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CONCLUSION

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Aperçus comme un des problèmes majeurs auxquels fait face l’Afrique du XXIème siècle, les conflits armés qui ont puisé leur source dans le mode de vie traditionnel du continent, ont jalonné toute l’histoire du peuple africain à différents degrés. Le présent travail a tenté de traiter cinq points essentiels :

– Les conflits armés en Afrique, conséquence de la colonisation ;
– les conflits armés en Afrique, moyens de lutte pour la libération ;
– les conflits armés en Afrique, témoins de la guerre froide ;
– les conflits armés en Afrique, « instrument de lutte pour la démocratie » ;
– les mobilisations bilatérales et multilatérales pour gérer les conflits armés en Afrique.

Les conflits traditionnels de l’Afrique, menés dans le but d’étendre le pouvoir sur des villages ou groupes de villages à la conquête des pâtures, des terres cultivables, dans le respect des rites et de la tradition, vont être exacerbés par l’arrivée des moyens modernes de la guerre. A cette époque, la guerre qui est un moyen de s’affirmer et d’exprimer sa supériorité par l’occupation des axes économiques, des espaces riches et le développement des activités marchandes ; elle garantit la vie aux femmes, aux enfants, aux animaux, veille à la sécurité des produits agricoles et domestiques de la population.

Cependant, la pénétration des compagnies commerciales occidentales vers le XVIème siècle sur le continent, marquée par le commerce d’hommes, va remettre en cause la cohésion sociale et l’unité du peuple, créant de nouvelles formes de conflits armés dits « guerre esclavagiste ».

La propagation des armes à feu sur le continent pendant cette période, encourage la montée de la violence car, les populations locales sont intéressées par ces nouveaux outils pour se défendre et se faire de la richesse par le commerce des hommes.

Pendant la colonisation, la pression physique et la torture, conséquences de l’institution des travaux forcés pour les cultures de rente, sont nés les sentiments de haine et de révoltes africaines. D’Est en Ouest, du Nord au Sud, le continent africain entre dans des mouvements d’opposition contre les missions coloniales. Les africains sachant que leur territoire, est entrain de passer sous la domination d’ « une autre race », font usage de tous les moyens dont ils disposent pour préserver leur notoriété. Mais la supériorité de l’occident étant pesante, les chefs de guerre africains sont contraints à la défaite, laissant le sort de leur continent à la conférence de Berlin de 1885.

L’héritage de Berlin n’a pas donné que du climat doux aux pays colonisateurs. Après la seconde guerre mondiale, des mouvements de résistance se constituent progressivement sur le continent. En dépit des mesures prises par les pays occidentaux pour prévenir d’éventuels soulèvements au Madagascar et en Algérie, les mouvements revendicatifs de la liberté sont ponctués de violence, et forcent la voie à une indépendance qui va marquer le milieu du XXème siècle avant de s’élargir à l’ensemble du continent africain.

La course à l’hégémonie des blocs Est-Ouest, s’est traduite par un déchirement violent entre les pays africains. Chaque territoire ou région d’Afrique, représente un centre d’intérêts pour les blocs rivaux qui s’affrontent par des moyens militaires interposés. C’est le lieu de relever aussi qu’au lendemain de l’indépendance, le continent africain est devenu en partie, un laboratoire d’expérimentation pour des armes conçues pendant la grande guerre de 39-45, un lieu de prédilection pour écouler les équipements militaires nouvellement fabriqués par les industries occidentales d’armement. Cet enjeu se conforte avec la position des leaders africains qui, après avoir hérité de la colonisation « un territoire pour en faire une nation » n’ont su se mêler dans le jeu géopolitique pour préserver les intérêts de leurs pays et de leurs peuples.

