PLAUCHU et FONTAN s’accordent pour dire que la première chose à faire est de délimiter le champ de l’étude. Une filière amène à la production de produits, mais aussi de sous-produits, ces sous-produits constituent donc des sous filières. Il est donc très important de délimiter le champ de l’étude pour ne pas se perdre dans les différents produits à la base de la filière (coton, laine, lin…) comme pour la filière textile ou en aval de la filière comme il en est le cas dans la filière karité (beurre de karité, crèmes cosmétiques à base de karité, chocolat…).
Pour la suite de la méthodologie nous nous basons sur celle proposée pas V. PLAUCHU dans sa note méthodologique.
« La deuxième chose à faire consiste en un exercice de veille documentaire important afin d’obtenir le plus de données pertinentes possibles sur la filière. Il faut se renseigner au niveau des publications mais aussi au niveau des interprofessions, des fédérations, des organismes délivrant des statistiques…
La troisième étape est une description et une analyse.
a. Décrire
Avant d’analyser, il faut d’abord observer et identifier :
– Les technologies utilisées et leur enchaînement dans le ou les processus qui constituent la filière ;
– Les agents qui interviennent à un titre ou un autre dans la filière ;
. Producteurs de la matière première
. Collecteurs, négociants, courtiers
. Premiers transformateurs
. Producteur du produit
. Distributeurs
A côté des entreprises, il ne faut pas oublier les autres organismes intervenant à un stade ou un autre de la filière :
. Institut de recherche
. Institut de formation
. Syndicat patronal
. Syndicat de salariés
. Organisme de financement
. Organisme de contrôle
– Les normes et réglementations régissant les rapports inter agents dans ce secteur, qu’elles concernent le producteur, le négociant ou le consommateur, et qu’elles portent sur les produits ou la sécurité ou les conditions de travail
– Les quantités produites et les flux circulant de l’amont à l’aval de la filière (ce qui est produit, où, quand, comment) et les marchés débouchés à chaque stade. A ce niveau il est important d’identifier les flux d’importation et d’exportation à chaque stade, et de calculer les taux de croissance moyen afin d’identifier les étapes dynamiques
– Les stratégies des acteurs : Etat, entreprises, professions ou interprofession…
b. Analyser
Une fois que tous ces éléments ont été repérés, identifiés et étudiés, il faut passer à l’analyse. L’analyse de la filière a pour but de mettre en évidence non seulement des forces et des faiblesses, mais aussi et surtout :
– des dynamiques et des blocages
– des rapports de domination, d’exploitation, et de dépendance
– des marges de manoeuvre éventuelles
– des synergies potentielles
A ce niveau, il ne faut pas passer à côté des rapports de force, ni des dynamiques d’entraînements. Il faut aussi identifier les cohérences et incohérences, les goulets d’étranglements éventuels, et finalement les menaces et opportunités tant pour la filière dans son ensemble que pour tel stade ou tel agent.
Le quatrième point consiste en une synthèse et un rapport tout en ne perdant pas de vue que cette étude doit servir à éclairer les choix stratégiques du commanditaire» (PLAUCHU, 2007).
C. FONTAN (2006) propose une autre méthodologie qu’elle a pu synthétiser sous forme d’un tableau :
Tableau 1 : Méthode d’analyse de filières. Source : FONTAN (2006)
Nous préfèrerons la première méthodologie mise en avant car elle est plus facile d’appréhension, toutefois la deuxième méthodologie apporte une certaine complémentarité.
Nous positionnant dans une logique de développement économique en milieu rural, nous ne pouvons mettre en avant une méthodologie spécifique d’analyse des filières, sans pour autant développer certains points sur lesquels il est essentiel de porter une attention particulière quand on vise le développement des populations vivant dans le Sud. Afin de connaître le mode opératoire à tenir dans l’analyse et dans la logique de l’étude de filière, il est très important de comprendre et d’appréhender des logiques locales et des logiques globales.