Dans El Cerezo, il y a des zones de regroupements identifiables entre individus du
même groupe ethnique. Par exemple, l’angle Sud-ouest du quartier se fait nommé le coin des
péruviens(34), c’est un point de rendez-vous entre personnes originaires du Pérou. Ce type de
dénomination montre l’importance des regroupements ethniques.
C’est pourquoi, les journées passées dans ce quartier en mars 2011 nous permettent de
distinguer et de différencier les lieux de regroupement en fonction des nationalités. En effet,
des personnes d’origine maghrébine se retrouvent devant le restaurant Eliza Victoria sur
l’avenue de San Lazaro. Les personnes d’origine sub-saharienne sont, elles, souvent par
groupes au niveau de la place Punta Umbria. Quant à ceux d’Amérique latine, nous pouvons
les localiser au croisement de la rue Leal Castano avec l’avenue Doctor Fedriani au niveau du
coin des péruviens. La carte ci-dessous répertorie ces points de rencontres et d’interactions.
Cartographie 8 : Lieux de regroupements ethniques dans El Cerezo
Dans la légende, apparaissent les symboles qui indiquent les lieux de regroupements de
différentes nationalités. Certains endroits concernent un public composé en majorité d’adultes
et d’autres se rapportent à des regroupements ethniques entre jeunes. Nous pouvons définir la
notion de “regroupements de jeunes” qui apparaît sur cette carte ainsi : ce sont généralement
des personnes entre 12 et 20 ans se retrouvant régulièrement entre individus de même origine
dans un lieu défini.
De plus, tous les endroits de regroupements ethniques se trouvent dans la partie Sud
d’El Cerezo. D’après Demba (médiateur culturel Cepaim, sénégalais), qui travaille notamment
à créer des connexions entre les habitants d’origine diverses, “il est difficile d’éviter la
ségrégation au Sud du quartier car pour changer les opinions chacun doit faire un effort”, il
ajoute que “s’habituer aux immigrés est un long chemin”. Il aurait tendance à penser que les
regroupements communautaires pourraient-être amenés à disparaître au cours du temps mais
que cela reste complexe. La moitié Nord du quartier apparaît, quant à elle, comme un espace
partagé où les individus se déplacent et se croisent. Dans cet espace, des bars comme “el
Xanti” ou “el Palomo” sont révélateurs de lieux non partagés où se retrouvent seulement des
populations autochtones. Le point de location de vélo (borne Sevici) situé au Nord du plus
grand parc pour enfants du quartier, face à l’école de langues, permet de prendre ou de
déposer un vélo sous conditions d’abonnement(35). C’est là encore un espace de passage et non
de regroupement.
Nous pouvons ainsi parler de ségrégation sociale malgré des avis divergents. “Je pense
qu’El Cerezo est un quartier où il n’y a pas ou peu de ségrégation car il est très diversifié par
rapport aux différentes nationalités qui cohabitent, on constate une mixité démographique
entre retraités et jeunes travailleurs bien que la proximité spatiale ne veut pas dire proximité
sociale” (Francisco Torres, UPO). La ségrégation se lit ici à l’échelle d’un quartier, elle se
traduit par des regroupements ethniques d’un nombre réduit de personnes (4 à 12 par
groupes). “Dire que les habitants du quartier ne se mélangent pas est radical car ils vivent
dans les mêmes immeubles ce qui oblige à un contact entre eux” (Tania, péruvienne,
volontaire ACOGE). De plus, malgré ces regroupements ethniques visibles, il existe
différentes formes d’interactions entre les habitants du quartier de différentes nationalités.
Tout d’abord dans les espaces de vie en commun comme le sont les halls d’entrée de chaque
immeuble. Ensuite, dans les commerces qui sont des lieux de services et d’échanges verbaux,
au moins entre le commerçant et ses clients.”Des habitants de différentes nationalités
viennent acheter de la viande dans notre magasin” (Ahmed, marocain, boucher, produits
Halal). La peña sevillista est également un lieu d’échange entre habitants, sans différence
d’origine mais avec un attrait commun pour le football, en particulier pour l’équipe de Séville.
“Avec les jeunes, on sympathise dans les bars, on commente les matchs, on mange ensemble”
au minimum avec (Alain, camerounais). Il y a également les salles de musculation et terrains
de sport comme celui de la Barzola qui permettent là encore, des contacts entre habitants bien
que cela reste faible. Enfin, les parcs pour enfants, qui sont des espaces publics mais
également des lieux de rencontres, de connaissances et d’échanges.
Par conséquent, nous supposons que le “vivre ensemble” n’est pas une chose aisée et
que c’est pour cela qu’interviennent les associations et les politiques publiques. Se réunir entre
personnes du même groupe ethnique est une forme de protection qui permet d’être davantage
en sécurité en cas de conflits. Ainsi, les problèmes de cohabitation peuvent mener à la
stigmatisation des minorités, dans le cas présent, des immigrés. C’est ce que nous tâcherons de
comprendre dans le point suivant.
34 Cet espace se fait appeler le coin des péruviens: car c’est le point de rendez-vous de personnes d’origine
péruvienne pour aller dans certaines discothèques du Nord de la ville
35 Se référer à la partie II/ 1/ a/