Au terme de ce travail il s’avère impératif pour nous de réinscrire les observations, les analyses et les résultats obtenus dans la réflexion plus générale développée dans ce mémoire en réponse aux préoccupations du Programme de Recherche Interdisciplinaire Ville et Environnement (PIRVE). Concernant notamment les objectifs et les instruments d’action visant l’intégration de ces préoccupations environnementales et de développement durable dans les politiques urbaines locales.
Auparavant, il s’avère utile de rappeler les principaux risques naturels qui menacent la durabilité de la ville de douala. En effet, les inondations, les glissements de terrain, le ravinement et l’érosion des sols sont les principaux risques naturels dans la ville. S’il est admis qu’ils sont liés aux facteurs géographiques de vulnérabilité, y compris le contexte actuel de changements climatiques, une réserve mérite d’être faite en ce sens où ces facteurs ne sont pas les seuls à mettre en cause dans la compréhension de la vulnérabilité de la ville aux risques naturels. Mais aussi et surtout les effets induits des actions anthropiques. La démographie urbaine galopante, couplée à l’amphibologie du système foncier et les divers aménagements inconséquents qui en résultent du fait de l’absence d’outil de gestion planifiée de l’espace bâti ou à bâtir dans un contexte de pauvreté sont autant d’éléments à mettre en cause.
L’évaluation de la vulnérabilité urbaine révèle que les services urbains en réseaux, de même que les enjeux économiques et le système d’assainissement subissent des conséquences importantes à prendre en compte dans les plans de développement urbain. Cependant, la vulnérabilité humaine et les dommages aux infrastructures sont importants et devraient constituer une priorité pour l’action. Il convient de souligner qu’il s’agit d’un choix simpliste de la portée réelle des dommages, simplement parce que la vulnérabilité des éléments exposés peut se reportée dans le temps. Il est dans ce cas question des coûts indirects et des effets intangibles d’ordre sanitaires (maladies infectieuses, épidémies), sociaux (accès aux besoins essentiels, moyens d’existence, troubles post-traumatiques) ou sur le patrimoine en tant que ville historique.
Ces derniers effets constituent les principales insuffisances d’informations et constituent la partie noyée de l’iceberg que constitue la vulnérabilité urbaine. Mais alors, il n’en demeure pas moins important de désormais considérer et évaluer ces chaînons manquant comme aspiration à une compréhension syncrétique de la vulnérabilité urbaine de la ville aux risques naturels.
L’exacerbation des vulnérabilités territoriales à divers risques parmi lesquels les risques naturels tant à l’échelle nationale que locale durant la période de 1995 à 2001 a conduit à la modification de la perception de la vulnérabilité des territoires par dirigeants nationaux et locaux. D’où la mise sur pied d’un cadre légal pour régir la gestion des risques, notamment par le renforcement de la législation en la matière par le décret N°98/031 du 9 Mars 1998 portant organisation des plans d’urgences et de secours en cas de catastrophe ou de risque majeur qui permet de définir les contours de la notion de plan d’urgence, de fixer les modalités de fonctionnement des Comités de crise et même de régir le financement de ces plans d’urgences.
En renfort de la Loi N°86/16 de Décembre 1986, considéré comme texte de base définissant le cadre juridique dans lequel s’inscrivent toutes les actions de préventions et de gestion des situations de crise. La création d’une Commission d’Agrément des Plans d’Urgence (CAPU) sous les auspices du Ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique, et depuis 2003 la création de l’observatoire National des Risques (ONR).
