Durée de l’entretien : 25 minutes
Lieu de l’entretien : par téléphone
Léo Grimaldi (LG) : Pouvez-vous dans un premier temps vous présenter brièvement ?
Gilles bravo (GB) : j’ai une formation plutôt littéraire, j’ai eu la chance d’intégrer la LNB lors de mon stage de fin d’études, ensuite j’ai fait une formation en management du sport puis une formation professionnelle qui s’appelle stadium manager en passant par le centre de droit et d’économie de Limoges. J’ai toujours été passionné d’infrastructure sportive.
Ce qu’on appelle stade 2.0 c’est un concept assez récent, aujourd’hui seulement trois stades en France à mon sens intègrent les nouvelles technologies, la MMArena, le grand stade de Lille et le stade de Valenciennes. Deux de ces 3 stades intègrent le système de cashless, le fait de pouvoir payer dans le stade avec une carte prépayée. Il y a plusieurs enjeux, on gagne du temps en évitant les transactions en espèces, d’un point de vue donné client cela permet d’identifier les consommations de tous les spectateurs, on est capable de savoir à quelle heure on a consommé une frite ou une bière, et ça c’est intéressant après pour faire du CRM. Il y a un 3e enjeu, c’est que les cartes prépayées ne sont pas forcément utilisées entièrement, surtout sur des événements one shot, un spectateur n’utilise pas forcément ses 20 € sur sa carte par exemple.
LG : Et ça est-ce que c’est le seul système 2.0 mis en place dans ces stades ?
GB : Non après il y a aussi la notion de contrôle d’accès, aujourd’hui la LFP impose à tous les clubs de recenser en temps réel les accès et les sorties au stade. Il y a plusieurs systèmes, le plus souvent des tourniquets, mais à Valenciennes ils ont mis en place pour l’accès VIP des portillons, ce sont deux vitres qui s’ouvrent, cela contrôle l’accès sans pour autant être obligé de faire une fouille au corps.
LG : Est-ce que dans ces stades il y a une connectivité pour les spectateurs ? Par exemple est-ce possible de poster une photo sur Facebook pendant le match ?
GB : Alors la connectivité est très réduite, aujourd’hui je n’ai pas un exemple de stade totalement couvert en wiPfi. Aux USA ils arrivent à le faire, en France cela va arriver, mais on y est pas encore.
LG : Est-ce que c’est un projet à plus ou moins terme de couvrir ces stades en wi-fi ?
GB : Oui c’est un projet après il faut que ça soit pensé en amont de la construction, mais aujourd’hui ce n’est pas la problématique de tous les stades qui vont être construit pour l’euro 2016. Ils pensent d’abord à réduire leur coût et coller aux plans de l’architecte.
LG : Quel est le coût pour un stade qui devenir connecté ? Par exemple le stade de France ?
GB : Aucune idée, cela dépend, chaque stade est différent. Et aujourd’hui on est incapable de vous donner un chiffre.
LG : Il y a-t-il des exemples à suivre de l’étranger (USA, Angleterre) applicable en France ?
GB : Je vais vous transférer un article de l’Equipe. Mais c’est l’exemple du Barkclay Center, qui a créé son application, il est possible de commander depuis sa place. En France on s’oriente vers des choses comme ça.
LG : Vous pensez que c’est possible d’ici combien de temps en France ?
GB : Je pense que d’ici l’Euro 2016 ça arrivera. Aujourd’hui on est sur des modes de consommation très classique, mais demain ça va évoluer, parce que des gens qui ne consomment pas parce qu’ils n’ont pas envie de se lever de leur siège pour ne pas rater le match, et bien là ils seront plus enclins à consommer.
LG : Et c’est peut-être aussi un moyen de rentabiliser l’investissement, car j’imagine que créer ce système a un coût assez important…
GB : Cela a un coût important quand on ne le prévoit pas, mais je pense que l’on parle de 10 000 euros max.
LG : Et vous avez conseillé le stade de Lille ?
GB : Non nous on a travaillé sur les systèmes d’information de la MMArena et du stade du Hainaut. Donc sur l’interface entre le contrôle d’accès, le système de billetterie, le système de CRM, la boutique. Donc tout ça, ce sont des systèmes qui se parlent entre eux et cela permet d’avoir un identifiant unique, et grâce à cette carte on peut retracer tout le parcours client dans le stade, son heure d’arrivée et de départ, ce qu’il a consommé…
Actuellement on travaille également sur le stade de Reims et sur le stade Vélodrome, et on va mettre en place le même genre de système. Et à moyen terme tous les clubs auront des systèmes de ce typePlà.
La clé c’est vraiment l’analyse du comportement des spectateurs avant, pendant et après le match afin de mieux le connaître.
LG : À quoi est dû le retard de la France avec les USA ou le Royaume-Uni ?
GB : C’est au niveau de la conception des enceintes, cela n’a pas été pensé, et puis c’est tout nouveau, il y a 4 ans les gens n’avaient pas forcément envie de dire qu’ils étaient à tel ou tel endroit, aujourd’hui c’est une pratique standardisée. On a une étude Facebook qui référence les lieux qui connaissent le plus de checking sur Facebook, 80 % des landsmarks ce sont des enceintes sportives. Cela montre que les fans veulent montrer qu’ils sont à l’événement, qu’ils font partie du show, etc. après c’est une évolution inévitable, car beaucoup de spectateurs ont déserté les stades pour consommer le sport à la télé. Donc la problématique des exploitants c’est de savoir comment faire revenir ces supporters dans le stade. On les fait revenir en proposant au spectateur de l’interactivité avec le spectacle : par exemple pouvoir interagir pendant le match, être guidé dans
l’enceinte… Aux USA ils sont très bons pour scénariser, pour faire des temps faibles des temps forts. Par exemple le kisscam, une caméra qui va cible dans le public au hasard 2 personnes, un homme et une femme (qui se connaissent ou non) et ils doivent se faire un smack. Cela permet d’occuper les temps morts et c’est ce que les gens viennent chercher.
Mais on est dans une logique implacable, aux USA c’est la NFL qui a financé l’installation des réseaux wiPfi dans les stades de la ligue. Nous on a toujours un peu de retard, mais dans 5 ans c’est la LFP qui va financer le réseau wiPfi dans tous les stades de L1.
LG : Vous pensez que c’est la LFP qui va financer ? Et non les stades ?
GB : Soit elle va le financer soit elle va l’imposer, mais cela sera la norme puisque c’est devenu trop important pour ne pas être pris en compte.
Et nous on a fait une étude pour le compte de l’UCPF (Union des Clubs Professionnels de Football), on a mis en évidence le fait que les gens qui consomment le plus de football sur internet sont les mêmes que ceux qui vont au stade. Donc il faut faire en sorte qu’il puisse avoir ses repères dans le stade.
LG : Justement par rapport au spectateur, prenons le spectateur de football français, est-ce qu’avoir un stade connecté est sa priorité ?
GB : Le spectateur attend plus d’interactivité, il faut prévoir des choses avant, pendant et après le match, mais aujourd’hui le fan ne viendra plus seulement pour un match, mais pour une soirée complète avec autre chose que le match en plus.
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