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Annexe 6 K : Entretien E12

Non classé

Vendredi 19 Avril 2013 1 15h45
École Willingdon

A : Enquêteur
C : Madame T

1 A : J’aimerais d’abord commencer par votre propre parcours. Donc… la première chose que j’aimerais savoir, c’est… si ça fait longtemps que vous êtes ici à Montréal.

2 C : A Montréal, j’étais née ici. Je viens de Montréal-Nord. Et… je suis allée à Ottawa pour faire mes…mon doctorat. Mon mari vient d’Ottawa. Et nous sommes ici… ça fait 11 ans, maintenant, à NDG253.

3 A : Oui. Et… donc vous venez de Montréal-Nord, votre mari vient d’Ottawa. Donc, votre mari, il serait anglophone.

4 C : Il est anglophone, oui.

5 A : Anglophone, d’accord. Et vous, vous êtes francophone ?

6 C : Je suis allophone.

7 A : Vous êtes allophone. Vous venez d’où alors ?

8 C : Mes parents sont Italiens. Alors, on parlait italien chez nous. Le quartier, c’était francophone. Et mon école et mes amis étaient anglais. Oui.

9 A : D’accord. Et… vous êtes née ici ?

10 C : Oui.

11 A : D’accord. Et vos parents sont venus d’Italie pour quelles raisons finalement ?

12 C : … Ils étaient pauvres. Pour le travail, c’est ça.

13 A : D’accord. C’est vraiment les raisons professionnelles.

14 C : Oui, oui.

15 A : D’accord. Et, ils sont arrivés, oui c’est ça, pendant, j’imagine, au début de leur carrière professionnelle.

16 C : Oh oui, mon père, il… ils avaient pas une carrière, alors c’était des… factory.workers254. Alors… Mais ils sont venus ici, je pense, l’année 60 ? 61, 62, ils sont venus ici. Alors… ma mère faisait des vêtements, des….seamstress255 ? Et mon père n’avait pas une… une profession, mais il est allé à l’école pour faire machiniste. Et il a travaillé dans cette… dans cette… chose.

17 A : Dans cette usine… C’est ça. C’est… machiniste, oui machiniste, d’accord.

18 C : C’est ça. Ouais , ouais.

19 A : Donc, vous me disiez, vous parliez italien à la maison.

20 C : Oui.

21 A : Et… donc on peut dire que votre langue première, ce serait l’italien.

22 C : Oui.

23 A : D’accord. Donc, langue seconde, l’anglais.

24 C : Oui.

25 A : Et le français en troisième.

26 C : Oui, c’est ça.

27 A : Vous parlez d’autres langues encore ?

28 C : Non, non.

29 A : D’accord. Et… quand vous étiez donc à l’école en anglais, vous aviez des cours de français ?

30 C : Oui. Oui, mais pas… comme une heure chaque journée. C’était rien, c’était rien.

31 A : Et cette heure de français par jour, même si c’était pas beaucoup, comment vous la viviez ? Est-ce que c’était facile pour vous ?

32 C : Non. Non. Pas du tout. C’était seulement une heure durant la journée. Et… je trouvais ça très dur apprendre le français, parce que j’avais pas l’opportunité pour pratiquer dehors cette heure. Parce que mes amis étaient anglais. On parlait pas trop avec… nos voisins francophones, mais… il y avait beaucoup de tension en ce temps-là entre le… les Français, les Italiens, les immigrants, tout ça, alors… y avait beaucoup de chicanes avec les autres enfants… français. On avait des amis, mais beaucoup en français. Mais tous mes amis, ils étaient à l’école. Ils étaient… La plupart étaient Italiens, allophones comme moi… Et on parlait anglais…

33 A : D’accord. Et la… vous dites, il y avait une tension avec… on va dire la communauté francophone qui était…

34 C : Oui.

35 A : Comment vous les voyiez à cette époqueAlà les francophones ?

36 C : Ah… Comme j’ai dit, il y avait beaucoup des chicanes avec… les autres enfants et… you.know256, on parlait, on disait des choses comme… french.frogs257, petite chose comme ça, parce que c’était pas une… une entente très bien, il y avait… j’pense il y avait pas le P-258 dans ce temps-là, mais c’était pas… c’était pas agréable. Non. On avait alors the. two. solitudes259. On dit ça de l’anglais-français. Mais aussi, avec la communauté immigrante, dans le quartier Montréal-Nord, il y avait pas beaucoup d’interactions entre les Français et les Italiens. C’est… c’est étrange parce que, comme langue, comme coutume, il y a les choses plus… similaires entre les deux communautés, pas l’anglais, mais… mais… non. Oui.