Plus récemment encore, la publication dans un communiqué officiel par le MINATD(38) de la mise en place d’un plan de prévention incluant l’activation d’une Cellule de veille permanente auprès de tous les Préfets et de tous les Gouverneurs de Région, et le lancement de l’initiative ECU/ICE (En cas d’urgence/In case of emergency) dans le but de renforcer l’efficacité de la prise en charge des personnes en détresse. Au plan de la préparation, la formation et l’organisation d’un forum national des municipalités pour la gestion multirisque locale des situations de crise. Enfin, au plan de la réponse, de la couverture des risques, de la coopération internationale et de prospective, on note la révision et la finalisation du Plan National de Contingence en partenariat avec l’UNICEF, la mise en place d’une plate forme nationale de réduction des risques de catastrophes, le déclenchement en Octobre 2010 d’une campagne biennale sous l’égide de ONU/SIPC intitulée: « Rendre les cités résilientes aux catastrophes, la mienne se prépare. » et la tenue en septembre 2010 à Yaoundé d’un atelier UNDAC (United Nations Disaster Assessment and Coordination) coparrainé par l’ONU et la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale), destinée à renforcer les capacités des partenaires de la Protection Civile dans les dix Etats de la CEEAC.
A l’échelle locale, la prise en compte des préoccupations environnementales et de développement durable dans les politiques urbaines s’est matérialisée par l’introduction d’engagements nouveaux qui se veulent révolutionnaires dans la démarche de développement urbain durable. A travers la création de structures (l’Atelier d’Urbanisme de Douala (AUD) en 2005, en 2007 la Direction des Études, de la Planification Urbaine et du Développement Durable (DEPUDD), puis en 2008 la Direction de l’Atelier d’Urbanisme de Douala) et de postes de responsabilité pour la mise sur pied d’un plan d’action. C’est dans cette logique que la Communauté urbaine de Douala à démarrée en Septembre 2000 le processus d’élaboration de son Agenda 21 local en tant que maillon clé de la City Developpement Strategy (CDS) compris comme la Stratégie de Développement de la Ville de Douala et de son aire Métropolitaine à l’horizon 2025.
D’une part, bien que l’on se soit doté tant à l’échelle nationale que locale d’une ossature institutionnelle marquée par l’édiction de quelques textes législatifs et réglementaires, de structures et des postes de responsabilités, les vulnérabilités territoriales face aux risques naturels n’ont pas jusque là fait l’objet d’une analyse spécifique poussée. Il est nécessaire pour la ville de Douala de procédé à une analyse plus poussée de la vulnérabilité aux risques naturels de sorte que les facteurs de vulnérabilité soient clairement identifiés par rapport aux différents espaces (quartiers) du territoire. Dans le but de dresser une cartographie de la vulnérabilité qui couplera les divers facteurs de vulnérabilité afin d’identifier les espaces du territoire susceptibles d’être plus ou moins durement frappés par la survenance d’un phénomène dommageable. Ceci permettra à coup sûr de planifier de manière ciblée les plans de prévention et de réponse donc la résilience. Cet aspect constituera d’ailleurs l’un des axes majeurs de nos travaux de recherche ultérieurs. Car cette défaillance constitue à notre sens les facteurs possibles d’échec au plan d’action, d’autant plus que le risque que l’on court est de tomber dans la mauvaise définition et choix des domaines d’intervention des projets prioritaires.
D’autre part, l’évaluation du degré de participation des acteurs locaux révèle que le niveau de démocratie participative y est très faible car la structure et le fonctionnement de la gouvernance locale, marquée par une concentration de pouvoir par les responsables locaux nommés, l’ambiguïté des textes réglementaires et le chevauchement de compétences qui en résulte renseigne sur le fait que la gestion local des risques naturels est faible, floue et embryonnaire. Ceci est d’autant plus pertinent que la ville tarde à avoir un système de protection civile pertinent. Pour une meilleure définition des stratégies, un dialogue plus ouvert, ainsi qu’une coopération renforcée est nécessaire entre les deux catégories d’acteurs présents sur la scène décisionnelle locale. Il serait mieux pour les dirigeants locaux nommés d’ouvrir la scène de la prise de décision et d’action aux élus locaux plus pétris des réalités locales de leurs collectivités et par conséquent à même de contribuer à la définition des projets prioritaires. Ceci sans faire fi du rôle incontournable des populations locales en tant que parties prenantes et bénéficiaires finaux de toutes les stratégies adoptées, tel que le prescrit le principe de décentralisation actuellement en marche dans le pays.
38 Voire Annexe 8