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CONCLUSION

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Nous avons tenté au travers de cette étude de répondre à l’hypothèse selon laquelle la conciliation entre sécurité et ambiance représente aujourd’hui l’un des enjeux majeurs du football européen, et français en particulier. Plus précisément, nous estimons que l’exigence de sécurité transforme les rapports sociaux entre les spectateurs présents dans les enceintes sportives et le rapport au spectacle (il est plus passif et consumériste) et, par conséquence, « l’ambiance » dans les tribunes. Pour ce faire, nous avons choisi comme terrain d’enquête le Paris-Saint-Germain qui, depuis mai 2010, a mis en place le plan « Tous PSG » pour tenter de mettre fin à la violence des supporters. Et nous avons investi ce terrain au moyen de deux méthodes qualitatives d’enquête : l’observation directe et les entretiens semi-directifs.

Suite à de nombreux incidents et surtout la mort d’un de ses supporter en mars 2010, les dirigeants du PSG se devaient de réagir. Ils ont donc mis en place, comme nous l’avons vu, le plan « Tous PSG », en supprimant les abonnements dans les virages et quarts de virages et en rendant désormais ces derniers aléatoires et limités à cinq. Ce plan a cassé toutes les dynamiques de groupes à l’intérieur du Parc des princes, a « détruit toute la fraternité », comme le disait Antoine Lech. Et même si de nouvelles associations sont autorisées, les anciens abonnés les considèrent comme trop réglementées et refusent de signer la charte 12.

Ainsi le rapport entre les supporters a été complétement individualisé, ceux qui viennent actuellement au stade sont là surtout pour voir du beau jeu, et non pas pour l’ambiance, et ils vont généralement voir un match par petit groupes (3 à 4 personnes, le plus souvent). Il n’y a donc plus de groupes, plus de rassemblements collectifs au Parc des Princes aujourd’hui. De plus, un des autres objectifs du plan Leproux est d’attirer un public plus familial. Ce public semble plus passif et plus consommateur. L’idéal de Robin Leproux, qui était d’éradiquer la violence à l’intérieur du stade, tout en attirant un nouveau public et en gardant ses supporters historiques n’est donc pas atteint à l’heure actuelle.

Au terme de cette étude, il nous semble possible de confirmer notre hypothèse et d’affirmer que l’exigence de sécurité altère l’ambiance dans les tribunes. Le PSG pourra-t-il se passer éternellement de ses supporters « historiques » et de l’ambiance qu’ils avaient réussi à créer ? La production de l’ambiance dans le stade reviendra-t-elle finalement au club lui-même, orchestrant dès lors les chants, les animations, sollicitant peut-être des sociétés privées ? Il sera intéressant dans les mois et les années à venir de voir comment la situation va évoluer au PSG, mais pas seulement, car la violence des supporters concerne également d’autres clubs français. Si, en l’état actuel des choses, la conciliation entre sécurité et ambiance n’est pas possible, peut-être existe-t-il des solutions. Les supporters sont les premiers à répondre à cette question par l’affirmative et proposent régulièrement de nouveaux plans d’actions à la direction du PSG. Il serait intéressant aussi d’étudier l’exemple de l’Allemagne qui, pour lutter contre le hooliganisme, a proposé « une démarche appuyant une vision de l’ordre des tribunes qui met à distance aussi bien le tout répressif que les lois du marché et qui préfigure une politique de désescalade »(63). Certes, le hooliganisme n’a pas été éradiqué en Allemagne, mais les violences et le racisme sont nettement moins problématiques aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Et l’ambiance dans les stades allemands est considérée par de nombreux supporters comme une des meilleures d’Europe.

63 Voir, pour plus de détails : N. Hourcade, L. Lestrelin, P. Mignon, op. cit., p. 69-77.

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