37 A : Donc, oui, french.frog, c’est ça ?

38 C : French yeah : “You’re.a.french.frog. .You’re.wapp. 260.(?). ”

39 A : Wapp, c’est quoi ?

40 C : Wapp, c’est… c’est un mot pour les Italiens without.a.passport261.

41 A : Ah D’accord.

42 C : WAAAPAP (en épelant le mot).

43 A : Donc c’est les Italiens qui disaient ça des Français ?

44 C : Non. Les Français disaient ça de nous, que vous êtes des wapp, vous êtes des immigrants, tu viens ici pour prendre notre travail…

45 A : Mais pourquoi french.frog alors ?

46 C : J’sais pas c’est où ça

47 A : Pourtant, french.frog, on parle des Français là, non ? Les grenouilles françaises.

48 C : Oui oui oui oui I.dont’.know262, mais ça c’était, je sais pas où je l’ai appris, mais c’était : “Ah You.a.french. frog “. On parlait en anglais, ils parlaient en français. Y avait une autre… école : Henri Bourassa, à Montréal-Nord. C’est une école tough263. Et… il y avait beaucoup de… b-t-illes entre Lester B Pearson, qui était une école avec les Italiens, mais anglophone, contre Henri Bourrassa… Alors, c’est… c’est pas la même chose maintenant, parce que… je connais mes voisins. Nous sommes… you.know, bien maintenant. Mais, à ce temps-là, il y avait, j’sais pas si c’était dans… dans mon imagination, mais il y avait beaucoup de tension.

49 A : D’accord. Donc, c’est ça, vous parliez donc italien à la maison, vous étiez à l’école en anglais, mais vous étiez entre Italiens quand même, c’est ça ?

50 C : Oui.

51 A : Et entre vous, vous parliez anglais ou italien ?

52 C : Anglais. Anglais.

53 A : Anglais. Et…

54 C : Mais comme mon mari dit, c’est un anglais montréalais… parce qu’il vient d’Ottawa. Alors quand il m’entend parler en anglais… et quand quelquefois Sarah264 et Thomas disent quelque chose… comme il dit : “Ça, c’est pas un bon mot. C’est pas… C’est franglais, ou c’est… tu mets de l’italien dans… C’est pas le propre anglais”. Parce que sa mère, elle vient d’Angleterre, et… il dit pas… c’est pas quelque chose mauvais, mais y dit que c’est quelque chose comme les Italiens, les Grecs, ils ont une… un accent quand on parle anglais… que ça vient de ce quartier-là.

55 A : Ah, OK. C’est amusant qu’il dise ça, parce que… qu’est-ce que vous pensez, vous, par exemple du français qui est parlé ici au Québec, par rapport au français standard ?

56 C : Comme vous, le français standard ? Mais… je trouve toujours ce français plus beau, alors… Mais mon mari, c’est la même chose, quand y parle, il parle très bien le français. Je sais pas si l’école, à Ottawa, ils ont… il a eu un très bon programme de… de français. Et… il aime… il parle pas comme vous, mais… propre, et quand il sent le… le français québécois… comme… (grimace), c’est… Alors, c’est québécois, c’est une langue comme une autre, c’est pas le propre français, mais je crois pas dans le propre français. quand je parle italien, je parle pas le propre italien aussi, je parle italien de ma grand-mère, du sud, tout ça, alors… Alors… Mais je veux que… la chose pour… pour moi et pour… et plus pour mon mari, c’est que Sarah apprend le français propre. Le français standard, c’est ça.

57 A : Ah d’accord. Et… qu’est-ce que j’allais vous dire… Parce que, aujourd’hui, maintenant… bon, vous êtes née… donc presque à Montréal, c’est ça ?

