Le sahel est devenu depuis le millénaire, une aire d’intérêt pour les mouvements terroristes. Dans une zone géographique soumise aux grands trafics, le surgissement, ces dernières années, d’AQMI a introduit une menace supplémentaire, à la fois violente et idéologique. Cette menace n’est pas localisée : tous les lieux et tous les pays sont exposés à la violence(94). Ce qui inquiète les pays de cet espace géopolitique : Algérie, Mali, Niger, Tchad, Soudan, Mauritanie, Burkina Faso car, l’insécurité générée par ce mouvement terroriste n’est pas sans répercussion sur la sous-région déjà confrontée à d’interminables problèmes.
Par ailleurs, cette région est composée d’Etats en faillite(95) incapable de contrôler leur territoire de manière efficace et d’en assurer la sécurité. Ce qui fait de la région sahélienne, une zone vulnérable. Pour la plupart, les éléments caractéristiques de cette fragilité n’ont rien de nouveau. De l’Algérie au Nigéria, en passant par la Guinée Bissau et la Libye, plusieurs facteurs ont contribué à la vulnérabilité de la région. Tout d’abord, la plupart des pays de la région sont incapables d’assurer leurs prérogatives régaliennes de manière solide, en mettant à profit des relais locaux. Ce qui mine les populations qui souffrent sans commune mesure d’une part de la corruption ; et d’autre part, d’une pauvreté criante. A cela viennent s’ajouter d’autres facteurs comme le trafic de drogues, d’armes, d’êtres humains, de la contrebande et le terrorisme qui font du sahel, une zone en danger et en proie à l’insécurité (Section I).
L’absence de l’Etat dans cette zone est une aubaine pour AQMI car, elle favorise son implantation dans la région au risque de déstabiliser les Etats du champ. L’ensemble des activités d’AQMI (attaques armées et trafics en tout genre) ont engendré une détérioration de la situation sécuritaire dans la région et ont également des conséquences désastreuses sur le quotidien des populations locales(96). Ces actes criminels sont connectés avec le terrorisme international qui offre des services de protection au crime organisé en contre partie des sommes colossales d’argent qui sert de financement aux groupes terroristes. Au fait, ces groupes terroristes utilisent aussi les pays du sahel pour le développement de leurs capacités opérationnelles soit en développant leur entrainement, en s’armant, en recrutant, et pour entreprendre des actes terroristes contre ces Etats, leurs institutions et leurs citoyens mais aussi contre des pays voisins et des ressortissants étrangers en contrepartie de paiement de rançon pour la libération d’otages. Il en résulte qu’AQMI profite de ce désordre au sahel pour criminaliser la région (Section II).
94 Khadija MOHSEN-FINAN, « Les défis sécuritaires au Maghreb », IFRI, Programme Maghreb, juin 2008, P.2.
95 Selon la Foreign Policy Failed States Index-FSI.
96 Mehdi MEKDOUR, chercheur au GRIP, « Al-Qaïda au Maghreb islamique : une menace multidimensionnelle », Note d’analyse du GRIP, 26 août 2011, p. 1.
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