La variabilité dans les pratiques paysannes n’exclue pas l’existence d’un point commun sur lequel on peut fonder les analyses dont les résultats pourront être généralisés. La caféiculture comme toute autre culture, exige qu’une quantité minimale de facteurs de production autre que la terre (travail et capital) soit déployée dans le processus de production. Partant de cette base commune en caféiculture et utilisant un outil de planification et d’optimisation qu’est la programmation linéaire, il a été trouvé que le caféiculteur peut mieux gérer ces facteurs de production dans un processus de production optimale en jouant sur le paramètre temps. Le facteur travail occupe plus de 60 % dans le système de production. Il s’agit là d’un système intensif en travail. Ainsi notre question de recherche à savoir : « Comment les différents systèmes de production à base de café optimisent-ils les facteurs de production ? » peut donc être reformulée de manière suivante : « Comment les différents systèmes de production à base de café optimisent-ils le facteur travail ? ». Cette optimisation se fait en agissant à la fois sur l’âge de la plantation et sur le facteur travail. La quantité de chaque type de facteurs de production et leurs différentes combinaisons doivent être définies en fonction de l’âge de la plantation. La recherche de l’allocation optimale des facteurs de production à travers la minimisation de coût de production nous a permis de définir des seuils de l’optimisation théorique des facteurs de production pour différents âges de la plantation. Ainsi pour le désherbage, principale opération d’entretien en caféiculture, les seuils suivants sont définis :
3 désherbages sur plantations de 4 à 7 ans,
2 à 3 désherbages sur plantations de 8 à 19 ans,
1 désherbage sur plantations de 20 à 25 ans.
La comparaison de ces seuils aux seuils pratiqués par les paysans révèle que les caféiculteurs sont loin de l’optimum. Plusieurs raisons expliqueraient cet écart observé entre les deux seuils.
Il s’agit soit du manque de moyens pour mobiliser la quantité suffisante et nécessaire des facteurs de production ou soit du fait que le producteur cherche à réduire au plus faible possible son coût de production.
L’analyse de la rentabilité montre que les paysans ne profiteraient réellement de la culture de café si et seulement si la marge brute dégagée sur un hectare de cette culture est supérieure ou égale à 259 160 FCFA. A part le niveau du prix du café, le niveau de production et le coût de production conditionnent la rentabilité de la culture. Le coût de production doit donc être le plus faible possible et le niveau de production le plus élevé possible. A cet effet, un appel à l’endroit du volet vulgarisation s’avère nécessaire afin que ce volet fasse de gros efforts à inculquer aux caféiculteurs l’importance des techniques d’agro-foresteries. Ce volet doit éveiller les caféiculteurs sur certains points, en l’occurrence, la pratique du recépage qui constitue une solution pour pallier à la chute tendancielle des rendements avec le vieillissement du verger. A cet égard il est du devoir des chercheurs d’intensifier leurs travaux de recherche non seulement en station mais également en milieu rural pour éveiller les caféiculteurs sur les biens faits des nouvelles technologies.
Si le prix d’achat constitue l’un des critères de décision de production pour les caféiculteurs, des solutions mutilatrices des producteurs s’avèrent indispensable pour maintenir leurs productions à un niveau acceptable. A cet égard, nous pensons que l’expérience du Kenya sur le classement du café selon la qualité s’avère opportune au Togo où la majorité des producteurs accepterait de mieux entretenir leur plantation afin d’avoir un produit de qualité qui doit coûter un peu plus chère et donc permettrait aux producteurs d’augmenter leurs revenus.
Il apparaît nécessaire d’étendre la présente étude à d’autres zones de production; ceci permettrait d’identifier les différents prix de revient du café afin de les classifier selon leur rentabilité. En fonction de ces constats, on peut savoir si en période de déprime des cours mondiaux et pour un intervalle donné de prix aux producteurs, le café pourra être cultivé, et quelles zones sont plus propices à épauler dans la caféiculture. La comparaison des coûts de production entre différentes zones met en évidence leurs avantages comparatifs et permet ainsi d’analyser l’impact d’une politique de prix des produits ou des facteurs dans chaque zone.