58 C : Montréal-Nord, c’est sur l’ile, mais c’est est, est et nord.

59 A : Et comment vous vivez aujourd’hui… à Montréal ? Est-ce que vous aimez la ville déjà ? La ville de Montréal.

60 C : Si j’aime la ville de Montréal ? Ah oui… Je suis… Dans mon identity265, mon identité, je suis Montréalaise, premièrement. Pas Québécoise… Italienne, deuxième ou… Canadienne, deuxième, Italienne, troisième, québécois, quatrième. Pour moi, bah, pour moi, je suis Montréalaise. C’est ça mon… ma chose.

61 A : Et pourquoi… d’abord ça ?

62 C : Parce que c’est… c’est mixte, c’est pas, c’est pas vraiment… québécois. C’est une… une ville d’immigrant, et on a comme un accent montréalais aussi. Mon mari dit : “Alors c’est quelque chose quand je pense à Montréal, je pense… you know, (?), (?), tous les… Alors, ils sont anglophones, mais ils viennent de Montréal”. On a une… une ville très riche pour la littérature anglaise, canadienne ici. Alors, je trouve qu’il y a une place pour moi, pour ma communauté dans Montréal.

63 A : Et, quand vous dites votre communauté, c’est à dire, cette communauté anglophone ?

64 C : … Pour moi, c’est Montréal, mais… oui, c’est Montréal, mais… je peux aller… toute la journée sans parler en français. C’est ça et c’est dommage, mais… j’essaie plus que je suis… Avant c’était pas le problème. J’avais pas de problème de parler seulement en anglais. Maintenant, je me trouve… très timide… très… Je regrette de ne pas parler… un propre français.

65 A : Ah oui ?

66 C : Oui…

67 A : Et… oui, vous disiez, pour parler en anglais, c’est de plus en plus dur ? Non, c’est…

68 C : Non, non, c’est facile. Je peux aller tout… Toute la journée, je peux anglais, pas de problème. Je travaille à Concordia266. La langue c’est en français, t’sais comme… ah non, pas français, c’est en anglais. J’enseigne en anglais. Il y a pas de problème.

69 A : Votre milieu professionnel est en anglais.

70 C : C’est tout en anglais. Et quand je parle avec mes amis, mes collègues qui enseignent à l’Université d’Ottawa, c’est bilingue. Et la politique linguistique dans cette université, c’est très grand. Et ça, j’ai pas de problème avec ça…

71 A : C’est bilingue, contrairement à Concordia où c’est pas bilingue.

72 C : Non, en anglais.

73 A : Ah, c’est étonnant que… ah ouais. Et… vous disiez, oui, vous avez pas l’occasion de parler souvent français finalement ?

74 C : Non.

75 A : Et c’est dommage vous me dites.

76 C : Oui. Oui oui. Et c’est dommage, parce que je veux… parce que j’aimerais avoir plus de facilité de parler en français. J’aimerais… avec Sarah, avec ses devoirs, j’aimerais l’aider à faire ça. C’est mon mari qui… qui aide plutôt que moi.

77 A : C’est votre niveau, vous parlez de votre niveau de français.

78 C : Oui, c’est ça. Oui oui.

79 A : Mais pas… mais pas dans votre vie sociale, est-ce que vous parlez français quelquefois ?

80 C : Pas trop non. Non. Mais je veux

81 A : Vous aimeriez.

82 C : Oui. Oui.

83 A : Pour améliorer.

84 C : Pour améliorer, et aussi pour… être pas le typique anglophone… Je me trouve pas une typique anglophone. Je me trouve… dans ma mentalité, je suis allophone. Alors il y a une très… C’est seulement ici à Québec qu’on a anglophone, francophone et cet allophone. Politiquement, c’est très intéressant que ça vienne comme ça, mais… mais je veux… je veux mieux m’intégrer dans… la société Québécoise, parce que c’est important pour mes enfants. C’est un problème aussi, parce que je veux pas que mes enfants aillent en Ontario…

85 A : Pourquoi ?

86 C : Parce que… je veux qu’y soient bien intégrés. C’est ça une raison que je voulais peut-être le mettre dans l’école en français. Parce que je voulais qu’il ait des amis en français… qu’il appartienne à une culture, une communauté française et tout ça, mais… on a décidé de la mettre ici.

