Le secteur de la recherche scientifique doit occuper une place de choix dans les priorités de développement du Benin afin de soutenir le développement du pays. Ce qui n’est pas actuellement le cas, vu que la Stratégie nationale Alafia ne lui a d’ailleurs accordé aucune place. La valorisation des résultats de recherche s’impose de fait et l’Université d’Abomey-Calavi demeure l’institution indiquée pour concrétiser ce partenariat connu sous le vocable de Partenariat Public-Privé (PPP) dans le secteur de la recherche scientifique.
Cette réforme qui permettra de réaliser une synergie entre formation, recherche et entreprises, mettra les partenaires concernés par ce processus devant des interactions offre/demande-offre de la recherche académique et demande du monde socio-économique.
Elle permettra ainsi à l’Université d’Abomey- Calavi de jouer pleinement son troisième rôle : l’appui au développement. La valorisation n’est pas, certes, un processus automatique. Mais, elle doit être organisée et faire l’objet de politiques et d’actions concertées et préméditées.
C’est cette prise de conscience et cette volonté politique qui ont permis de contribuer efficacement au développement des pays du Maghreb et des pays anglophones du continent africain comme la Tunisie, le Maroc, le Nigeria, le Kenya, le Ghana, l’Afrique du Sud etc. qui ont su créer la liaison entre Entreprises et Recherche scientifique. Cela a permis au secteur de la recherche de ces pays de connaitre, durant ces dernières années, une évolution importante, tant au niveau des structures, que des programmes et des objectifs : diversification des activités productives, renforcement de la compétitivité des entreprises, innovations sociales, apparition de technopoles, mise en place d’une économie nouvelle et création de meilleures opportunités pour l’emploi et l’adhésion à l’économie internationale…
Aujourd’hui, aux côtés des Pays développés qui ont institutionnalisé depuis des lustres ce mariage entre recherche scientifique et acteurs socio-économiques, – et des pays africains du Magrheb et de l’Afrique Anglophone qui leur ont emboité les pays,- le Bénin et l’Afrique francophone doivent prendre le train en marche.
Le Burkina-Fâso à travers un programme pluri annuel (2007- 2009-2012) « MESSRS/CRDI Valorisation des résultats et des innovations » est en train d’expérimenter actuellement une telle expérience. L’adoption d’une stratégie de communication s’est révélée une priorité dans l’atteinte des objectifs de cette politique nationale.
Le programme du Burkina Faso est une première en Afrique francophone. Il implique les chercheurs, innovateurs, décideurs, banques, entreprises, communicateurs, medias, ONG, partenaires financiers et techniques…. Il est mis en place par le CRDI et se veut un test pilote dont la mise en place et le succès devraient inspirer d’autres pays et d’autres partenaires techniques et financiers. Cependant, pour la mise en place d’une politique de valorisation, il faut nécessairement une bonne stratégie de communication pour dynamiser cette politique et lui faire connaître un succès.
Par le présent travail, la problématique sur la question a été soulevée et un essai d’élaboration d’une stratégie de communication a été mis en place pour les recherches en agronomie de l’UAC, dans une approche de Communication – Marketing ; tout cela en l’absence d’une politique nationale de valorisation des recherches et d’une agence nationale dans ce secteur(26). La difficulté du travail se comprend aisément, vu qu’il est une première sur le sujet au Bénin.
Il serait bien indiqué que les perspectives futures de recherche puissent s’appesantir sur la prise en compte de tous les résultats de recherche à l’UAC par la stratégie de communication, tout comme des théoriciens de la communication pourraient faire des recherches sur ce nouveau type de produit que constitue les « résultats de recherche » dans une stratégie de marketing et de communication.
En ce qui concerne la stratégie de communication mise en place par cette étude, elle privilégie la communication – mix et le positionnement de l’Université d’Abomey-Calavi comme l’acteur majeur et interlocuteur direct des utilisateurs de résultats de recherche et des innovations en agronomie (URRIS) que sont les Responsables d’entreprises et les Producteurs du secteur de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage, de l’agroalimentation, des Cadres de l’administration publique, privée et d’ ONG.
Cette étude a par ailleurs révélé, d’une part, les atouts dont dispose l’UAC en matière d’innovations scientifiques dans le domaine agronomique. D’autre part, elle a révélé les obstacles à la valorisation à l’UAC que sont la faible adaptation des contenus, supports et approches de communication des chercheurs et de l’UAC aux cibles ainsi que les attentes des cibles bénéficiaires des résultats de recherche.
Les moyens medias et hors medias à mettre en œuvre pour une communion et une communication efficaces entre chercheurs et acteurs socio-économiques (Entreprises, ONG, Administrations, Grand public…) sont définis dans ce plan de communication. Pour être efficace, il doit s’intégrer dans une stratégie globale de valorisation au niveau universitaire et national. L’accompagnement d’une volonté politique s’impose et passe par la nécessaire création d’une Agence Nationale de Valorisation de la Recherche et la mise en place de moyens et mécanismes juridiques (lois et décrets), logistiques, financiers et humains Ce qui fait forcement du Gouvernement béninois un acteur majeur de cette réforme.
Cette nécessité, bon nombre de pays s’y attèlent en prévoyant dans leur réglementation que les universités soient administrées par de conseils d’administration dans lesquels doivent figurent de personnalités représentant le monde du travail et de l’économie pour une coopération plus intégrée et plus active entre ces deux mondes.
Le présent plan de communication, au niveau de l’Université d’Abomey-Calavi pourrait bénéficier d’une appropriation générale pour une intégration dans une stratégie globale Maison. Il peut recevoir des observations et des modifications pour son amélioration par des réflexions plus élargies et plus participatives au niveau national.
Les partenaires techniques et financiers sont sollicités pour appuyer cette stratégie et cette politique ainsi que les actions des chercheurs en aval, dans les projets de recherche, pour une exploitation socioéconomique des résultats.
Mais, avant tout, il revient au chercheur de mettre en valeur son invention avant son accompagnement par les pouvoirs publics. Et comme le disait un Ministre sénégalais de l’Agriculture : “Pour nous décideurs, la recherche n’a de sens que quand elle est mise en œuvre” … Il faut qu’il y ait une mutation du chercheur(27).
26 Les dernières informations recueillies auprès de la Direction nationale de la recherche scientifique et technique (DNRST) indiquent que les documents officiels pour la création d’une telle agence sont prêts. Le retard de son installation est dû aux problèmes de moyens. En prélude à cette initiative, cette direction a organisé le 06 septembre 2011 à l’INFOSEC de Cotonou, une journée d’échanges sur le thème « Problématique du partenariat public-privé dans le secteur de la recherche scientifique et technique et de l’innovation technologique ». La journée a abouti à la mise en place d’une plateforme « secteur privé et chercheurs », qui est en structuration pour une composition représentative.
27 Habib Sy, Ministre sénégalais de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Hydraulique in journal Wal Fadrjri (Sénégal) du Jeudi 1er Juillet 2004