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Conclusion

Retournons à notre question initiale formulée en introduction de ce mémoire : pour quelles raisons les parents anglophones de Montréal choisissentPils l’immersion ?

Pour y répondre, nous avons choisi de nous servir d’un outil conceptuel puissant qu’est la théorie des représentations sociales afin de dégager les politiques linguistiques familiales mises en œuvre par les parents d’élèves inscrits en immersion française. Ce choix théorique a profondément marqué par une approche qualitative la méthodologie de mon travail de recherche. J’ai ainsi investi mon propre milieu professionnel par l’intermédiaire d’entretiens limités en nombre, mais dont le corpus obtenu m’a permis d’extraire le savoir commun et partagé par les parents d’élèves, c’est-à-dire leurs représentations sociales, selon un ensemble de sujets répondant possiblement à ma problématique. Mes hypothèses de départ se sont affinées au cours de ce travail et ont pu être validées grâce à un travail d’analyse scientifique. Cela nous permet d’affirmer que les parents anglophones de Montréal inscrivent leurs enfants en immersion, car ce programme répond à leurs politiques familiales linguistiques. Nous avons montré que celles-ci correspondent à une transmission de valeurs culturelles dont Montréal représente le territoire de prédilection et dont le bilinguisme est une valeur centrale.

Quelles perspectives pourrions-nous envisager à la suite de cette étude ? En partant d’un questionnement similaire à celui qui a initié la problématique notre recherche, nous aimerions le déplacer pour nous intéresser à d’autres populations.

Tout d’abord, alors que nous nous intéressions aux parents anglophones de Montréal qui inscrivent leurs enfants en immersion, nous nous sommes rendu compte que ceux-ci ne pouvaient s’appréhender comme des québécois. Ils se disent avant tout Montréalais. qu’en est-il des 25 % des anglophones du Québec vivant hors de cette grande métropole(74) ? Il serait intéressant de connaitre leur point de vue sur la culture Québécoise et la ville de Montréal. Ont-ils justement choisi d’éviter Montréal ? S’identifient-ils davantage à la culture Québécoise ? Plus généralement, comment leur lieu de vie, leur environnement, influe-t-il sur leur système de valeurs ? Et concernant l’éducation de leurs enfants, quelles sont leurs politiques linguistiques familiales ? Une rapide recherche nous permet de constater que le programme en immersion n’est pas proposé en dehors de la région métropolitaine de Montréal. Les aménagements scolaires des régions éloignées répondent-ils aux attentes des parents d’élèves anglophones ? Ces questions pourraient être l’objet d’une enquête qualitative auprès de la population anglophone des régions rurales du Québec. Par ailleurs, en plus d’investir d’autres territoires du Québec, nous pourrions nous adresser à d’autres populations comme celle des autochtones(75) au sujet desquelles nous pourrions aborder un questionnement similaire à partir de leur propre origine culturelle.

La deuxième ouverture à cette recherche concernerait davantage les élèves eux-mêmes à travers leurs attitudes. Sans entrer dans les détails d’une nouvelle notion théorique, disons simplement que les comportements engendrés par les représentations peuvent prendre la forme d’attitudes, positives ou négatives, envers certains objets sociaux. Nous avons en effet constaté que l’ingérence des enfants dans la politique familiale linguistique mise en œuvre par le processus de double médiation était relativement déséquilibrée en ce qui concerne les familles anglophones de Montréal où la communication demeure globalement en anglais. Pour quelles raisons les enfants n’apportent-ils pas le français à la maison ? Nous avons abordé cette question du point de vue des parents en soulignant dans leur discours ce paradoxe qui consiste à transmettre les valeurs du bilinguisme à leurs enfants tout en privilégiant une communication familiale en anglais. En donnant la parole aux enfants, nous pourrions nous interroger sur leur véritable rôle dans la politique familiale linguistique des familles anglophones de Montréal. C’est en nous intéressant à leurs représentations sociales envers la culture Québécoise, les langues et leur apprentissage que nous pourrions mieux comprendre leurs attitudes. Le phénomène de double médiation est-il réellement négligeable comme nous l’avons dit ? Ou pourrions-nous faire référence à un nouveau processus qu’il nous faudrait définir ?

Il serait par la même occasion pertinent de constater les liens éventuels entre les représentations sociales des parents que nous nous sommes efforcés de mettre en évidence ici et ceux des enfants. Cela reviendrait à confirmer la nature indépendante de ces représentations et leur principe de circulation entre les individus. Mais comment cette circulation s’établit-elle dans le rapport d’autorité parents-enfants ? Est-ce une circulation en sens unique ? En définitive, quelle est véritablement la contribution des enfants dans la politique linguistique des familles anglophones montréalaises ?

Finalement, le sujet de ce mémoire et les perspectives que nous venons d’envisager s’inscrivent dans une problématique plus générale qui s’attacherait à étudier les évolutions des pratiques langagières des anglophones, des allophones et des autochtones du Québec à travers la notion des politiques linguistiques familiales.

74 Rappelons que Montréal abrite 75 % de la population anglophone du Québec.
75 Amérindiens et Inuits

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