Il existe quelques rares cas où can dans des énoncés assertifs peut sembler avoir une
valeur épistémique, sans qu’on ne lui ajoute directement le marqueur not. L’exemple suivant
est tiré du roman britannique Harry Potter and the Philosopher’s Stone ; le personnage
principal apprend qu’il est sorcier :
I think you must have made a mistake. I don’t think I can be a wizard.
Si seule la deuxième phrase était présentée, l’on pourrait affirmer avec quasi-certitude qu’il
s’agit d’une valeur radicale ; le personnage dit qu’il ne peut pas être un sorcier, non pas en
émettant une hypothèse mais plutôt car cela lui semble « physiquement » impossible (cf.
valeur de capacité de can radical). Cependant, comme le montre le modal épistémique must
de la phrase précédente, il semble qu’il s’agit d’une hypothèse sur le degré de probabilité de la
relation prédicative ; Harry Potter a ici des doutes sur le fait qu’il soit un
sorcier, il a du mal à croire ce qu’on lui annonce. C’est pourquoi l’association de I don’t think
avec le modal can lui attribue une valeur épistémique, même si la capacité de can radical peut
certainement y être reliée. Il s’agit néanmoins toujours d’une probabilité négative, si ce n’est
que la négation ne porte pas directement sur can, mais sur un autre segment. La phrase
pourrait donc être glosable en : I can’t be a wizard, où la négation ajoutée au modal en fait
indéniablement un modal épistémique. De tels cas sont ainsi discutables.
En ouvrant un courriel avec pièces jointes dans un pays anglophone, on peut trouver
l’avertissement suivant :
Attachments can contain viruses that may harm your computer.
Ici, à nouveau, tout semble montrer qu’il s’agit d’un can à valeur épistémique, dont la
possibilité logique serait plus forte que le may épistémique de la proposition relative (dû à la
possibilité matérielle constamment présente avec can), d’autant que la présence de virus ne
peut être qu’hypothétique, puisqu’imprévue. Toutefois, il ne faut pas exclure l’hypothèse que
ce can indique, par exemple, une sporadicité, et serait donc plutôt radical (il arrive que les
pièces jointes contiennent […]).
Même si l’on attribue à can épistémique la valeur de possibilité logique, donc celle de may, le
fait que sa valeur radicale exprime une possibilité fondée sur l’existence d’éléments concrets,
explique pourquoi il sert également à exprimer l’idée de must à la forme négative. L’on peut
ainsi considérer que can augmente le degré de certitude d’un évènement par rapport à may,
mais, comme nous allons le voir, n’est pas tout à fait au même plan que must.