Le shadow banking se révèle être un système très riche d’opportunités poursuivant une forte croissance même à l’issu de la crise. Les acteurs sur ce marché sont nombreux, et des mécanismes très complets offrent une grande flexibilité aux investisseurs. Le shadow banking a su s’imposer comme un système complémentaire dont le développement croissant s’explique par une demande accrue d’investisseurs privés et bancaires.
L’essentiel des activités relevant du shadow banking répond dans les faits à des besoins de financement concrets notamment le financement des entreprises et d’arbitrage réglementaire.
Le financement des entreprises et de l’économie est une priorité dans les pays occidentaux si l’on souhaite maintenir un certain niveau de croissance et d’emplois. On estime en France, à l’horizon 2015 une réduction de 15 à 20% de la capacité des banques à financer les PME/ETI, soit environ un manque de 25 Milliards d’euros. Or, en France, ces entreprises sont financées aujourd’hui à hauteur de 92% par les banques, le Private Equity (7%) et les marchés financiers (1%). Tandis que les banques soumises à de fortes réglementations sont contraintes de limiter l’émission de crédits longs terme, d’autres acteurs économiques disposent d’une capacité de financement (assureurs, mutualistes…). Les petits investisseurs, écartés du système bancaire, enfin peuvent trouver une source de financement pour développer leurs activités. Le shadow banking s’impose alors comme un financement alternatif de l’économie réelle. Attention toutefois, les acteurs ayant recours au shadow banking demeurent particulièrement exposés aux retournements de conjoncture.
Représenté par le régulateur comme un système incontrôlé ayant démontré sa nocivité pour le secteur bancaire, le shadow banking est très certainement un allié des banques pour contourner la réglementation. Les banques transfèrent aux fonds de placement une partie des sommes levées via des produits structurés. Les fonds levés via les produits structurés sont pour partie confiés à des SPV ou à d’autres types d’institutions financières pour proposer des prêts qui ne figureront donc pas dans les bilans des banques. Celles-ci maintiennent ainsi des ratios de créances douteuses très faibles. En jouant le rôle d’intermédiaire entre un emprunteur au profil de risque élevé et une institution financière tierce, la banque ne porte pas directement les risques tout en percevant des commissions substantielles.
Les établissements bancaires sont nombreux à se rapprocher d’établissements de dépôts tels que les assureurs et les fonds mutualistes de façon à bénéficier de capacité de financement supérieurs et de transfert de risques. Les assureurs qui n’étant pas régulés comme les banques peuvent jouir d’une plus grande flexibilité de gestion de leurs dépôts (par l’émission de prêt par exemple). C’est la solution retenue par de plus en plus d’établissements de dépôts comme Axa qui a annoncé en octobre 2012 un accord en ce sens avec la Société Générale et le Crédit Agricole. Les deux systèmes de financement étant très souvent liés, la confusion persiste et les débats sont nombreux quant à l’appartenance de certaines entités à l’un ou à l’autre. Par exemple, l’AIMA (Alternative Investment Management Association) a récemment publié un rapport positionnant les Hedge funds comme un asset manager, soit une entité régulée à ne pas considérer comme appartenant au shadow banking.
Il reste toutefois difficile de différencier les activités économiques du shadow banking de l’arbitrage réglementaire, et par conséquent de formuler des recommandations de réglementaires adaptées. Quoiqu’il en soit, une réponse politique à multiples facettes pour les risques systémiques découlant de shadow banking est nécessaire.
La transparence envers les investisseurs sur les risques individuels mais aussi systémiques apparaît primordiale afin de préserver l’équilibre de ces deux systèmes.
Les solutions de régulations proposées par le régulateur (ACP et CSF), si elles sont efficaces, peuvent rendre le système bancaire de l’ombre plus petit en taille, mais en mesure de s’acquitter de ses fonctions économiques utiles dans des moyens plus sûrs.
Il annonce également la mise en place de nouveaux outils de surveillance entre superviseurs pour poursuivre ces recommandations.
Le shadow banking n’est pas un substitut au financement traditionnel, et ne mérite pas d’être diabolisé. Ce système parallèle est une source de financement alternative, désintermédiée, et attractive, qui permet de financer l’économie réelle, et donc l’investissement et l’emploi grâce à des investisseurs de long terme (assureurs et mutualistes) et ce en étroite relation avec le système traditionnel (Banques).
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