87 A : Ah ouais. Et… c’est ça, au début, vous auriez préféré la mettre dans une école francophone ?

88 C : Ouais. Ouais.

89 A : Et… alors qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

90 C : … Ça c’était près de (rire) notre maison, on habite sur Hampton267… Et, une autre chose… On voulait que l’anglais, c’était important aussi parce que, je veux pas qu’elle aille en Ontario, mais, si elle a la possibilité d’aller à l’Université de Toronto… Elle a plus d’opportunité. Et aussi, comme j’enseigne l’université, je vois l’écriture des étudiants… c’est très mauvais Ils savent pas comme écrire, comme des essais268, des papiers de recherche.

91 A : En anglais.

92 C : En anglais En anglais. C’est… J’sais pas en français, mais en anglais, y sont très mauvais, alors… Je voulais pas qu’elle… Je voulais que l’écriture en anglais soit… (en frappant la table), était bien… Oralement, je voulais qu’elle soit intégrée dans une communauté… française. D’apprendre le français. Mais, pour écrire, je voulais que… elle sache très bien en anglais.

93 A : Et… dans les écoles francophones, ils enseignent l’anglais aussi ?

94 C : Je pense, mais c’est seulement une heure. Et je pense c’était pas mauvais. Et aussi, je… On a des étudiants francophones… A Concordia, il y a comme 25% des personnes aussi très… beaucoup des… des étudiants qui viennent de France, de la France, qui vient à Concordia. Et… l’écriture en anglais, c’est… pas… c’est pas bon. Non. Non…

95 A : Ah d’accord. Donc, vous aimeriez que votre fille, elle puisse aller… enfin avoir un bon niveau en anglais, et puis, en même temps, en français, de pouvoir se débrouiller.

96 C : Oui. C’est ça.

97 A : Et vous pensez qu’en immersion, elle trouvera ça ?

98 C : J’espère J’sais pas, parce que… quand je l’ai mis ici, il y avait une… c’était le temps dans les… les journaux, ils parlaient de la… l’immersion… ils disaient que l’immersion, c’était pas assez.

99 A : Pas assez ?

100 C : D’apprendre une autre langue, alors… C’était une très grande chose dans La Gazette269… qui disait ça. Alors, c’est ça qu’on a dit : OK, peut-être on veut la mettre dans… dans une école francophone. Mais… après on a décidé… C’était pas une décision… très… actée, parce que mon mari a dit : “Oh, je vais aller l’enregistrer à NDG270 » J’ai dit : “Oh, OK, tu vas faire ça. Je vais la mettre ici. On va voir. » Mais, il a oublié de faire ça, alors (rire)… On est ici, mais… j’étais contente parce que je connais des personnes qui ont 30 ans, 35 ans, qui sont venues ici. Ils parlent… assez bien… le français. Avec un accent, mais… oui. Oui.

101 A : D’accord. Donc ce qui vous a décidé le plus entre l’école francophone de l’immersion ici, c’est vraiment… votre inquiétude de l’anglais.

102 C : L’écriture.

103 A : De l’écriture en anglais.

104 C : Oui c’est ça. C’est ça… Pour moi, dans mon métier, c’est la chose, puis c’est important. Et… je voulais que Sarah apprenne parler en français, d’être confortable, d’avoir du vocabulaire… Mais… la culture, je voulais qu’elle ait une bonne fondation…

105 A : Oui, c’est ça. Parce que vous savez ici… Vous saviez qu’en la mettant ici, à un moment donné, ils allaient être dans un programme, on va dire, bilingue finalement.

