Dans un monde de plus en plus globalisé, à l’ère de l’économie du savoir, les ressources
humaines les mieux instruites, de par le monde, sont recherchées, parce que, entre autres,
garantes de l’avantage compétitif. D’où, l’importance des leviers, la qualité de l’emploi par
exemple, visant à renforcer l’attractivité des entreprises productrices de biens et services.
Ainsi, le secteur public rentre-t-il en concurrence avec le secteur privé en vue de garder ou
d’attirer les ressources humaines les mieux qualifiées et compétentes en vue de la
performance.
Par contre, ce qui fausse la concurrence dans ce domaine entre le public et le privé c’est le
manque de moyens financiers observé dans le camp du public, surtout dans les pays en voie
de développement. Puisque l’Etat, en principe, n’est pas animé par l’idéal du profit, comme le
sont les entreprises du secteur privé, il fait face souvent à de sérieuses difficultés de pouvoir
toujours offrir la même qualité de l’emploi que le secteur privé pourrait bien offrir pour se
payer les meilleurs cadres D’où l’attrait du secteur privé par rapport au secteur public.
C’est dans cette perspective qu’en Haïti, on assiste désespérément à un exode massif des
cerveaux vers l’étranger, comme le témoigne un rapport de la Banque Mondiale révélant que
huit Haïtiens et Jamaïcains sur dix (8/10) détenant un diplôme universitaire vivent hors de
leur pays.(40) Cette migration internationale du capital humain qualifié d’Haïti ne laisse
certainement pas intacte la Fonction publique, à telle enseigne que la Banque interaméricaine
de développement (BID) a approuvé dix millions (10) de dollars US à Haïti pour un
programme destiné à attirer les cadres de la Diaspora vers le secteur public. C’est une « action
visant à lutter contre la fuite des cerveaux, à développer la Fonction publique et à améliorer
l’efficacité du Gouvernement », suivant les propres termes du communiqué de presse de la
BID.(41)
Par ailleurs, le secteur privé haïtien, les organisations internationales (O.I.) et non
gouvernementales (ONG) ravissent à la Fonction publique bien des cadres qualifiés(42).
En effet, selon les résultats de l’Enquête Diagnostique sur la Gouvernance(43): « Seuls 5.2%
des agents du secteur public ont estimé que leur salaire était suffisant ou très suffisant ».
Les doléances spécifiques concernent surtout le faible niveau de salaire, les retards de salaire
et les maigres avantages sociaux. Comment alors, dans une telle situation, l’Etat, peut-il
arriver à fidéliser ses Fonctionnaires afin de les garder au service de l’intérêt général ?
Si les Fonctionnaires qui sont censés déjà au service de l’Etat ne sont pas satisfaits de
leurs conditions de travail et accusent une certaine proportion à laisser la Fonction publique à
la première occasion, comment alors s’attendre à ce que les cadres les mieux qualifiés du
secteur privé ou de la diaspora ou encore les jeunes frais émoulus de l’Université se
bousculent pour accéder à cette Fonction publique ?
40 Information trouvée dans un communiqué publié sur le site web de la Banque Mondiale le 25 octobre 2005. La
page est consultée le 10 août 2011. Cf : http://go.worldbank.org/7J357LTEE0
Le rapport s’intitule : « Migration internationale, rapatriement de fonds et fuite des cerveaux » et publié en
2005.
41 Cf : Site web de la Banque interaméricaine de développement. Communiqué de presse publié le 13 décembre
2006. La page est consultée le 10 août 2011.
http://www.iadb.org/fr/infos/communiques-de-presse/2006-12-13/la-bid-approuve-10-millions-a-haiti-pour-unprogramme-
destine-a-attirer-les-cadres-de-la-diaspora-vers-le-secteur-public,3527.html
42 Suivant un rapport conjoint de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) et
de l’Agence canadienne de Développement international (ACDI), intitulé : « Suivi des principes d’engagement
international dans les Etats fragiles et les institutions précaires », les deux acteurs partagent leur appréhension
par rapport aux écarts importants de rémunération entre les salaires de la Fonction publique et ceux des acteurs
internationaux. Ils ont pu constater que cela entraine une fuite des cerveaux vers les agences internationales.
Cf : Le dit rapport est disponible sur le site web de l’OCDE sur le lien suivant :
http://www.oecd.org/dataoecd/39/7/44654672.pdf
Le rapport est publié en 2010 ; page 9. Cette page est consultée le 10 août 2011.
43 Le rapport final, publié en janvier 2007, s’intitule : « Gouvernance et Corruption en Haïti ». La collecte et
l’analyse des données sont assurées par le Bureau de Recherche en Informatique et en Développement
économique et social (BRIDES). L’étude est commandée par l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) avec
l’assistance technique de l’Institut de la Banque Mondiale (IBM). Rapport, page 73.
Cf : Ledit rapport est disponible sur le lien suivant :
http://siteresources.worldbank.org/INTHAITI/Resources/RAPPORT.pdf