilisation des fiches pédagogiques et des feuilles de routes, référant efficace pour connaître la correspondance exacte entre les feuilles de routes et les contenus/ leçons de la méthode Tout Va Bien ! Ces dysfonctionnements pourraient répondre à un ensemble de facteurs : la conception erronée des TICE selon laquelle il n’y aurait pas besoin de médiation humaine, la fausse croyance que le travail au laboratoire ne peut pas remplacer ponctuellement des cours conventionnels, la peur des professeurs de se retrouver face à des étudiants plus forts qu’eux en informatique, la méconnaissance du travail de balisage fait par les tuteurs : la correspondance des feuilles de route avec la progression pédagogique de la méthode Tout Va Bien, la dégradation des conditions techniques du laboratoire depuis son ouverture, le manque d’un travail de promotion et visualisation du laboratoire de ses ressources et de la labeur des tuteurs, la contrainte de fréquence introduite par la direction mais non justifiée pédagogiquement, etc.
Cette dernière hypothèse constitue le symptôme d’un phénomène qui n’est pas privatif au laboratoire, mais qui reflète une position couramment adoptée par la direction face aux TICE. En effet, on a souvent l’impression que l’effort de renouvellement des ressources et outils réalisés par l’institution manque de la mise en place de mécanismes d’appropriation concrets et d’indications méthodologiques précises et encore moins d’un suivi adéquat après l’implantation de l’outil en question. Ceci se traduit chez les professeurs par un sentiment d’incapacité à appréhender les nouveaux outils mis à leur disposition.
1 L’auteure de ce mémoire de Master 1 est une tutrice du laboratoire multimédia de l’AFH, et conceptrice de fiches pédagogiques et feuilles de route.