106 C : Oui. En 4ème… oui, en 3ème année. Ouais, ouais. Oui… (rire)…

107 A : Alors… Là, on a parlé un petit peu de l’immersion. On va revenir dessus, mais… pour terminer sur les langues, est-ce que vous pourriez me dire 1 mot, même 2 si possible, qui représenteraient pour vous l’anglais ?… Comme ça, qui vous viennent en tête. Adjectifs ou…

108 C : Anglais ?

109 A : L’anglais…

110 C : A parler anglais ou seulement anglais ?

111 A : La langue.

112 C : La langue anglaise… I.don’t.know. … anglais… Global, universel…. Métier, comme… business271.

113 A : Et alors en français, qu’est-ce que vous diriez ?

114 C : Culture, littérature, romantique… (rire) Ah oui oui. No.practical. 272

115 A : D’accord… Oui… En tout cas, par rapport à votre propre scolarité, le français c’était difficile, vous m’aviez dit.

116 C : Oui… (soupir) J’ai beaucoup des amis qui apprennent la langue très facilement… Même mes amis qui sont allés à la même… Et ma sœur aussi, elle est plus… plus vieille, mais elle est vraiment bilingue. Son italien est mieux que le mien. Et… mais je pense qu’il y a des enfants qu’ils sont plus portés à apprendre la langue que les autres. Pour moi, c’était toujours difficile. Ouaip ouais… Même l’italien. Un moment, je me rappelle, quand j’avais 5 ou 6 ans, que je… j’ai demandé à ma sœur de traduire entre ma mère et moi, anglais et italien, parce que… j’étais pire… j’voulais pas… quand j’entendais français,.it’s.like.a.tune.out273. Oui…

117 A : Est-ce que vous savez de quoi ça peut venir cette difficulté que vous pensez avoir sur l’apprentissage de la langue ?

118 C : … Exposure274. J’avais pas l’opportunité, j’étais pire… Je n’étais pas forcée d’apprendre cette langue… Génée, j’’étais tellement gênée, alors… si je peux pas parler parfaitement, j’vais pas parler. Mais maintenant, j’ai décidé… Je fais beaucoup des erreurs, mais… je… je veux essayer.

119 A : Pour vous, le français, par exemple, c’est une langue qui faut bien parler.

120 C : Oui. Oh oui. Oh oui.

121 A : C’est ça. C’est l’impression que vous me donnez.

122 C : Anglais, on peut toujours débrouiller, c’est ça … Mais, en français, si tu le parles pas très bien, c’est… it.dœsn’t….sound.very.nice275 …

123 A : Pourtant à la limite, c’est deux langues… C’est une langue comme une autre, à la limite ?

124 C : Mais c’est plus difficile à apprendre. Oui. C’est plus exact. Y a beaucoup de règles. C’est ça l’image ou, l’impression que… que j’ai, que… Il y a beaucoup de règles, beaucoup de rules. to. follow..Very. strict. 276 L’anglais, tu peux… comme il y a le franglais maintenant, ou… l’anglais quand je parle avec mes amis italiens. On fait un mixte du français, anglais, italien, you.know. On fait tout un mélange.

125 A : Mais vous pensez que Sarah aurait pu aller en école francophone… dans le sens que ça vous inquiétait pas vous vous me dites que le français, c’est difficile, ça vous inquiétait pas de … ?

126 C : Non, non non. Oui, c’est quelque chose que j’ai pensé, et on a parlé de… d’essayer à mettre dans un camps durant l’été. Mais pour moi, c’est pas l’écriture… qui est importante, c’est… c’est savoir communiquer avec les personnes qui parlent en français, et pour elle, à être confortable. C’est ça que… pas gênée… de parler. C’est ça que je trouve le plus important, mais je sais pas si on a fait la bonne décision. C’est ça, c’est un débat qui… qui va continuer dans… dans notre famille…

127 A : Est-ce que… bon là, elle va faire certainement sa scolarité primaire ici par exemple. Est-ce qu’en secondaire, vous auriez des désirs… pour elle ?

