Au terme de notre étude sur le web documentaire et ses différentes composantes, nous sommes arrivés à la conclusion que l’atout essentiel de notre projet est d’intervenir dans un timing plus que favorable. Le marché est en effet suffisamment mature pour se structurer mais présente l’avantage d’être encore assez jeune pour nous permettre un positionnement pertinent. Par notre collection, nous faisons le choix d’un projet porteur, qui se démarque de l’offre dominante, axée sur l’investigation journalistique, pour privilégier l’angle de la découverte et tenter ainsi de s’adresser à un plus large public.
Nous sommes convaincus qu’il faut placer le contenu, et donc l’auteur, au coeur de notre développement pour assurer notre légitimité. C’est pourquoi nous avons fait le pari d’appuyer notre ambition par le développement d’un projet éditorial fort. Notre collection portera notre projet de société et non l’inverse. En outre, en faisant le choix d’une structure légère dans son fonctionnement et d’une grande souplesse d’évolution, nous prenons en compte toute la fragilité de ce secteur et les incertitudes qui l’accompagnent. Car le web documentaire est un genre mouvant aux confluents de plusieurs secteurs, eux-mêmes en pleine mutation. Pour ces raisons, il est difficile de faire des pronostics à long terme pour l’ensemble du secteur et par conséquent pour notre société. C’est le revers d’un marché en pleine maturation.
Certaines idées ou vérités qui semblaient valables il y a seulement quelques mois apparaissent aujourd’hui déjà remises en question. On a aujourd’hui plus de doutes, notamment, sur la capacité du web documentaire à offrir une planche de salut au photojournalisme.
Dans cet ensemble mouvant, quelques tendances se distinguent néanmoins. Ainsi, il nous semble que vont coexister à terme deux grands modèles : une production aux moyens conséquents adossée à une diffusion audiovisuelle et une production de contenus destinés uniquement au web, de moindre grande envergure, qui remplit néanmoins une autre vocation et qui a toutes les chances de perdurer. Cette coupure est susceptible d’être amplifiée par les évolutions techniques. D’un côté, la démocratisation croissante des outils de création va favoriser la multiplication des petites productions. De l’autre, la réalisation d’oeuvres ambitieuses impliquera de plus en plus d’investissements humains et financiers importants qu’à ce jour, seuls les diffuseurs de télévision semblent en mesure d’apporter.
Autre enjeu de taille, le web documentaire étant encore peu identifié auprès du grand public, il suppose de se donner des moyens particuliers pour assurer une visibilité aux projets afin de capter une audience qui n’est pas d’emblée acquise. Plus largement il va devoir se construire lui-même un modèle économique à l’image du documentaire audiovisuel qui, à de rares exceptions près, repose sur des montages financiers fragiles.
C’est dans cette optique que la question de l’écriture est un enjeu primordial. A ce jour, les propositions faites par les créateurs, en dépit de leurs nombreuses qualités, restent bien souvent conventionnelles et très linéaires. Les écritures parviennent difficilement, pour l’instant, à se saisir des enjeux d’innovation qu’elles abandonnent en partie aux technologies. Le constat est assez flagrant, la seule interactivité ne suffit pas pour faire venir le public. Mais de nouvelles pistes commencent à être explorées. Les « Serious Games » et autres « Alternative Reality Games », devraient être autant de laboratoires aux pratiques des auteurs et bouleverser les codes habituellement proposés au public. Au final, c’est le spectateur qui reste juge. L’audience devrait elle-même réguler une offre pour l’instant encore très jeune est très inégale.
L’expérience montre à quel point le numérique a déjoué de nombreux pronostics pour faire apparaître des modèles là où on ne les attendait pas. L’émergence, par exemple, d’un modèle payant grâce à l’iPhone ou à l’iPad, était imprévisible il y a encore deux ans. L’idée qui porte notre projet est donc de prendre nos marques dans la perspective de cette évolution.
Nos objectifs : nous positionner, nous former, connaître le secteur et avoir une structure suffisamment souple pour être réactifs et compétitifs, être prêts à saisir l’opportunité là où elle apparaîtra.