Les populations africaines sont prises dans l’engrenage de la violence et le mode de la guerre, devient l’option principale de ces Etats nouvellement créés. Le besoin en armements supplante les actions de développement ; aux besoins sociaux s’opposent la vision autocratique. Entrant dans un imbroglio de politique qui se mord la queue, les dirigeants africains se consacrent à entretenir une fois encore, des maux, capables de gangréner tout Etat organisé (haine, pauvreté, corruption,….). Les populations déshéritées, affamées, se trouvent en marge des affaires publiques, ruminent la haine et, pour manifester leur colère, elles bondissent sur une occasion, celle que leur offre l’ère de la démocratie.

La fin de la guerre froide, marque le début de la démocratisation en Afrique. Ce vent qui vient souffler sur le continent est censé mettre terme à toutes sortes de crises et d’injustice sociale. Malheureusement, cet espoir entre dans une zone de turbulence qui va marquer tout le processus. S’inspirant de l’expérience des pays occidentaux, les pays africains ouvrent leur période de la démocratie par l’organisation des conférences nationales souveraines (CNS).

Des recommandations, des conclusions qui se comptent par centaines, n’ont pas empêché les conflits armés à surgir sur le continent. Comptant plus de guerres que les autres continents, l’Afrique de 1990 à 2000, développe en cette période de mutation politique, une nouvelle forme de conflit qui se veut interne avec des conséquences désastreuses pour la population et les pays : destructions des infrastructures, de l’environnement, des tissus socio-économiques ; les personnes déplacées se comptent par milliers. Des groupes armés qui combattent le gouvernement central, foisonnent sur le continent et se réclament défenseurs de la démocratie ou de la justice sociale. Un paradoxe à l’africaine, on dispose des armes pour revendiquer la démocratie et l’égalité sociale(245). Cette option tel que l’on observe, n’atteint pas toujours son objectif et finit par faire de l’Afrique un continent sur lequel persiste, l’antagonisme entre le dialogue comme action politique et la violence armée comme solution avérée.

Ces conflits interpellent l’ensemble de la communauté internationale qui s’attèle à œuvrer au côté des africains pour mener les actions visant à prévenir et à gérer ces conflits, considérés comme un des facteurs ralentissant la croissance du continent. La détermination des organisations africaines et celle des pays membres, traduite par des initiatives à créer les mécanismes d’alerte, à développer les instruments de mise en œuvre et les actions pouvant infléchir les tensions ou en empêcher le regain, constitue le tremplin par lequel, la communauté internationale mène le combat de paix et de sécurité en Afrique. De la coopération bilatérale aux interventions multilatérales en passant par les initiatives régionales, les moyens mobilisés tant humains que matériels contribuent efficacement à recréer de l’espoir là où il y a la confusion, à redonner confiance là où il y a le pessimisme. Cette démarche participe à engendrer un nouvel environnement de cohésion, de la réconciliation propice à la reconstruction des pays en conflits, pour un développement durable.

« Que les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent-être élevées les défenses de la paix » (246).

Les démarches menées aux niveaux africain et international, souffrent d’une sorte de combinaisons d’actions d’ordre psychologique et environnemental. La résolution rationnelle des conflits africains ne peut s’écarter de cette option. Outil de survie individuelle et communautaire, le mental de l’homme a besoin d’être enrichi voire alimenté par des éléments qui contribuent à son équilibre psycho-social. En Afrique, il y a besoin sinon nécessité qu’un travail s’établit à ce niveau pour permettre à chacun de retrouver un nouveau cadre de résolution des différends et malentendus sociaux. Cette démarche pourrait se traduire à travers les institutions communales ou communautaires, où pourraient se développer initiation à la vie civique. C’est l’occasion pour un jeune paysan ou d’un jeune en déperdition scolaire, de bénéficier de l’instruction civique ou de renouer avec l’éducation et les cultures de bases en matière des droits de l’homme. Sachant que la majorité des combattants recrutés par les rebellions armées viennent du milieu rural, la promotion des services civiques, des activités de développement communautaire, encouragerait les chômeurs et les paysans jeunes à concentrer tous leurs efforts à exercer une activité pour assurer la survie de leurs familles.