128 C : … Ça c’est une autre chose parce qu’on veut que… que les notes soient hautes. Alors, si elle va dans l’école secondaire et les notes sont pas très hautes, elle peut pas entrer dans l’université qu’elle veut. C’est ça l’autre chose qui arrive. Alors je pense c’était mieux si on la mettait dans le primaire, que les notes sont… importantes, mais pas importantes comme les… les notes de… l’école secondaire. Alors c’est ça l’autre chose. Si je veux qu’elle aille à l’University.of.Toronto… ou l’Université d’Ottawa ou quelque chose comme ça, j’veux pas que… j’veux qu’elle reste ici, mais s’il y a le programme qu’elle veut… qu’elle veuille en BC277, en Otario…

129 A : Donc certainement, vous me dites… un secondaire qui soit adapté à ce qu’elle fera après donc… un secondaire en anglais, ce serait peut-être préférable pour qu’elle ait de bonnes notes, par exemple.

130 C : Oui. Comme si… parce que… C’est la même chose avec famille : je suis allée à McGill, je veux qu’elle aille à McGill278, mon mari est allé à l’Université de Toronto. Il veut… Alors, on a des idées… Mais aussi à l’Université de Montréal279, j’aimerais aussi qu’elle aille là, mais… je sais pas si… Je sais pas si… si je… si je sais qu’elle va très bien, qu’elle va pas avoir de problème, si on a comme des… du support pour améliorer son français, elle peut s’intégrer dans le curriculum… c’est quelque chose qu’on peut. Parce qu’il y a beaucoup des écoles privées, en français, ici. C’est incroyable Et… ideologically,.philosophically,280 je suis contre ça. Alors… je veux qu’elle aille dans une école très bonne, mais publique281…

131 A : Ah ouais. Pourquoi vous êtes contre les écoles privées ?

132 C : Parce que c’est… c’est pas juste. C’est pas juste… d’avoir ça… Et… quand le gouvernement donne beaucoup de subsidies 282 aux écoles privées,… il y a les écoles publiques qui sont moins… supported.economically283, alors… Et j’aime parce que c’est… c’est une mixte… des gens. Mixte ethnique, mixte du… économique. Alors je veux que Sarah sache ça. Je veux pas qu’elle aille dans une école privée. Parce que j’habite à LCC, Lower Canada College284. C’est une école très… pour les riches, et tout ça, et je veux pas qu’elle reste… J’suis pas riche Et je peux pas l’envoyer, même si je voulais. Mais… je suis… Ils sont tous privés, toute l’école que je… J’ai des personnes qui… you.know, Brébœuf285, Notre Dame286, tout ça, ils sont tous privés Je sais une école en français… qui est bonne… qui est publique. Alors…

133 A : Notre Dame de Grâce, c’est public ?

134 C : Notre-Dame-de-Grâce, ah oui Je pense à Notre Dame Collège34. Je pense du Collège… Oui.

135 A : … Donc, c’est ça la raison principale pour vous, que Sarah parle le français le mieux possible, ça serait quelle raison la plus importante ?

136 C : Pour… pour s’intégrer dans la société Québécoise.

137 A : D’accord. Socialement.

138 C : Oui, socialement. Oui… Je veux pas qu’elle aille dans un magasin, elle parle français, quelqu’un la regarde comme ça (avec un regard dédaigneux). C’est comme : “qu’est-ce que tu dis ? Tu parles pas très bien”, ou quelque chose comme ça. Je veux qu’elle ait confiance… Je pense que c’est important qu’elle apprenne une deuxième langue… quand j’étais son âge, j’étais… j’allais à l’école d’italien le samedi matin, ça va arriver, mon mari est pas Italien, alors c’est dur à parler une langue quand ton partenaire ne la parle pas, mais… pour moi, c’est le social. Oui.

139 A : Mais, à la maison, on parle anglais ?

140 C : Oui.

141 A : Et un peu de français ou pas du tout ?

142 C : Ah… Mon mari essaie de parler, mais quand Sarah l’écoute, elle dit : “Not.now. .No. .Not.now. .I.did.that.at.school. 287″(rire). Alors… alors il essaie parce qu’il le parle très bien… Mais elle veut pas… Ça, c’est un problème.

143 A : Ça lui demande de la concentration encore.

144 C : Oui, c’est ça, c’est travail, c’est du travail. Faut apprendre le français, c’est ça. Oui.

145 A : …/… Oui, le bilinguisme, est-ce que… c’est ça, on disait que c’est important pour Sarah qu’elle parle deux langues, comme vous disiez, même peut-être plus, et… justement, au Nouveau Brunwick, ils ont fêté les 20 ans du bilinguisme officiel, il y a quelques semaines, il y a pas très longtemps… Voilà, c’était un anniversaire. qu’est-ce que vous pensez de ce genre de célébration ?

146 C : C’est… c’est, je pense, c’est une bonne idée, c’est une bonne chose. Je trouve Montréal, c’est une ville bilingue… mais ça veut dire quoi bilingue ? Ça veut dire que tu parles les deux… les deux langues très bien. Ça veut dire que tu partages dans les deux communautés. Est-ce que c’est biculturalism,.bilinguilism 288? Ça veut dire quoi ? Alors… Oui, c’est une bonne idée, mais…

147 A : Pour vous, c’est quoi justement alors ?

148 C : Pour moi, c’est que… tu restes dans une ville, que tu es bien intégré, tu peux parler les deux langues. Tu as des amis qui sont en français, en anglais, et tu peux aller comme ça (en claquant des doigts). Les francophones ontariens, ils sont parfaitement bilingues. C’est… quand j’étais en Ontario, il parlait comme ça (en claquant des doigts). Et c’est ça le vrai bilingue. C’est pas les deux solitudes des communautés. Alors… Et même les… je pense oui, au New-Brunswick289,.y avait des étudiants que je connais aussi qui savait parler les deux langues. Ça, c’est le vrai… bilinguism, oui.

149 A : Et ici, vous en connaissez des personnes dans votre environnement qui sont bilingues comme vous le dites ?

150 C : Oui Oh oui. Ah non, je connais beaucoup des… Y sont, ouais, ils sont allés à l’école en français (rire)… Ouais, c’est vrai Non, mais… je connais des… des gens qui sont bilingues, y sont allés à l’école… South.shore 290et… en français… Ouais. Y sont là, mais pas comme des personnes que je connais qui habite à… qui sont venues à Montréal, qui restent à Montréal, comme quand ils étaient enfants. Y sont bilingues, mais, c’est pas la facilité que… les FrancoAontariens, cette autre personne que je connais, qui… qui savent les deux mots. Y a pas de problème. Il peut penser… c’est ça que si tu peux penser en anglais et français… C’est ça. Et pas essayer de traduire, que ça vienne naturellement, ça c’est… Ça, c’est cool. Ouai, that’s.cool291.

151 A : … Je vais vous montrer un petit graphique… qui représente les inscriptions en immersion dans tout le Canada, pour les élèves qui sont admissibles. Alors… vous avez une évolution comme ça des inscriptions. qu’est-ce que vous pensez ? Ça, c’est le Canada en entier.

152 C : Mais ça, comme politologue, je sais que… il y a des choses… politiques avant qui… C’est… c’est dommage, parce que c’est un plateau ici (en désignant les années après 1990)… Ça termine à 2002 ?

153 A : J’ai trouvé ce graphique-là sur ces sources-là (en désignant les sources en dessous du graphique), mais en tout cas… je pense que ça reste assez stable. Ça monte un petit peu.

154 C : OK. Je trouve ça, c’est… c’est très dommage… J’ai entendu, j’ai lu des études qui disent comme dans BC et des autres quartiers, des autres provinces qu’il y a… y sont… french.immersion292, c’est populaire… Non, c’est dommage, et c’est seulement 7% des élèves admissibles qui vont dans… ah ouais Seulement ça

155 A : (en lisant l’intitulé du graphique) “Taux de participation aux programmes d’immersion française chez les élèves admissibles”.

156 C : Waou … C’est dommage.

157 A : Oui, vous trouvez ça dommage.

158 C : Non non, c’est dommage. Je pensais… quand j’étais à l’école… il y avait un programme avec Pierre Trudeau293 où il essayait d’intégrer les Français, les Anglais. On avait des amis avec les… enfants dans une école primaire en français. Ils avaient des jouets pour des chansons en anglais et en français. Il y avait des très grandes poches pour… c’est pas bien allé. C’était… it’s.admirable294. C’était quelque chose… Mais ça, c’est… Je suis surprise de ce nombre, que c’est seulement 7%… Mais peut-être il y a beaucoup comme… si je pense au Québec, y a beaucoup des personnes, des familles qui envoient les enfants anglophones ou allophones dans les écoles en français. Peut-être c’est une autre… C’est pas immersion, mais c’est une autre manière d’arriver à le moins bout… d’avoir une facilité dans la langue française. Mais… non, c’est dommage, pour moi… Mais, mais encore… je sais pas si c’est la… c’est la meilleure manière d’apprendre une deuxième langue… Si c’est vraiment immersion… J’sais pas.