Aujourd’hui, les affrontements armés en Afrique entraînent des souffrances et atrocités du fait des combattants qui utilisent ces conflits comme un moyen pour se faire entendre, prenant en otage les populations civiles. Transgressant les principes des droits de l’homme dans les conflits armés, ils opèrent des attaques expresses, ciblées contre les installations civiles, les infrastructures sociales de base et les personnes innocentes. Les rebelles et leurs leaders pourraient être inquiétés de prime abord par des mécanismes contraignants, avant, pendant et après les conflits. Poursuivre les chefs de guerre et les auteurs de crime de guerre après la fin d’un conflit, est vu par les victimes et leurs proches comme une action tardive de protection des populations civiles.
La communauté africaine apprécie différemment la manière par laquelle la communauté internationale règle un conflit ou protège les populations. Les procédures judiciaires qui s’engagent après les conflits sont beaucoup plus sophistiqués aux yeux d’un africain, habitant un coin éloigné de la Haye ; pour lui c’est une sanction abstraite. La victime d’un conflit armé, impuissant, qui voit les membres de sa famille ou ses biens être décimés, n’apprécie pas toujours bien une mission d’assistance qui arrive après l’orage. Beaucoup de voix se relayent pour dénoncer le manque d’assistance à personne en danger, lorsqu’on sait que les menaces réelles ou futures auraient un impact négatif sur la population(247).

La prolifération des armes légères dans la région, contribue pour sa part à entretenir ces violences d’une atrocité inouïe. Depuis 1990, l’Afrique constitue la plate forme où se croisent toutes sortes d’armes légères ; ceci contribue à renforcer les mouvements rebelles, attise les envies et velléités politiques. Les mesures qui visent à limiter la propagation des armes en Afrique (institution de lutte contre la propagation des armes légères), méritent d’être harmonisées et renforcées pour agir en amont que de réagir en aval.

Même si « la prévention des conflits est l’une des obligations premières des États Membres, énoncées dans la Charte des Nations Unies et les initiatives prises par l’Organisation en la matière doivent être conformes aux buts et principes de cet instrument….. »,(248) la volonté affichée de la communauté internationale à lutter contre les conflits armés en Afrique, se verrait efficace, si au regard des efforts déployés, on accorde un temps d’évaluer les actions menées afin de réajuster les stratégies de mise en œuvre ; Il s’agit de travailler pour prévenir et non d’agir pour guérir. C’est dans cette dynamique que s’ouvre une piste à inscrire sur la liste des mesures existantes : la Stratégie de Sécurité Communautaire (SSC) avec ses quatre composantes :

1– Information Education et Communication sur le civisme, les droits de l’homme, la gouvernance démocratique…
2- Promotion des activités communautaires au service de la population ;
3- Promotion d’emploi d’auto-intégration ;
4- Renforcement de liens entre pouvoir central et les communautés locales en matière de sécurité.

Ces composantes participent à la prévention des conflits par la communauté et pour les communautés. « Ne nous faisons pas d’illusion, les stratégies de prévention ne sont pas faciles à mettre en œuvre. Il faut en payer le coût aujourd’hui alors que les fruits n’en seront cueillis que beaucoup plus tard. », a déclaré Kofi Annan(249), à la Cinquante sixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

245- Dominique BANGOURA, Etat et sécurité en Afrique In : Politique africaine, n°61, mars 1996, p.39-53.
246- Préambule de la Charte de l’UNESCO, – UNESCO 2004- 224 pages, p. 7 – 9
247– Célia VASQUEZ, le génocide rwandais aurait il pu être évité ?, juin 2003, www.irennes.net
248- Nations Unies, Assemblée générale, Conseil de sécurité, rapport du Secrétaire général, A/55/985–S/2001/574, 07 juin 2001, http://www.unpan1.un.org
249- Kofi Annan, diplomate ghanéen, 7ème Secrétaire général des NU, 1er janvier 1997 au 31 décembre 2006. Cf. Le Secrétaire général des Nations Unies et le Secrétariat : une autorité indépendante et une administration active. www.diplomatie.gouv.fr/enjeux-internationaux-onu.

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