159 A : Et justement, en tant que politologue, vous avez un regard politique sur la politique du Québec… Ouais, vous devez à mon avis vous intéresser. qu’est-ce que… quel regard vous avez comme ça de… sur ce qui s’y passe ?

160 C : … Je connais beaucoup des… J’ai des voisins qui viennent du BC, mais y sont ici, ça fait 20, 30 ans et son… un de ses garçons est venu ici pour l’école. Y sont près de… vendre la maison. Alors, il y a beaucoup de panique… Et moi, je… j’ai vu le premier referendum, le deuxième, alors, pour moi, c’est… c’est pas quelque chose pressante. Mais c’est…/… c’est dommage. Avec la politique des langues, j’pense, c’est une… ça va avoir une backlash295, comme… Une autre chose, que je voulais pas envoyer Sarah et Thomas, mon fils… parce qu’on perd… ses enfants peuvent perdre l’opportunité d’aller à l’école en anglais. Ça, c’est quelque chose que j’ai pensé. Alors, s’il y avait pas de problème, s’il y avait un choix, si on pouvait mettre les enfants dans… auquel l’école en français et pas… perdre ce droit, ça, c’est une autre chose. C’est quelque chose que j’ai pensé. Oui oui. You.know… Parce que je dois aller prendre le certificat, faire les écoles ici et c’est… ouais.

161 A : … D’accord. Alors, bon, moi j’ai… Est-ce que vous lui… vous transmettez l’italien à vos enfants ?

162 C : J’essaie, mais pas beaucoup. Avec ses… avec ses grands-parents, y parlent un peu, mais c’est… c’est difficile. Parce que… quand tu… quand ton partenaire n’est pas… Italien, c’est… c’est pas… Alors, elle a des expressions que son grand-père dit et tout ça, mais… non. C’est dommage.

162 A : OK. Alors bon, est-ce que vous avez d’autres choses à ajouter sur ce qu’on vient de discuter ?

163 C : Non.

253 Notre Dame de Grâce : quartier de Montréal où se trouve l’école Willingdon
254 ouvriers d’usine
255 couturière
256 tu sais
257 mangeurs de grenouille
258 Parti québécois
259 les deux solitudes : expression canadienne représentant l’isolement historique entre les francophones et les anglophones
260 T’es une mangeuse de grenouilles T’es une wap
261 sans passeport
262 Je sais pas
263 difficile
264 Sa fille
265 identité
266 Université anglophone de Montréal
267 rue Hampton, à 1km de l’école Willingdon
268 dissertation
269 quotidien anglophone québécois
270 Notre Dame de Grâce : ici, il s’agit de l’école francophone de la Commission scolaire de Montréal dans le quartier NDG.
271 commerce
272 Deux traductions possibles : Pas utile ou Pas pratique
273 c’est comme une déconnection
274 Exposition
275 Ça ne… sonne pas très bien
276 règles à suivre. Très rigide
277 British Columbia : Colombie britanique
278 Université anglophone de Montréal
279 Université francophone de Montréal
280 idéologiquement, philosophiquement
281 publique
282 subventions
283 soutenue économiquement
284 LCC : école primaire et secondaire, anglophone et privée
285 École secondaire et collégial (enseignement professionnel), francophone et privée
286 École secondaire, francophone et privée
287 Pas maintenant Non Pas maintenant J’ai fait ça à l’école ”
288 biculturalisme, bilinguisme
289 Nouveau Brunswick
290 Rive sud du fleuve Saint Laurent, au sud de l’ile de Montréal.
291 ça c’est cool
292 immersion française
293 Ancien premier ministre du Canada
294 c’est admirable
295 réaction négative

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